Блейк Пирс

Raison de Redouter


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pas tout à fait un chalet mais avait ce genre d’aspect rustique. C’était un endroit simple de plain-pied avec un intérieur moderne. En termes d’adresse postale, elle était proche de Walden Pond, mais juste assez hors des sentiers battus pour être considérée comme “au milieu de nulle part”. Son plus proche voisin était à un kilomètre de là et tout ce qu’elle pouvait voir au-delà de son porche et de la fenêtre arrière de la cuisine étaient des arbres.

      Pas de klaxons. Pas de piétons pressés regardant en même temps leurs téléphones. Pas de circulation. Pas d’odeur constante d’essence et de pots d’échappement ou le bourdonnement des moteurs.

      Elle avala une autre gorgée de son bourbon matinal et écouta ce qui l’entourait. Rien. Absolument rien. Enfin, ce n’était pas nécessairement vrai. Elle pouvait entendre deux oiseaux qui se répondaient et le léger grincement des arbres tandis qu’une fraîche brise de fin d’automne passait au travers.

      Elle avait fait de son mieux pour que Rose vienne ici avec elle. Sa fille avait traversé beaucoup de choses et Dieu seul savait que rester en ville ne l’aiderait pas à guérir. Mais Rose avait refusé. Rose avait en réalité refusé avec véhémence. Après que le brouillard de la dernière affaire se soit dissipé, Rose avait eu besoin de faire porter la responsabilité pour la mort de son père sur quelqu’un. Et, comme d’habitude, cette faute était retombée sur Avery.

      Même si cela faisait mal, Avery le comprenait ; elle se serait comportée de la même manière si les rôles avaient été inversés. Pendant son déménagement dans les bois, Rose l’avait accusée de fuir ses problèmes. Et Avery n’avait aucun scrupule à l’admettre. Elle était venue ici pour échapper aux souvenirs de la dernière affaire – des derniers mois de sa vie, si elle devait être totalement honnête.

      Elles avaient été si proches de retrouver la relation qu’elles avaient autrefois. Mais quand le père de Rose était mort – ainsi que Ramirez, un homme qu’elle avait commencé à tolérer comme étant objet de l’amour de sa mère – tout s’était brusquement arrêté. Rose reprochait complètement à Avery la mort de son père, et Avery commençait lentement à s’en blâmer elle aussi.

      Avery ferma les yeux et termina son verre de bourbon. Elle écouta les bruits tranquilles de la forêt et laissa la chaleur de l’alcool la réconforter. Elle avait laissé une chaleur similaire la réconforter au cours des trois dernières semaines, s’était saoulée une poignée de fois, à tel point qu’une fois elle avait perdu connaissance pendant plusieurs heures. Elle avait passé la nuit penchée au dessus de toilettes à se lamenter sur Ramirez et l’avenir qu’ils avaient été si près d’avoir.

      En y repensant, Avery était embarrassée. Cela lui donnait envie de renoncer à boire pour de bon. Elle n’avait jamais été une grande buveuse, mais durant les trois dernières semaines, les spiritueux et le vin l’avaient aidée à surmonter.

      À surmonter quoi, cependant ? se demanda-t-elle alors qu’elle se levait du fauteuil à bascule et retournait à l’intérieur.

      Elle regarda le bourbon, tentée d’y aller et de s’enivrer d’ici à midi juste pour passer un autre jour. Mais elle savait que c’était de la lâcheté. Elle devait s’en sortir toute seule, avec la tête claire. Alors elle mit le bourbon et les autres bouteilles d’alcool dans un placard dans la cuisine. Elle passa ensuite au carton suivant dans ses tas, toujours à la recherche de l’iPod.

      Une pile d’albums photo se trouvait en haut de la boîte. Parce que son esprit avait été concentré sur Rose pendant qu’elle était sur le porche, Avery les sortit rapidement. Il y en avait trois en tout, dont l’un était remplie de photos de son temps passé à l’université. Elle ignora complètement celui-ci et ouvrit le second.

