Морган Райс

Le Poids de l’Honneur


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si une comète avait frappé Escalon. Le grondement résonna si fort que Duncan fut obligé de se couvrir les oreilles. Le sol trembla sous ses pieds et le fit trébucher. Un énorme nuage de pierre et glace s'éleva à des dizaines de mètres de hauteur et l'air, même de là où se tenait Duncan, se remplit des cris et des hurlements terrifiés des hommes. Une moitié de la garnison en pierre fut détruite par l'impact et le bloc continua à rouler en écrasant des hommes, en aplatissant des bâtiments et en semant destruction et chaos dans son sillage.

      “HOMMES DE KOS !” cria Kavos. “Qui a osé approcher de notre montagne ?”

      Avec un grand cri, ses milliers de guerriers se lancèrent soudain en avant et sautèrent du bord de la falaise. Il suivirent tous Kavos en saisissant une corde et en descendant si vite en rappel  qu'ils dévalaient quasiment la montagne en chute libre. Duncan les suivit, accompagné par ses hommes qui, eux aussi, bondirent tous en saisissant les cordes et en descendant si vite qu'il avait peine à respirer; il était certain qu'il allait se rompre le cou en touchant le sol.

      Quelques secondes plus tard, il atterrit rudement au pied de la montagne, des centaines de mètres au-dessous, au milieu d'un immense nuage de glace et de poussière alors que le grondement produit par l'effondrement du bloc résonnait encore. Tous les hommes se tournèrent vers la garnison, poussèrent tous un grand cri de guerre en tirant l'épée et chargèrent, se précipitant tête baissée dans le chaos du camp pandésien.

      Les soldats pandésiens, encore sous le choc de l'explosion, se retournèrent, choqués, et virent l'armée charger; il était clair qu'ils ne s'attendaient pas à une telle attaque. Médusés, pris à l'improviste, privés de plusieurs de leurs commandants qui étaient morts écrasés par le bloc, ils avaient l'air trop désorientés pour pouvoir penser clairement. Quand Duncan, Kavos et leurs hommes se ruèrent sur eux, certains se mirent à se retourner et à fuir. D'autres tentèrent de saisir une épée mais Duncan et ses hommes s'abattirent sur eux comme une nuée de sauterelles et les poignardèrent avant qu'ils aient même pu tirer l'épée.

      Duncan et les hommes traversèrent rapidement le camp sans jamais hésiter. Ils savaient que le temps pressait et, en suivant le sillage de la destruction provoquée par le bloc, ils tuèrent de tous côtés les soldats qui se remettaient. Duncan tailladait de tous côtés. Il poignarda un soldat à la poitrine, en frappa un autre au visage avec le pommeau de son épée, donna un coup de pied à un soldat qui le chargeait, puis se baissa rapidement et donna un coup d'épaule à un autre homme qui balançait une hache vers sa tête. Sans s'arrêter, Duncan abattit tous les ennemis qui se trouvaient sur sa route, respirant avec difficulté, sachant qu'ils étaient encore en infériorité numérique et qu'il fallait qu'il en tue le plus  possible aussi rapidement que possible.

      A côté de lui, Anvin, Arthfael et ses hommes le rejoignirent. Se protégeant l'un l'autre, ils se ruèrent tous en avant, tailladèrent leurs ennemis et défendirent leurs amis de tous côtés pendant que le vacarme de la guerre remplissait la garnison. Pris dans une bataille totale, Duncan savait qu'il aurait été plus sage d'économiser l'énergie de ses hommes, d'éviter cette confrontation et de marcher sur Andros. Cependant, il savait aussi que, pour des raisons d'honneur, il fallait que les hommes de Kos mènent cette bataille et il comprenait ce qu'ils ressentaient; ce n'étaient pas toujours les mesures les plus sages qui touchaient le cœur des hommes.

      Ils traversèrent le camp rapidement et avec discipline. Les Pandésiens étaient dans une telle confusion que c'était à peine s'ils pouvaient se défendre de façon organisée. A chaque fois qu'un commandant se manifestait ou qu'une compagnie se formait, Duncan et ses hommes les taillaient en pièces.

      Duncan et ses hommes se ruèrent dans la garnison comme un ouragan et, finalement, à peine une heure plus tard, au bout du fort, Duncan se retourna de tous les côtés, maculé de sang, et se rendit compte qu'il ne restait personne à tuer. Il resta où il était, respirant avec difficulté. Un crépuscule brumeux tomba sur les montagnes, qui étaient toutes étrangement silencieuses.

