les autres portes-fenêtres donnant sur la chambre de Damon. Ce qu'elle y vit alors lui déchira le cÅur.
Damon claqua la porte de sa chambre et déchira sa chemise noire avant de la jeter à travers la pièce. Plusieurs balles qui s'étaient retrouvées prises dans la chemise heurtèrent le sol et les murs pendant le processus. Son corps les avait systématiquement rejetées de sa chair en un effort pour se guérir lui-même. Il inspira profondément avant de baisser les yeux sur les parties perforées et sanglantes de son corps, saisi de dégoût et de douleur. C'était les balles qui continuaient d'être éjectées qui empêchaient ses blessures de se refermer.
Voyant qu'une balle était à demi fichée dans sa poitrine, il en extrada le reste. Il s'agrippa à la colonne du lit si fort de son autre main que le bois commença à se fendiller et à craquer. S'il n'avait pas bu le sang de ce loup-garou un peu plus tôt, il serait déjà à genoux en train de hurler au meurtre à cette heure. En fait, il ne serait peut-être même pas sorti de cette demeure.
Le sang d'un être surnaturel possédait bien plus de force et d'énergie qu'un sang humain, mais il était évident que s'il voulait guérir plus vite, il lui faudrait trouver bien plus de sang. Personne ne l'avait jamais reconnu pour sa patience.
Avec un grognement, Damon laissa glisser d'entre ses doigts la balle qu'il venait de retirer et se dirigea vers le placard pour en sortir une autre chemise. Tout ce qu'il y trouva fut quelques chandails⦠il en retira un de couleur noire de son cintre et l'enfila avant de se diriger vers les portes du balcon.
Alicia avait mis sa main sur sa bouche, pour éviter au cri qui montait en elle de jaillir, quand elle découvrit toutes les blessures sur la poitrine de Damon. Certaines de ses blessures par balle continuaient de saigner et d'autres sortaient de sa chair toutes seules. Pas étonnant qu'il ait grimacé de douleur quand elle l'avait frappé. Elle sentit un éclair de douleur traverser sa propre poitrine. Comment avait-elle pu se montrer si cruelle ?
Elle commença d'ouvrir la porte mais se figea lorsque Damon se retourna et sortit un pull du placard avant de l'enfiler sans cérémonie. Elle eut vraiment envie de pleurer quand elle aperçut son dos ensanglanté, qui était en bien plus piteux état que son torse. Combien de fois l'avait-elle frappé sur le dos avant qu'ils n'arrivent jusqu'à sa chambre ? Alicia sentit ses genoux se dérober sous elle à cette pensée.
Quand il s'approcha des portes-fenêtres, elle glissa rapidement sur le côté et pivota, s'adossant au mur de briques entre les deux portes vitrées. Portant la main à sa propre poitrine qui, elle, ne portait aucune blessure, elle retint son souffle et pria pour qu'il ne sorte pas sur le balcon pour la surprendre à l'espionner.
Elle passa de la panique à la souffrance... puis à la colère et à la confusion. Damon lui avait menti au manoir du loup-garou⦠tout ce sang n'avait jamais été que le sien. Pourquoi ferait-il une chose pareille ? Pourquoi la protégerait-il pour ensuite ne pas lui dire qu'il était blessé ? Il aurait pu se faire tuer... et dans quel but ? Pour la sauver ?
Alicia écarquilla les yeux lorsque les portes du balcon s'ouvrirent tout à coup, et Damon bondit sur la rambarde massive de la terrasse qui donnait sur la rue en bas. Il s'y tint en équilibre mais, avant de prendre la tangente, il sentit sa présence derrière lui. Il pouvait percevoir toutes ces émotions émanant de l'aura de la jeune femme et poussa un soupir... il se sentait fatigué, blessé et guère désireux de se battre avec elle cette nuit.
« Michael a effacé leurs souvenirs concernant ta présence au domaine cette nuit. Si tu retournes voir Micah avant qu'ils ne t'aient appelée... tu vas détruire tout ce qu'il a fait pour t'aider. Si tu ne restes pas ici pour moi⦠fais-le au moins pour Michael. »
Sur ces mots, Damon se laissa tomber du balcon et atterrit sur la pelouse en-dessous.
