Морган Райс

Le Poids de l’Honneur


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      Copyright © 2015 par Morgan Rice

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      Il s'agit d'une œuvre de fiction. Les noms, les personnages, les entreprises, les organisations, les lieux, les événements et les incidents sont le fruit de l'imagination de l'auteur ou sont utilisés dans un but fictionnel. Toute ressemblance avec des personnes réelles, vivantes ou mortes, n'est que pure coïncidence.

      Image de couverture : Copyright breakermaximus, utilisée en vertu d'une licence accordée par Shutterstock.com.

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      “Si je perds mon honneur, je me perds moi-même.”

--William ShakespeareAntoine et Cléopâtre

      CHAPITRE PREMIER

      Theos plongea vers la campagne, plein d'une furie qu'il ne pouvait plus retenir. Il ne se souciait plus de savoir ce qu'était sa cible : il ferait payer toute la race humaine, tout le pays d'Escalon, il les ferait tous payer pour la perte de son œuf. Il détruirait le monde entier jusqu'à ce qu'il trouve ce qu'il recherchait.

      Theos était déchiré par l'ironie de la situation. Il avait fui sa patrie pour protéger son œuf, pour épargner à son enfant la colère de tous les autres dragons, tous menacés par sa descendance, par la prophétie selon laquelle son fils deviendrait Maître de Tous les Dragons. Ils avaient tous voulu le détruire et, ça, Theos ne pourrait jamais le permettre. Il avait repoussé les autres dragons, avait reçu une blessure grave en se battant et s'était enfui, blessé. Il avait traversé de nombreux et vastes océans, parcouru des milliers de kilomètres pour arriver jusqu'ici, sur cette île d'humains, à cet endroit où les autres dragons ne viendraient jamais le chercher, tout ça pour trouver un endroit où abriter son œuf.

      Pourtant, quand Theos avait atterri et avait placé son œuf sur le sol d'une forêt lointaine, cela l'avait laissé sans défense. Il l'avait chèrement payé en se faisant blesser par les soldats pandésiens et, quand il s'était enfui en hâte, il avait perdu toute trace de son œuf. Il ne devait d'avoir survécu qu'à cette humaine, Kyra. Par cette nuit de confusion, au sein de la tempête de neige et des vents déchaînés, il n'avait pas réussi à retrouver son œuf, que la neige avait recouvert, bien qu'il ait décrit des quantités de cercles en l'air et cherché sans relâche. C'était une erreur pour laquelle il se détestait, une erreur dont il tenait responsable la race humaine et qu'il ne leur pardonnerait jamais.

      Theos plongea encore plus vite, ouvrit grand les mâchoires, rugit de rage en faisant trembler les arbres eux-mêmes et cracha un torrent de flammes si chaud qu'il eut lui-même un mouvement de recul. C'était un énorme torrent, assez puissant pour rayer toute une cité de la carte, et il s'abattit sur sa cible fortuite : un petit village de campagne qui avait la malchance de se trouver sur sa route. En dessous, plusieurs centaines d'humains, répartis dans des fermes et des vignes, étaient inconscients de la mort qui allait les faucher.

      Le visage figé par l'horreur, ils levèrent les yeux alors que les flammes descendaient mais il était trop tard. Ils hurlèrent et s'enfuirent pour survivre mais le nuage de flammes les rattrapa. Les flammes n'épargnèrent personne, ni les hommes ni les femmes ni les enfants, ni les fermiers ni les guerriers, aucun de ceux qui couraient ni de ceux qui restèrent figés sur place. Theos fit claquer ses grandes ailes et fit tout brûler, leurs maisons, leurs armes, leur bétail, leurs possessions. Ils allaient tous payer, chacun d'entre eux.

      Quand Theos finit par remonter, il ne restait plus rien. Le village avait été remplacé par un grand incendie, des feux qui ne tarderaient pas à le réduire en cendres. Theos se dit que c'était approprié : les humains étaient poussière et redevenaient poussière.

