Блейк Пирс

Avant qu’il ne convoite


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lui paraissait trop étrange pour la continuer. C’était bizarre qu’il s’ouvre à elle de cette manière, mais elle lui en était reconnaissante. Les choses dont il lui avait parlées lui permettaient de mieux le comprendre. Bryers était un homme assez solitaire et ça tenait la route avec le fait d’avoir eu des relations difficiles avec ses parents.

      Mais quant au fait qu’il avait deux filles avec lesquelles il parlait rarement, c’était une totale découverte. Ça expliquait un peu pourquoi il s’était ouvert à elle et pourquoi il avait l’air d’apprécier de travailler en sa compagnie.

      Les deux heures suivantes furent remplies de conversations assez superficielles, principalement au sujet de l’affaire qui les occupait et de la formation de Mackenzie à l’académie. C’était agréable de pouvoir parler de ce genre de choses à quelqu’un et elle se sentit un peu coupable d’avoir écourté la conversation lorsqu’il lui avait posé des questions au sujet de son père.

      Il fallut attendre encore une heure et quart avant que Mackenzie commence à voir des indications annonçant la sortie pour Strasburg. Elle sentit l’atmosphère changer dans la voiture, au moment où tous les deux commencèrent à mettre de côté leurs histoires personnelles et se concentrer uniquement sur le boulot qui les attendait.

      Six minutes plus tard, Bryers prit la bretelle de sortie pour Strasburg. Lorsqu’ils entrèrent dans la ville, Mackenzie sentit son corps se contracter. Mais c’était une tension positive – le même genre de tension qu’elle avait ressentie au moment où elle était arrivée sur le parking avec l’arme de paintball en main, la veille de la remise des diplômes.

      Elle était arrivée. Pas seulement à Strasburg mais surtout à cette étape dans sa vie à laquelle elle avait rêvée depuis le jour où elle avait été affectée à son premier travail inintéressant de bureau au Nebraska, avant qu’on ne lui donne vraiment sa chance.

      Mon dieu, pensa-t-elle. C’était vraiment il y a seulement cinq ans et demi ?

      Oui, de fait. Et maintenant qu’elle se trouvait littéralement amenée vers la réalisation de tous ces rêves, les cinq années qui séparaient ce travail de bureau de cet instant précis où elle se trouvait dans le siège passager de la voiture de Bryers, avaient plutôt l’air d’une course d’obstacles qui maintenait ces deux parties de sa vie bien séparées. Et ce n’était pas plus mal comme ça. Son passé ne lui avait jamais servi à rien d’autre qu’à la freiner et maintenant qu’elle avait enfin fini par le surmonter, elle était heureuse de le laisser pourrir derrière elle dans l’oubli.

      Elle vit le panneau indiquant le parc naturel Little Hill et son cœur se mit à battre plus vite au moment où Bryers ralentit. Elle y était. Sa première affaire en tant qu’agent officiel du FBI. Elle savait que tous les yeux seraient dirigés sur elle.

      Le moment était arrivé.

      CHAPITRE CINQ

      Quand Mackenzie sortit de la voiture dans le parking pour visiteurs du parc naturel Little Hill, elle se prépara à ce qui allait venir, sentant tout de suite la tension du meurtre flotter dans l’air. Elle ne savait pas pourquoi elle ressentait ce genre de choses, mais elle les ressentait. C’était une sorte de sixième sens qu’elle avait et qu’elle aurait parfois aimé ne pas avoir. Aucun autre de ses collègues avec lesquels elle avait travaillé n’avait ce genre de pressentiment.

      Elle réalisa que d’une certaine manière ils avaient de la chance. C’était une bénédiction et, en même temps, une malédiction.

      Ils traversèrent le parking en direction du centre d’information. Bien que l’automne ne se soit pas encore totalement installé en Virginie, sa présence se faisait sentir plus tôt que prévu. Autour d’eux, les feuilles des arbres commençaient à changer de couleur, tendant vers des nuances de rouge, de jaune et de doré. Un poste de sécurité se trouvait derrière le centre d’information où se tenait une femme qui avait l’air de beaucoup s’ennuyer et qui leur faisait signe en les regardant s’approcher.

