Морган Райс

Le Poids de l’Honneur


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Quel qu'en soit le coût, nous ne pouvons pas nous le permettre. S'ils les referment, nous serons bloqués dehors pour de bon. J’emmènerai une petite force avec moi et nous nous précipiterons vers les portes à toute vitesse. Quant à vous”, dit-il en faisant un signe à Kavos, Bramthos et Seavig, “vous mènerez le reste de nos hommes aux garnisons et protégerez notre flanc contre les soldats qui émergeront.”

      Kavos secoua la tête.

      “Charger ces portes avec une petite force, c'est de la folie”, cria-t-il. “Tu vas te faire encercler et, si je me bas contre les garnisons, je ne pourrai pas assurer tes arrières. C'est du suicide.”

      Duncan sourit.

      “Et c'est pour ça que j'ai choisi d'exécuter cette tâche moi-même.”

      Duncan éperonna son cheval et chevaucha en direction des portes devant les autres pendant qu'Anvin, Arthfael et une dizaine de ses commandants les plus proches, des hommes qui connaissaient Andros aussi bien que lui, des hommes avec lesquels il avait combattu toute sa vie, le suivaient comme il avait prévu. Ils virèrent tous vers les portes de la cité à toute vitesse pendant que, derrière eux, Duncan vit du coin de l’œil Kavos, Bramthos, Seavig et le gros de leur armée se diriger vers les garnisons pandésiennes.

      Le cœur battant la chamade, sachant qu'il fallait qu'il atteigne la porte avant qu'il ne soit trop tard, Duncan baissa la tête et força son cheval à courir plus vite. Ils galopèrent au milieu de la route et par-dessus le Pont du Roi. Les sabots des chevaux résonnèrent sur le bois et Duncan sentit se rapprocher le frisson de la bataille. Dans la levée de l'aube, Duncan vit le visage effrayé du premier Pandésien qui les repéra. C'était un jeune soldat qui montait la garde d'un air endormi sur le pont. Il cligna des yeux en les regardant et la terreur gagna son visage. Duncan combla l'écart, l'atteignit, abattit son épée et, d'un unique mouvement rapide, le tua avant qu'il ne puisse lever son bouclier.

      Le bataille avait commencé.

      Anvin, Arthfael et les autres jetèrent des lances et tuèrent une demi-douzaine de soldats pandésiens qui se tournaient vers eux. Ils continuèrent tous à galoper. Aucun d'entre eux ne ralentit, car ils savaient tous qu'ils jouaient leur vie. Ils passèrent le pont à toute vitesse, sans cérémonie, et chargèrent tous vers les portes grandes ouvertes d'Andros.

      A encore une bonne centaine de mètres, Duncan leva les yeux vers les légendaires portes d'Andros. D'une trentaine de mètres de haut, elles étaient en or sculpté, faisaient trois mètres d'épaisseur et Duncan savait que, si on les fermait, la cité serait imprenable. Il faudrait un équipement de siège professionnel, qu'il n'avait pas, et beaucoup de mois et beaucoup d'hommes pour les abattre, choses qu'il n'avait pas non plus. Ces portes n'avaient jamais cédé malgré des siècles d'assaut. S'il ne les atteignait pas à temps, tout serait perdu.

      Duncan examina la simple dizaine de soldats pandésiens qui gardaient les portes. Peu d'hommes étaient de garde, ils avaient envie de dormir car c'était l'aube et aucun d'entre eux ne s’attendait à une attaque. Duncan fit courir son cheval plus vite, car il savait qu'il n'avait que peu de temps. Il fallait qu'il les atteigne avant qu'ils ne le repèrent; il ne lui fallait qu'une minute de plus pour assurer sa survie.

      Cependant, un grand cor résonna soudain et Duncan se sentit découragé quand il leva les yeux et vit, au sommet des hauts parapets, un garde pandésien regarder fixement vers le bas et faire résonner un cor à plusieurs reprises pour avertir de l'approche de l'ennemi. Le son résonna partout dans les murs de la cité et Duncan eut le cœur serré en comprenant qu'il venait de perdre tous les avantages qu'il avait pu avoir. Il avait sous-estimé l'ennemi.

      Les soldats pandésiens stationnés à la porte passèrent brusquement à l'action. Ils se précipitèrent en avant et poussèrent les portes de l'épaule. A six de chaque côté, ils poussèrent de toutes leurs forces pour les fermer. Au même moment, quatre soldats de plus tournèrent d'immenses manivelles de chaque côté pendant que quatre autres tiraient sur des chaînes, deux de chaque côté. Avec un grand craquement, les portes commencèrent à se refermer. Duncan les regarda avec désespoir. Il avait l'impression qu'on lui refermait un cercueil sur le cœur.

