particulièrement horrible les attendait.
Quand ils arrivèrent au bureau de McGrath, ils virent que sa porte était ouverte. Il était assis à une petite table de conférence à l’arrière de son bureau et consultait des dossiers. Il y avait un autre agent avec lui, une femme que Mackenzie avait déjà vue auparavant. Elle s’appelait Agent Yardley, une femme plutôt discrète qui avait de temps en temps aidé l’Agent Harrison. Elle hocha la tête et leur sourit quand ils entrèrent dans la pièce et s’avancèrent vers la table où McGrath était assis. Puis elle regarda à nouveau son ordinateur portable, concentrée sur ce qui s’y affichait à l’écran.
Quand McGrath leva les yeux vers Mackenzie, elle ne put éviter d’y voir un léger soulagement. C’était une manière agréable de se retrouver plongée dans le travail après que ses vacances aient été écourtées.
« White, Ellington, » dit McGrath. « Vous connaissez l’Agent Yardley ? »
« Oui, » dit Mackenzie, en hochant la tête en direction de l’agent pour la saluer.
« Elle revient à l’instant d’une scène de crime qui est liée à une autre scène similaire datant d’il y a cinq jours. Je l’avais mise initialement sur l’enquête mais quand je me suis rendu compte qu’il se pourrait qu’on soit confronté à un tueur en série, je lui ai demandé de rassembler tout ce qu’elle avait sur l’affaire pour pouvoir vous l’assigner. On a un meurtre… le deuxième du genre en cinq jours. White, je vous ai spécialement convoquée sur cette affaire car je veux que vous y travailliez du fait de votre expérience – sur l’enquête du tueur épouvantail plus spécifiquement. »
« De quoi s’agit-il ? » demanda Mackenzie.
Yardley tourna son ordinateur portable dans leur direction. Mackenzie s’avança vers la chaise la plus proche et s’assit. Elle regarda l’image qui s’affichait à l’écran avec une sorte de tranquillité sourde qu’elle commençait à bien connaître – la capacité à analyser une image repoussante puisque ça faisait partie de son boulot, avec une compassion résignée que la plupart des humains ressentiraient face à une mort aussi tragique.
Elle vit un homme plutôt âgé, aux cheveux et à la barbe majoritairement gris, pendu à la porte d’une église. Ses bras étaient écartés et sa tête était inclinée vers le bas, dans une forme de mise en scène de crucifixion. Il avait des marques d’entailles à la poitrine et une balafre au front. Il était en sous-vêtements, qui avaient retenu une bonne partie du sang qui avait coulé de son front et de sa poitrine. D’après ce qu’elle pouvait en voir sur les photos, il semblait que ses mains avaient été littéralement clouées à la porte. Ses pieds, quant à eux, avaient simplement été liés ensemble.
« C’est la deuxième victime, » dit Yardley. « Le révérend Ned Tuttle, cinquante-cinq ans. Il a été retrouvé par une dame âgée qui s’était arrêtée tôt à l’église pour déposer des fleurs sur la tombe de son mari. La police scientifique est sur les lieux au moment où on parle. Apparemment, le corps a été mis en place il y a moins de quatre heures. Des agents ont déjà prévenu la famille. »
Une femme qui aime prendre les choses en main et obtenir des résultats, pensa Mackenzie. Peut-être qu’on pourrait bien s’entendre.
« Qu’est-ce qu’on a sur la première victime ? » demanda Mackenzie.
McGrath lui fit glisser un dossier. Alors qu’elle l’ouvrait et jetait un coup d’œil au contenu, McGrath la mettait au courant de l’affaire. « Le père Costas, de l’église catholique du Cœur Béni. Il a été retrouvé dans le même état, cloué aux portes de son église il y a cinq jours. Je suis un peu surpris que vous n’en ayez pas entendu parler à la télé. »
« J’ai mis un point d’honneur à ne pas regarder les actualités pendant mes vacances, » dit-elle, en jetant un regard à McGrath qui se voulait amusé, mais qui passa totalement inaperçu.