Alicia laissa échapper un hoquet de stupeur et se rua vers la rampe de pierre, baissant les yeux sur sa silhouette qui se laissait chuter au hasard sur la terre ferme. Elle écarquilla les yeux puis s'agrippa à la rambarde en réalisant soudain que ce saut à l'aveuglette de Damon ne l'était pas autant qu'elle le pensait. Il tendit les bras, ce qui laissait penser qu'il attirait à lui les ténèbres environnantes, s'en revêtant comme d'une cape... puis il disparut avant de toucher le sol.
Alicia le chercha dans la pénombre, prête à saisir le moment où elle le distinguerait, mais il n'y avait plus rien à voir... pas même un bruit de pas. Elle se sentait désolée pour lui et pour la douleur qu'il s'était infligée en son nom, ce soir.
Elle referma ses bras autour de son corps, se sentant soudain plus seule que ce qu'elle avait prévu et regrettant désespérément son départ. Elle ressentait le besoin de lui dire à quel point elle était désolée... elle voulait le remercier et le frapper fort encore pour ne pas lui avoir parlé de ses blessures. Où allait-il ainsi ? Que faisaient les vampires lorsqu'ils étaient blessés ?
Il désirait qu'elle reste et fasse ce que Michael lui avait demandé. Avec un soupir, elle décida d'obéir pour une fois... mais elle ne le ferait pas pour Michael.
En s'éloignant du balcon, Alicia retourna dans sa chambre et s'assit sur le lit. Elle fixa le téléphone quelques instants, se demandant ce qu'elle ferait s'il se mettait à sonner. Devrait-elle répondre ? Et si ce n'était pas Michael ? Et s'il s'agissait de Warren ou de Quinn appelant Michael et qu'elle décrochait ?
Damon avait raison... elle leur devait suffisamment à tous deux pour faire au moins l'effort de patienter jusqu'au matin avant de prendre la moindre décision ou de faire quelque chose qu'elle n'était pas censée faire. Elle se souvint du ton employé par Michael en ordonnant à Damon de la ramener chez eux. Personne n'avait souhaité sa présence ici cette nuit, excepté Damon, peut-être... autre raison pour laquelle elle était reconnaissante envers ce dernier.
Pour faire passer le temps, elle se leva et revêtit une chemise de nuit légère. Repoussant les couvertures sur le lit, elle s'allongea et essaya de dormir. Elle ne tarda pas à avoir chaud même en ayant laissé ouvertes les portes du balcon qui laissaient entrer la brise fraîche de la nuit. Pendant presque une heure entière, elle se tourna et se retourna dans le lit avant d'essuyer son front moite de transpiration de la main.
Sa peau était plus chaude qu'elle n'aurait dû l'être alors elle rejeta les couvertures en une nouvelle tentative pour se rafraîchir. Frustrée, elle arrangea les couvertures de façon à en faire un grand oreiller pour son corps puis roula sur le côté, avant de le serrer contre elle et de lever une jambe par-dessus. Elle commença à se frotter contre l'amas de couvertures, appréciant la sensation naissante entre ses cuisses, puis l'étreignit encore plus fort.
Alicia ouvrit soudain les yeux, reconnaissant dans ces sensations les symptômes d'un état bien particulier. Elle avait lu sur le sujet et même vue l'une de ses amies à l'école traverser cette phase.
« Non⦠murmura-t-elle, paniquant à cette simple pensée. Par pitié, faites que je ne sois pas en chaleur. »
*****
Damon se précipita dans les ténèbres, à travers la ville, se dirigeant vers les plus sombres cloaques à la recherche de quelque chose ou quelqu'un pour apaiser sa soif de meurtre. Il tenta de ne pas penser à Alicia mais il lui semblait qu'à chaque minute passée en sa compagnie, il l'avait de plus en plus dans la peau. Ce qu'il y avait de plus étrange là -dedans... c'était qu'il aimait qu'elle soit là .
Il avait construit toute sa vie autour d'un sentiment de détachement et d'indifférence totale pour tout... ou pour quelqu'un. Il s'était également enorgueilli de s'être fait une règle de prendre ce qu'il voulait. Il la voulait, elle, et aussi