dernier moment, avant que son téléphone ne bascule sur la messagerie vocale, elle répondit.
« Eh, Connelly », dit-elle.
Il y eut une longue pause à l’autre bout du fil avant que Connelly ne réponde. « Salut, Black. Je…eh bien, je vais être honnête. Je m’attendais à devoir parler à votre répondeur. »
« Désolée de vous décevoir. »
« Oh, c’est rien. Je suis content d’entendre votre voix. Ça fait trop longtemps. »
« Ouais, ça commence à donner cette impression là. »
« Dois-je comprendre que vous regrettez votre retraite bien trop anticipée ? »
« Non, je n’irais pas jusque là. Comment ça va ? »
« Les choses vont bien. Je veux dire, il y a un vide au commissariat qui était rempli par vous et Ramirez, mais nous sommes en train de le combler. Finley se perfectionne vraiment. Il travaille très étroitement avec O’Malley. Je pense que Finley, entre vous et moi, il l’a pris personnellement quand vous avez démissionné. Et il a décidé que si quelqu’un devait prendre votre place, alors bon sang, il vaudrait mieux que ce soit lui. »
« C’est bon à entendre. Dites-lui qu’il me manque. »
« Eh bien, j’espérais que vous viendrez le lui dire vous-même », dit Connelly.
« Je ne pense pas être prête pour venir vous rendre visite pour le moment », dit-elle.
« D’accord, alors je n’ai jamais été doué pour les bavardages », dit Connelly. « Je vais aller droit au but. »
« C’est là que vous êtes le meilleur », dit-elle.
« Écoutez…nous avons une affaire― »
« Arrêtez là », dit-elle. « Je ne vais pas revenir. Pas maintenant. Probablement jamais, même si je ne l’exclurais pas complètement. »
« Écoutez-moi pour celle-ci, Black », dit-il. « Attendez d’entendre les détails. En fait, vous les avez probablement déjà entendus. Celle-ci est partout aux informations. »
« Je ne regarde pas les informations », dit-elle. « Bon sang, je n’utilise l’ordinateur que pour Amazon. Je ne me souviens pas de la dernière fois que j’ai lu un gros titre. »
« Eh bien, c’est très étrange et il semble que nous ne parvenions pas à l’élucider. O’Malley et moi avons passé une fin de soirée hier à boire et nous avons décidé que nous devions vous appeler. Ce n’est pas seulement moi qui vous cire les pompes et essaye de vous convaincre…mais vous êtes la seule personne qui nous est venue à l’esprit et qui pourrait peut-être la résoudre. Si vous n’avez pas vu les nouvelles, je peux vous dire que c’est… »
« La réponse est non, Connelly », dit-elle en l’interrompant. « J’apprécie la pensée et le geste, mais non. Si jamais je suis prête à discuter d’un retour, je vous appellerai. »
« Un homme est mort, Avery, et le tueur pourrait ne pas avoir fini », dit-il.
Pour une raison quelconque, l’entendre utiliser son prénom la piqua un peu. « Je suis désolée, Connelly. Assurez-vous de dire à Finley que je lui passe le bonjour. »
Et sur ce, elle raccrocha. Elle regarda le téléphone bras croisés, en se demandant si elle venait de commettre une énorme erreur. Elle mentirait si elle se disait que l’idée de retourner au travail n’avait pas suscité quelques frissons. Même entendre la voix de Connelly lui avait fait désirer cette partie là de son ancienne vie.
Tu ne peux pas, se dit-elle. Si tu retournes au travail maintenant, tu dis en gros à Rose que tu te fous d’elle. Et tu courrais directement dans les bras de la créature qui t’a mise là où tu es actuellement.
Elle se leva et regarda par la fenêtre. Elle scruta les arbres, l’épais voile d’ombres diurnes entre eux, et pensa à la lettre d’Howard Randall.
À la question d’Howard Randall.
Qui êtes-vous ?
