Lambert Timothy James

Le Cahier Gnostique : Tome Un


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du tout. En fait, je suis presque certain d’avoir découvert quelque chose de très important. Cependant, pour autant que soit doté le cerveau humain pour trouver un sens au milieu du bruit, et étant donné que je n’ai pas été en mesure de trouver la bonne revue académique dans laquelle publier mes résultats, je n’ai pas grand-chose à ajouter au-delà de ma propre capacité limitée à séparer ce qui est significatif de ce qui ne l’est pas.

      Quoi qu’il en soit, j’ai décidé de rassembler toutes mes recherches et de les consigner dans ce cahier afin que d’autres puissent vérifier mon raisonnement et examiner mes constatations pour déterminer si j’ai effectivement découvert quelque chose d’intéressant. Si ce n’est pas le cas, ce cahier pourrait servir d’avertissement ou d’exemple à éviter quand on fait ce genre de recherche.

      Les deux significations du mot « gnostique »

      Il peut y avoir une certaine confusion autour de mon utilisation du mot « gnostique » dans le titre de cet ouvrage. Le mot a deux définitions de base.

      La première définition concerne le mot en tant qu’adjectif. Dans ce cas, la définition est : qui se rapporte à la connaissance, en particulier la connaissance mystique ésotérique.

      La deuxième définition correspond au substantif, auquel cas la définition est : un adhérent du gnosticisme. Le gnosticisme était un mouvement de l’Église chrétienne du IIe siècle qui soutenait que le monde avait été créé par un créateur ignorant, le démiurge. Le vrai Dieu, qui existait en dehors de cette création imparfaite, donna à Jésus la connaissance secrète nécessaire pour s’en échapper et l’envoya comme un émissaire aux esprits perdus pris au piège dans ce monde.

      Il y avait deux principales souches à la pensée gnostique : l’école de Jean et l’école de Thomas. L’école de Jean correspond à la deuxième définition du mot « gnostique » mentionnée plus haut. Il se préoccupait de la nature du démiurge et de l’évasion du monde imparfait qu’il avait créé. L’école de Thomas s’intéressait plutôt à ce qui découle de la première définition du mot « gnostique » : la connaissance, et en particulier la connaissance ésotérique.

      L’école de Jean racontait cette histoire, cette réinvention du mythe de la création, qui offrait une nouvelle perspective sur les anciens contes bibliques commençant par Adam dans le jardin d’Éden. L’école de Thomas était assez différente ; proverbes énigmatiques et contes, rébus ou énigmes sans solutions apparentes.

      Donc, « gnostique » au sens johannique du terme signifie qu’il y a une explication alternative secrète derrière le récit biblique et que ce secret est alors révélé. Dans la tradition de l’école de Thomas, « gnostique » prend un autre sens. Il se réfère à des paroles mystérieuses et opaques qui n’ont pas de significations claires et évidentes.

      Une hypothèse courante repose sur l’idée que les questions et les énigmes soulevées par la tradition de l’école de Thomas trouvent leur réponse dans la tradition johannique. Mes études m’ont amené à une autre conclusion.

      Il nous faut d’abord déterminer la nature précise des textes de Thomas.

      L’Évangile de Thomas commence ainsi : « Et il (Jésus) a dit : “Celui qui trouvera l’interprétation de ces paroles ne goûtera pas la mort.” »

      Ce passage nous indique que ces paroles ont des significations cachées qu’il faut découvrir.

      Cette série de livres est centrée sur mes tentatives de décrypter les significations cachées contenues dans les textes de Thomas. Cependant, plutôt que de commencer par des textes religieux aussi controversés, nous allons plutôt examiner plusieurs contes des frères Grimm qui semblent contenir des informations codées.

      Un tel examen doit d’abord déterminer comment l’information se cache dans un texte.

      Les systèmes de mémorisation

      Un simple système de mémorisation

      Par où commencer ? J’ai toujours été intéressé par différents systèmes. Par exemple, j’ai examiné diverses méthodes pour développer une mémoire plus puissante. Ces techniques de renforcement de la mémoire sont très variées, mais elles partagent toutes une technique commune. Cette technique consiste à créer une image encodée avec les différents éléments que vous souhaitez mémoriser. Le système d’encodage exact varie d’un système à l’autre. Dans l’un des systèmes les plus simples décrits par Derren Brown dans son livre Tricks of the Mind (2006), il utilise des images qui riment avec les nombres de un à dix.

      Ce système est utile si vous voulez mémoriser une série d’éléments numérotés. Par exemple, supposons que le cinquième mot sur la liste est « lapin », vous créerez alors une image incorporant un lapin avec l’image qui rime avec le chiffre cinq. Par exemple, « zinc ».

      Voici la clef du succès pour tout système de mémorisation. L’image que vous créez doit être frappante, voire comique. Mon image est celle d’un lapin volant grâce à ses grandes oreilles et atterrissant sur un comptoir de bar en zinc. Je pense que là, c’est assez facile à mémoriser.

      Manteaux pourpres, couronnes, et tache de sang

      Mon intention n’est pas de vous enseigner, à vous, lecteurs, comment développer une super-mémoire, donc je n’irai pas plus avant sur le sujet des différentes méthodes employées. Ce sur quoi je veux attirer votre attention, c’est un extrait du premier ouvrage connu de rhétorique en latin, datant des années 90 avant J.-C. La Rhétorique à Herennius (Rhetorica ad Herennium) contient les instructions suivantes concernant la création d’images mnémoniques :

      Les images devront donc être choisies dans le genre qui peut rester le plus longtemps gravé dans la mémoire. Ce sera le cas, si nous établissons des similitudes aussi frappantes que possible ; si nous prenons des images qui ne sont ni nombreuses ni floues, mais qui ont une valeur ; si nous leur attribuons une beauté exceptionnelle ou une insigne laideur ; si nous ornons certaines, pour ainsi dire de couronnes ou d’une robe de pourpre, pour que nous reconnaissions plus facilement la ressemblance, ou si nous les enlaidissons de quelque manière, en nous représentant telle d’entre elles sanglante, couverte de boue, ou enduite de vermillon, pour que la forme nous frappe davantage, ou encore en attribuant à certaines images quelque chose qui soulève le rire : car c’est