      Le centre d’information était une sorte de piège à touristes un peu terne. Des t-shirts et des gourdes étaient alignés sur des étagères et des cartes de la région, ainsi que des brochures avec des conseils de pêche, étaient étalées sur une petite étagère le long du côté droit. Au centre de la pièce, se trouvait une dame d’un âge dépassant certainement celui de la retraite. Elle leur souriait derrière son comptoir.

      « Vous êtes avec le FBI, n’est-ce pas ? » demanda la femme.

      « C’est ça, » dit Mackenzie.

      La femme hocha légèrement de la tête et prit le téléphone qui se trouvait derrière le comptoir. Elle composa un numéro qui était noté sur un petit morceau de papier, près du téléphone. En attendant, Mackenzie s’éloigna un peu, suivie par Bryers.

      « Tu as dit que tu n’avais pas encore parlé directement avec la police de Strasburg, c’est ça ? » demanda-t-elle.

      Bryers acquiesça de la tête.

      « On va nous considérer comme des amis ou comme un obstacle ? »

      « On va voir, j’imagine. »

      Mackenzie hocha de la tête et ils se retournèrent de nouveau vers le comptoir. La femme venait juste de raccrocher et levait les yeux vers eux.

      « Le shérif Clements arrivera dans une dizaine de minutes. Il vous retrouvera au poste de garde qui se trouve à l’extérieur. »

      Ils sortirent du centre d’information et se dirigèrent vers le poste de garde. À nouveau, Mackenzie se sentit presqu’hypnotisée par les couleurs resplendissantes des arbres. Elle marchait lentement, cherchant à s’imprégner de ce qui l’entourait.

      « Hé, White ? » dit Bryers. « Ça va ? »

      « Oui, ça va. Pourquoi tu poses la question ? »

      « Parce que tu trembles et que tu es un peu pâle. En tant qu’agent expérimenté du FBI, je dirais que tu es nerveuse – très nerveuse, même. »

      Elle serra fermement les poings et se rendit compte qu’un léger tremblement secouait ses mains. Oui, elle était nerveuse mais elle pensait qu’elle était parvenue à le dissimuler. Apparement, ce n’était pas le cas.

      « Écoute, tu es en plein dedans maintenant. Tu as le droit d’être nerveuse. Mais gère-le à ton avantage. Ne te bats pas contre et n’essaie pas de le dissimuler. Je sais que ça a l’air paradoxal, mais il faut que tu me fasses confiance sur ce coup-là. »

      Elle hocha la tête, un peu gênée.

      Ils continuèrent en silence. Les couleurs des arbres autour d’eux semblaient les oppresser. Mackenzie regarda le poste de garde qui se trouvait devant eux et vit la barrière suspendue au poste et qui barrait la route. Bien que ça ait l’air stupide, elle ne pouvait pas s’empêcher de penser que son futur l’attendait de l’autre côté de cette barrière. Elle se sentait intimidée mais également anxieuse, de la traverser.

      Quelques secondes plus tard, ils entendirent le bruit d’un petit moteur. Presque tout de suite après, ils virent une voiturette de golf déboucher du tournant. Elle roulait apparemment à plein régime et l’homme qui se trouvait derrière le volant était pratiquement recroquevillé derrière, comme s’il souhaitait que la voiturette aille plus vite.

      La voiturette s’avança et Mackenzie put apercevoir l’homme qu’elle supposait être le shérif Clements. Il avait l’air d’un dur d’une quarantaine d’années. Il avait le regard vitreux d’un homme qui avait eu une vie difficile. Ses cheveux noirs commençaient à grisonner sur les tempes et il arborait une barbe d’un jour qui faisait apparemment toujours partie de son look.

      Clements gara la voiturette, jeta à peine un regard au gardien qui se tenait dans le poste de garde et contourna la barrière pour rejoindre Mackenzie et Bryers.