Elle commençait à penser qu’elle n’était pas exactement sûre de la réponse. Et peut-être qu’être sans son travail dans sa vie en était la raison.
***
Elle brisa sa routine cet après-midi là pour la première fois depuis qu’elle l’avait établie. Elle conduisit jusqu’à South Boston, au cimetière St. Augustine. C’était un endroit qu’elle avait évité depuis le déménagement, pas seulement à cause de la culpabilité, mais parce qu’il semblait que la force cruelle qui manipulait le destin lui avait délivré un coup terrible. Ramirez et Jack étaient tous deux été enterrés dans le cimetière St. Augustine et même s’ils étaient à plusieurs rangées l’un de l’autre, cela n’avait pas d’importance pour Avery. En ce qui la concernait, la connexion entre ses échecs et son chagrin se trouvait dans cette bande de terre verte et elle ne voulait rien à voir avec tout cela.
C’est pourquoi il s’agissait de sa première visite depuis les funérailles. Elle resta assise dans la voiture pendant un moment, à regarder vers la tombe de Ramirez. Elle sortit lentement du véhicule et se dirigea vers l’endroit où l’homme qu’elle avait été prête à épouser avait été inhumé. La pierre tombale était modeste. Quelqu’un y avait récemment placé un bouquet de fleurs blanches – probablement sa mère – qui allait dépérir et mourir dans ce froid, probablement le jour suivant.
Elle ne savait pas quoi dire et supposa que c’était normal. Si Ramirez avait conscience qu’elle était là et s’il pouvait entendre ce qu’elle pouvait dire (et une grande partie d’Avery pensait que c’était le cas), il saurait qu’elle n’avait jamais été douée pour les sentiments. Il était probablement abasourdi, même dans n’importe quel endroit céleste qu’il occupait, qu’elle soit là.
Elle mit la main dans sa poche et sortit la bague que Ramirez avait eu l’intention de lui passer un jour au doigt.
« Tu me manques », dit-elle. « Tu me manques et je suis tellement…tellement perdue. Et il n’y a pas besoin de te mentir…ce n’est pas seulement parce que tu es parti. Je ne sais pas ce que faire de moi-même. Ma vie est en train de s’effondrer et la seule chose dont je sais qu’elle la rendra quelque peu stable – le travail – est probablement la pire vers laquelle je puisse me tourner. »
Elle essaya de l’imaginer là avec elle. Que lui dirait-il s’il le pouvait ? Elle sourit quand elle l’imagina lui adresser un de ses froncements de sourcils sarcastiques. Prends sur toi et fais-le. C’est ce qu’il dirait. Bouge toi, remets toi au travail et reprend ce qu’il reste de ta vie en main.
« Tu n’aides pas », dit-elle avec sa propre petite expression sarcastique. Cela l’effrayait un peu que le fait de lui parler à travers sa tombe lui semble presque naturel. « Tu me dirais de retourner au travail et de résoudre les choses à partir de là, n’est-ce pas ? »
Elle regarda fixement la pierre tombale, comme si elle voulait qu’elle lui réponde. Une unique larme sortit du coin de son œil droit. Elle l’essuya tandis qu’elle se détournait et se dirigeait vers la tombe de Jack. Il avait été enterré de l’autre côté du cimetière, qu’elle pouvait à peine voir d’où elle se trouvait. Elle prit le petit chemin qui traversait les pelouses, profitant du silence. Elle ne prêta aucune attention aux quelques autres personnes qui étaient là pour rendre hommage et pleurer, les laissant à leur vie privée.
Pourtant, alors qu’elle s’approchait de la tombe de Jack, elle vit quelqu’un qui se tenait déjà près d’elle. C’était une femme, petite et la tête baissée. Après encore quelques pas, Avery vit qu’il s’agissait de Rose. Ses mains étaient fourrées dans ses poches et elle portait un manteau avec une capuche, qui était levée et lui couvrait la tête.
Avery ne voulut pas l’appeler,