      “PLUS VITE !” ordonna-t-il à son cheval.

      Ils accélérèrent tous, firent une dernière course folle. Alors qu'ils s'approchaient, en un effort désespéré, quelques-uns de ses hommes jetèrent des lances aux hommes qui gardaient la porte mais ils étaient encore trop loin et les lances tombèrent sans atteindre leur cible.

      Duncan força son cheval à courir plus vite que jamais, chevauchant comme un fou devant les autres et, alors qu'il s'approchait des portes qui se refermaient, il sentit soudain quelque chose passer tout près de lui en sifflant. Il se rendit compte que c'était un javelot. Il leva les yeux et vit des soldats qui, du sommet des parapets, en jetaient. Duncan entendit un cri et vit un de ses hommes, un guerrier courageux aux côtés duquel il avait combattu pendant des années, se faire transpercer et tomber de son cheval en volant vers l'arrière, mort.

      Duncan accéléra et renonça à toute prudence en fonçant vers les portes qui se refermaient. Il était à peut-être vingt mètres de distance et les portes étaient à quelques mètres de se refermer pour toujours. Quoi qu'il arrive, même s'il fallait qu'il y laisse la vie, il ne pouvait pas les laisser se refermer.

      Dans une dernière charge suicidaire, Duncan sauta de son cheval et plongea vers la fente qui se réduisait juste au moment où les portes se fermaient. Ce faisant, il tendit son épée, la lança en avant et réussit à la coincer dans la fente juste avant qu'elle ne se referme. Son épée se plia mais ne cassa pas. Duncan savait que cette tranche d'acier était la seule chose qui empêchait ces portes de se refermer pour de bon, la seule chose qui gardait la capitale accessible, la seule chose qui empêchait la perdition de tout Escalon.

      Les soldats pandésiens, choqués quand ils comprirent que leur porte ne se fermait pas, regardèrent vers le bas et virent avec étonnement l'épée de Duncan. Ils se précipitèrent tous vers cette épée et Duncan sut que, même si cela devait lui coûter la vie, il ne pouvait permettre qu'ils l'enlèvent.

      Encore essoufflé par sa chute de cheval, Duncan, qui avait mal aux côtes, essaya de se sortir du chemin du premier soldat qui se ruait sur lui, mais il ne réussit pas à bouger assez vite. Il vit l'épée levée derrière lui et se prépara à recevoir le coup mortel quand, soudain, le soldat poussa un cri. Perplexe, Duncan se retourna en entendant un hennissement et vit son destrier se pencher en arrière et donner un coup de sabots dans la poitrine de son ennemi juste avant qu'il ne puisse poignarder Duncan. Le soldat partit en l'air et en arrière, les côtes brisées, et atterrit sur le dos, inconscient. Avec gratitude, Duncan leva les yeux vers son cheval en comprenant que ce dernier lui avait sauvé la vie une fois de plus.

      Comme il avait maintenant le temps qu'il lui fallait, Duncan se releva en roulant, tira son épée de rechange et se prépara à affronter le groupe de soldats qui se ruait sur lui. Le premier soldat lui envoya un coup d'épée du dessus et Duncan le bloqua au-dessus de sa tête, se retourna, le taillada sur toute la largeur de l'épaule et l'envoya au sol. Duncan s'avança et poignarda au ventre le soldat suivant avant qu'il ne puisse l'atteindre, puis bondit par-dessus son corps qui tombait et fit tomber le suivant sur le dos en lui frappant la poitrine des deux pieds. Il se baissa rapidement quand un autre soldat lui envoya un coup, puis se retourna et lui taillada le dos.

      Distrait par ses attaquants et sentant du mouvement derrière lui, Duncan se retourna puis vit un Pandésien saisir l'épée calée entre les portes et la tirer fortement par le pommeau. Comprenant qu'il fallait réagir sans attendre, Duncan se tourna, visa et lança son épée, qui virevolta sur elle-même avant de se loger dans la gorge de l'homme juste avant qu'il ne puisse extraire sa longue épée. Duncan avait sauvé la porte, mais cela l'avait laissé sans défense.

      Duncan fonça vers la porte en espérant élargir la fente mais, alors qu'il le faisait, un soldat le tacla par derrière et le fit tomber à terre. Le dos exposé, Duncan savait qu'il était en danger. Derrière lui, le Pandésien leva haut une lance pour lui transpercer le dos sans que Duncan puisse faire grand chose pour l'en empêcher.

      Un cri remplit l'air