Sophie Love

Maintenant et À Tout Jamais


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qu'elle le pouvait.

      À l'intérieur du réfrigérateur, Emily ne trouva rien hormis une horrible odeur. Elle le referma rapidement, verrouillant la porte avec la poignée, avant de passer aux placards pour jeter un œil à l'intérieur. Là, elle trouva une vieille boîte de conserve de maïs, dont l’étiquette était délavée au point d’être obscurcie, et une bouteille de vinaigre de malt. Elle envisagea brièvement de faire une sorte de repas avec ça, mais décida qu'elle n’était pas encore si désespérée. L'ouvre-boîte était complètement scellé par la rouille de toute façon, donc il n'y aurait aucun moyen d’arriver au maïs même si elle l’était.

      Elle entra ensuite dans le cellier, où se trouvaient la machine à laver et le sèche-linge. La pièce était sombre, la petite fenêtre recouverte de contreplaqué comme beaucoup d'autres dans la maison. Emily appuya sur un bouton du lave-linge, mais ne fut pas surprise de constater qu’il ne fonctionnait pas. De plus en plus frustré par sa situation, Emily décida d’agir. Elle grimpa sur le buffet et tenta de soulever un morceau de contreplaqué. C’était plus difficile à faire que ce qu'elle avait pensé, mais elle était déterminée. Elle tira et tira de toute la force de ses bras. Enfin, le panneau commença à se fissurer. Emily tira violemment une dernière fois et le contreplaqué céda, s’arrachant entièrement de la fenêtre. La force fut si p qu'elle retomba sur le comptoir, le panneau lui échappa et se balança vers la fenêtre. Emily entendit le bruit de la fenêtre brisée en même temps qu'elle atterrit sur un tas au sol, se coupant le souffle.

      Un air glacial s’engouffra dans le cellier. Emily gémit et se redressa pour s’asseoir avant de vérifier son corps meurtri pour s’assurer que rien n’était cassé. Son dos était douloureux et elle le frotta tout en levant les yeux vers la fenêtre cassée, qui laissait entrer un faible rayon de lumière. Emily fut frustrée en réalisant qu’en tentant de résoudre un problème, elle n’avait fait qu'empirer son cas.

      Elle prit une profonde inspiration et se leva, puis ramassa soigneusement le morceau de panneau sur le buffet où il était tombé. Des morceaux de verre tombèrent au sol et se cassèrent. Emily inspecta la plaque et vit que les clous étaient complètement tordus. Même si elle pouvait trouver un marteau – chose dont elle doutait fortement – les clous seraient trop déformés de toute façon. Puis elle vit qu'elle avait réussi à fendre le cadre de la fenêtre en arrachant le panneau. Le tout devrait être remplacé.

      Emily avait bien trop froid pour rester dans le cellier. À travers la fenêtre brisée, elle faisait face à la même vue de neige blanche sans fin. Elle saisit sa couverture par terre et la serra à nouveau autour de ses épaules, puis quitta le cellier et se dirigea vers le salon. Au moins là, elle pourrait allumer un feu et se réchauffer les os.

      Dans le salon, l'odeur réconfortante de bois brûlé flottait encore dans l'air. Emily s’accroupit à côté de la cheminée et commença à empiler du petit bois et des buches en une pyramide. Cette fois-ci, elle se souvint d'ouvrir le conduit d’évacuation, et fut soulagée quand la première flamme crépita.

      Elle s’assit sur ses talons et se mit à réchauffer ses mains froides. Ensuite, elle remarqua la casserole dans laquelle Daniel avait préparé le thé, posé à côté de la cheminée. Elle n'avait rien rangé, le récipient et les se trouvaient encore là où ils les avaient laissés la veille. Des souvenirs défilèrent dans son esprit, d'elle et Daniel partageant le thé, discutant de la vieille maison. Son estomac gronda, lui rappelant sa faim, et elle a décida de faire infuser un peu de thé, tout comme Daniel le lui avait montré, en déduisant qu'il repousserait sa faim un petit moment au moins.