      Le fort était à eux.

      Quand les hommes s'en rendirent compte, ils poussèrent un cri de joie spontané et Duncan resta sur place. Alors que Anvin, Arthfael, Seavig, Kavos et Bramthos venaient à côté de lui, Duncan essuya le sang de son épée et de son armure puis contempla ce qui l'entourait. Sur le bras de Kavos, il remarqua une blessure d'où coulait du sang.

      “Tu es blessé”, signala-t-il à Kavos, qui ne semblait pas le remarquer.

      Kavos regarda la blessure, haussa les épaules puis sourit.

      “Simple égratignure”, répondit-il.

      Duncan examina le champ de bataille, où gisaient tant de morts. La plupart d'entre eux étaient des Pandésiens et il y avait peu de ses propres hommes. Il leva alors les yeux et vit les pics gelés de Kos qui les surplombaient puis disparaissaient dans les nuages, et il ressentit un respect mêlé d'admiration quand il comprit toute la hauteur qu'ils avaient escaladée et la vitesse à laquelle ils étaient descendus. Cela avait été une attaque éclair, comme si la mort s'était abattue du ciel, et cela avait fonctionné. La garnison pandésienne, qui avait eu l'air si indomptable seulement quelques heures auparavant, était maintenant à eux, réduite à une ruine dont ne subsistait plus aucun mur et dont tous les hommes gisaient dans des mares de sang, morts sous le ciel crépusculaire. C'était surréaliste. Le guerriers de Kos n'épargnaient personne, n'accordaient aucune pitié et avaient constitué une force irrésistible. Duncan avait un nouveau respect pour eux. Ce seraient des alliés essentiels dans le cadre de la libération d'Escalon.

      Kavos examinait les cadavres, respirant avec difficulté lui aussi.

      “Voilà ce que j'appelle un plan de sortie”, dit-il.

      Duncan le vit sourire en examinant les cadavres ennemis et en regardant leurs hommes dépouiller les morts de leurs armes.

      Duncan fit oui de la tête.

      “Et c'était une belle sortie”, répondit-il.

      Duncan se tourna et regarda vers l'ouest, au-delà du fort, où il aperçut du mouvement dans le soleil couchant. Il plissa les yeux et ce qu'il vit lui donna chaud au cœur, même s'il s'y était attendu d'une façon ou d'une autre. Là-bas, à l'horizon, son destrier se tenait fièrement devant le troupeau, suivi par des centaines de destriers. Comme d'habitude, il avait senti où Duncan se trouverait et il était là, en train de l'attendre avec loyauté. Duncan eut chaud au cœur, car il savait que son vieil ami emmènerait son armée jusqu'à la capitale.

      Duncan siffla et, quand il le fit, son cheval se tourna et courut vers lui. Les autres chevaux le suivirent et on entendit un grand grondement dans le crépuscule quand le troupeau traversa la plaine enneigée au galop en se dirigeant droit sur eux.

      A côté de Duncan, Kavos signifia son approbation d'un hochement de tête.

      “Des chevaux”, remarqua Kavos en les regardant approcher. “Je serais allé à Andros à pied, moi.”

      Duncan sourit.

      “J'en suis sûr, mon ami.”

      Quand son cheval approcha, Duncan s'avança et caressa la crinière à son vieil ami. Il le monta et, quand il le fit, tous ses hommes montèrent en même temps que lui. Les milliers qu'ils étaient formaient une armée à cheval. Ils restèrent là, entièrement armés, et regardèrent le crépuscule. Maintenant, devant eux, il ne restait que les plaines enneigées qui menaient à la capitale.

      Duncan eut une poussée d'excitation en sentant qu'ils étaient finalement sur le point de réussir. Il le sentait, sentait l'odeur de la victoire dans l'air. Kavos leur avait permis de descendre de la montagne; maintenant, c'était à son tour de faire ses preuves.

      Duncan leva son épée et sentit que tous les hommes, toutes les armées, le regardaient.

      “SOLDATS !” cria-t-il. “Direction Andros !”

      Ils poussèrent tous un grand cri de guerre et chargèrent avec lui dans la nuit, traversant les plaines enneigées. Rien ne les empêcherait d'atteindre la capitale et de mener la guerre la plus importante de leur vie.

      CHAPITRE