« Je me rappelle en avoir entendu parler, » dit Ellington. « La femme qui a retrouvé le corps a été en état de choc pendant quelques temps, c’est bien ça ? »
« C’est ça, » dit McGrath.
« Et d’après ce que la police scientifique a pu constater, » dit Yardley, « le père Costas ne devait pas être cloué là depuis plus de deux heures. »
Mackenzie consulta les dossiers de l’affaire. Les images montraient le père Costas dans exactement la même position que le révérend Tuttle. Tout avait l’air identique, jusqu’à l’entaille allongée à travers le front.
Elle referma le dossier et le fit glisser en direction de McGrath.
« Où se trouve cette église ? » demanda Mackenzie, en montrant du doigt l’écran de l’ordinateur.
« Juste à l’extérieur de la ville. Une église presbytérienne de taille respectable. »
« Envoyez-moi un message avec l’adresse, » dit Mackenzie, en se levant. « J’aimerais aller y jeter un coup d’œil. »
Apparemment, le travail lui avait plus manqué qu’elle ne l’avait pensé durant ces huit derniers jours.
***
Il faisait encore noir quand Mackenzie et Ellington arrivèrent à l’église. La police scientifique terminait son travail. Le corps du révérend Tuttle avait été enlevé de la porte mais ce n’était pas un problème pour Mackenzie. Avec les deux images qu’elle avait vues du père Costas et du révérend Tuttle, elle avait vu tout ce qu’elle avait besoin de voir.
Deux meurtres dans le style de crucifixions, tous les deux aux portes d’entrée d’églises. Les hommes assassinés en étaient les leaders présumés. Il est clair que quelqu’un semble en vouloir à l’église. Et qui qu’il soit, ce n’est pas spécifique à une confession en particulier.
Elle s’approcha de l’avant de l’église en compagnie d’Ellington au moment où l’équipe scientifique terminait de rassembler son matériel. Sur la gauche, près de la petite pancarte portant le nom de l’église, il y avait un petit groupe de personnes. Quelques-uns priaient en s’étreignant. D’autres pleuraient ouvertement.
Des membres de l’église, supposa Mackenzie, avec tristesse.
Ils s’approchèrent de l’église et la scène ne fit qu’empirer. Il y avait des traces de sang et deux grands orifices à l’endroit où les clous avaient été enfoncés. Elle examina l’endroit à la recherche de tout autre signe religieux, mais elle ne vit rien. Il y avait juste du sang et un peu de saleté et de transpiration.
C’est plutôt téméraire, pensa-t-elle. Il doit y avoir une sorte de symbolisme dans tout ça. Pourquoi une église ? Pourquoi les portes d’une église ? Une fois, ce serait une coïncidence. Mais deux fois à la suite l’une de l’autre, et à chaque fois cloué aux portes – c’est intentionnel.
Elle trouvait ça offensant que quelqu’un puisse faire une telle chose devant une église. Et peut-être que c’était justement le but. Il était impossible d’en être sûr. Bien que Mackenzie ne croie pas à la religion, ni en Dieu ni aux effets de la foi, elle respectait entièrement les droits des personnes qui elles, choisissaient de vivre selon leur foi. Elle souhaitait parfois être ce genre de personne. Peut-être que c’était la raison pour laquelle elle trouvait cet acte aussi lamentable ; singer la mort du Christ à l’entrée même de l’endroit où les gens se réunissaient pour trouver le réconfort et un refuge en son nom était vraiment détestable.
« Même si c’était le premier meurtre, » dit Ellington, « une telle scène me ferait tout de suite penser qu’il allait y en avoir d’autres. C’est… révoltant. »
« Ça l’est, » dit Mackenzie. « Mais je ne suis pas tout à fait sûre de savoir pourquoi ça me donne cette sensation. »
« Parce que les églises sont des