      Immédiatement, Rose la regarda fixement. Elle avait douze ans, était sur un traîneau avec son chapeau couvert de neige. Sous cette photo, Rose avait encore douze ans. Sur celle-ci, elle peignait ce qui ressemblait à un champ de tournesols sur un chevalet dans son ancienne chambre. Avery les feuilleta tous jusqu’à environ la moitié de l’album, où elle arriva à une photo qui avait été prise à peine trois Noël de cela. Rose et Jack, le père de Rose, dansaient comiquement devant un sapin de Noël. Ils souriaient tous deux à donner le vertige. Le chapeau de Père Noël de Jack était de travers sur sa tête et les décorations brillaient en arrière-plan.

      Ce fut comme un coup de couteau dans son cœur, transperçant, vrillant. Le besoin de pleurer arriva comme une bombe. Elle n’avait pas ressenti ce besoin irrépressible une seule fois depuis qu’elle avait emménagé ici, car elle s’était assez bien débrouillé pour étouffer de telles choses au cours de sa carrière. Mais cela la frappa alors, surgi de nulle part, et avant qu’elle ne puisse le combattre, sa bouche s’ouvrit et une plainte agonisante en sortit. Elle se serra la poitrine comme si ce couteau imaginé était vraiment là, et s’effondra par terre.

      Elle essaya de se lever, mais son corps semblait se révolter. Non, semblait-il dire. Tu vas te permettre ce moment et tu vas pleurer. Tu vas pleurer. Tu vas faire ton deuil. Et qui sais ? Tu pourrais vraiment te sentir mieux après.

      Elle serra l’album photo, le pressant contre sa poitrine. Elle pleura éperdument, s’autorisant à être vulnérable juste pour un moment. Elle détestait que cela fasse tant de bien de tout laisser sortir, de se permettre de fondre en larmes. Elle gémit et pleura, sans rien dire – sans en appeler à personne, sans questionner Dieu ou offrir une prière. Elle fit simplement son deuil.

      Et cela faisait du bien. Cela ressemblait presque à un exorcisme en quelque sorte.

      Elle ignorait combien de temps elle était restée assise par terre parmi les cartons. Tout ce qu’elle savait, c’était que quand elle se leva, elle ne voulait plus s’anesthésier avec quelque chose venant d’une bouteille. Elle avait besoin d’avoir l’esprit clair, nécessaire pour mettre de l’ordre dans ses pensées.

      Elle sentit une douleur familière dans ses mains, quelque chose d’encore plus fort que le besoin de boire pour chasser ses émotions. Elle serra mollement ses poings et pensa à des cibles en papier ainsi qu’aux longs champs de tir en intérieur.

      Son cœur commença alors à s’alléger un peu en pensant aux quelques objets qu’elle avait dans la chambre qu’elle finirait par arranger et décorer un de ces jours. Il n’y avait pas grand-chose là-dedans, mais il y avait une certaine chose qu’elle avait presque oubliée dans le brouillard des derniers jours. Lentement, essayant de s’encourager elle-même pendant qu’elle traversait le salon plein de cartons, Avery entra dans la chambre à coucher.

      Elle resta sur le pas de la porte pendant un moment et scruta l’arme qui était posée dans le coin.

      Le fusil était un Remington 700 qu’elle possédait depuis l’obtention de son diplôme. Pendant sa dernière année, elle avait eu de grands projets, de déménager dans un endroit isolé afin de chasser le chevreuil pendant les hivers. C’était une chose que son père avait toujours fait et, bien qu’elle n’y fût pas particulièrement douée, elle l’avait bien aimé. Elle avait souvent été ridiculisée à ce sujet par ses amies et elle avait probablement effrayé un petit ami ou deux au lycée en raison de son affection pour ce sport. Quand son père était décédé, sa mère l’avait suppliée de prendre l’arme, pensant que son père aurait voulu qu’elle l’aie.

      Elle avait été baladée, d’un déménagement à l’autre, habituellement rangée dans un placard ou sous un lit. Deux jours après avoir emménagé dans cette maison, elle l’avait emmenée chez un revendeur d’armes à feu local et l’avait faite nettoyer. Quand elle l’avait récupérée, elle avait également acheté trois boîtes de cartouches.

      Pensant qu’elle pouvait aussi bien frapper tant que l’humeur la prenait, elle se déshabilla et se glissa dans des vêtements en Thermolactyl. Il ne faisait pas trop froid ce matin, un peu au-dessus de zéro – mais elle n’avait pas l’habitude d’être dehors dans les bois. Elle ne possédait rien en kaki, aussi se contenta-t-elle d’un pantalon vert foncé