      Theos ne ralentit pas. Il continua à voler. Il resta près du sol, taillada des arbres, trancha des branches d'un seul coup de griffe, réduisit les feuilles en lambeaux en rugissant. Il suivait la canopée et se frayait un chemin à coup de flammes. En avançant, il laissait une grande traînée de flammes, une balafre sur la terre, une route de feu pour qu'Escalon se souvienne toujours de lui. Il mit feu à de grandes portions du Bois des Épines. Il savait qu'il faudrait au Bois des milliers d'années pour repousser, savait qu'il allait laisser cette cicatrice à la terre et s'en réjouissait quelque peu. Alors même qu'il crachait le feu, il était conscient du fait que ses flammes risquaient d'atteindre et de brûler son propre œuf. Pourtant, sa rage et sa frustration étaient telles qu'il ne pouvait se retenir.

      Alors qu'il volait, le paysage changea peu à peu en dessous de lui. Les bois et les champs furent remplacés par des bâtiments en pierre. Theos jeta un coup d’œil vers le bas et vit qu'il survolait une immense garnison remplie de milliers de soldats en armure bleue et jaune. Des Pandésiens. Saisis par la panique et l'étonnement, les soldats à l'armure scintillante scrutèrent les cieux. Les plus intelligents d'entre eux s'enfuirent; les plus courageux tinrent bon et, quand Theos approcha, ils lui jetèrent leur lance ou leur javelot.

      Theos cracha le feu et brûla toutes les armes à mi-course. Elles retombèrent sur la terre sous forme de tas de cendres. Ses flammes continuèrent leur course vers le bas jusqu'à atteindre les soldats qui, maintenant, fuyaient. Piégés dans leurs costumes métalliques brillants, ils furent brûlés vifs. Theos savait que, bientôt, tous ces costumes métalliques seraient des coquilles vides qui rouilleraient au sol, souvenirs de son passage en ces lieux. Il ne s'arrêta que quand il eut brûlé le dernier soldat et que la garnison ne fut plus qu'un immense chaudron enflammé.

      Theos poursuivit sa route vers le nord, incapable de se retenir. Le paysage changea à plusieurs reprises et il ne ralentit pas, même quand il vit une chose étrange : là-bas, loin au-dessous, venait d'apparaître une créature massive, un géant qui émergeait d'un tunnel souterrain. C'était une créature qui ne ressemblait à rien de ce que Theos avait déjà vu, une créature puissante. Pourtant, Theos n'avait pas peur; au contraire, il était en colère. Il en voulait à cette créature de se trouver sur son chemin.

      La bête leva les yeux et son visage grotesque fut ravagé par la peur quand Theos plongea. Elle se retourna et s'enfuit elle aussi vers son trou mais Theos ne voulait pas la laisser fuir aussi facilement. S'il ne pouvait trouver son enfant, alors, il les détruirait tous, les hommes comme les bêtes, et il ne s'arrêterait que lorsque tous les habitants et toutes les choses d'Escalon auraient cessé d'exister.

      CHAPITRE DEUX

      Vesuvius se tenait dans le tunnel. Il leva les yeux vers les rayons de lumière qui lui tombaient dessus. C'était la lumière d'Escalon et il la savoura comme la chose la plus douce qu'il ait connue de toute sa vie. Ce trou loin au-dessus de sa tête, ces rayons qui l'illuminaient représentaient une victoire plus grande qu'il avait pu le rêver, l'achèvement du tunnel qu'il avait imaginé toute sa vie. D'autres personnes avaient dit qu'il était impossible à construire et Vesuvius savait qu'il avait accompli ce que ni son père ni le père de son père n'avaient réussi à faire, savait qu'il avait créé une route pour que toute la nation de Marda envahisse Escalon.

      Des grains de poussière tourbillonnaient encore dans la lumière et des débris remplissaient