      Juste au moment où elle avait fini d’installer la casserole sur le feu, elle entendit son téléphone sonner quelque part dans la maison. Même s’il s’agissait d’un bruit familier, cela lui fit faire un bond de l'entendre maintenant, résonnant dans les couloirs. Elle l’avait abandonné quand elle avait réalisé qu'elle n’avait aucun réseau, le bruit de sa sonnerie la surprit.

      Emily bondit, abandonnant le thé, et suivit le son de son portable. Elle le trouva sur le meuble de rangement dans le couloir. Un numéro inconnu l’appelait et elle répondit, un peu perplexe.

      « Oh, hum, salut », dit une voix masculine et âgée à l'autre bout de la ligne. « Êtes-vous la demoiselle au 15 West Street ? » La ligne était mauvaise, la voix douce et hésitante de l'homme était presque inaudible.

      Emily fronça les sourcils, confuse par l'appel. « Oui. Qui est-ce ? »

      « Je m’appelle Eric. Je, hum, je livre le fioul à toutes les propriétés de la région. J’ai entendu que vous étiez dans cette vieille maison, donc je pensais venir faire une livraison. Je veux dire si vous, hum, en avez besoin. »

      Emily pouvait à peine y croire. Les nouvelles avaient certainement circulé rapidement dans la petite communauté. Mais ; comment Éric avait-il obtenu son numéro de portable ? Puis elle se souvint que Daniel l’avait regardé la veille, quand elle lui avait dit qu'elle avait un réseau inconstant. Il avait dû voir le numéro et l’avoir mémorisé, dans l'intention de le transmettre à Éric. Bien qu’étant orgueilleuse, elle pouvait à peine contenir sa joie.

      « Oui, ce serait merveilleux », répondit-elle. « Quand pouvez-vous venir ? »

      « Eh bien », répondit l'homme de la même voix nerveuse, presque gênée. « Je suis en fait dans le camion actuellement, dans votre direction. »

      « Vous l’êtes ? », balbutia Emily, croyant à peine à sa chance. Elle regarda rapidement l'heure sur son téléphone. Il n’était même pas encore 8 heures. Soit Éric se mettait au travail très tôt comme si cela allait de soi, ou il avait fait le trajet spécialement pour elle. Elle se demanda si l'homme qui l’avait dépannée la nuit précédente avait été en contact avec l’entreprise en son nom. C’était soit lui ou… Daniel ?

      Elle se sortit cette idée de la tête et reporta son attention sur sa conversation téléphonique. « Serez-vous capable de venir jusqu’ici ? », demanda-t-elle. « Il y a beaucoup de neige. »

      « Ne vous inquiétez pas pour ça », dit Éric. « Le camion peut affronter la neige. Assurez-vous juste qu’un passage soit dégagé pour accéder au tuyau. »

      Emily se creusa la cervelle, essayant de se rappeler si elle avait vu une pelle quelque part dans la maison. « D'accord, je ferai de mon mieux. Merci. »

      La ligne fut coupée et Emily entra en action. Elle retourna en courant dans la cuisine, vérifiant chacun des placards. Il n'y avait rien qui s’approcha de ce dont elle avait besoin, donc elle essaya toutes les portes dans le cellier, puis dans la buanderie. Enfin, elle trouva une pelle à neige appuyée contre la porte de derrière. Emily n'a jamais pensé qu'elle serait aussi heureuse de voir une pelle de toute sa vie, mais elle la saisit comme s’il s’agissait d’une bouée de sauvetage. Elle était tellement excitée à propos de la pelle qu’elle oublia presque de mettre ses chaussures. Mais juste au moment où sa main planait sur le loquet pour ouvrir la porte, elle vit ses baskets dépassant d'un sac qu'elle avait laissé là. Elle les enfila rapidement puis tira la porte, sa précieuse pelle dans les mains.

      Immédiatement, l’intensité et l'ampleur de la tempête de neige lui apparurent. Regarder la neige depuis sa fenêtre avait été une chose, mais la voir accumulée sur un mètre devant elle comme un mur de glace en était une autre.

      Emily ne perdit pas de temps. Elle enfonça la pelle dans le mur de neige et de glace et commença à se frayer un chemin hors de la maison. C’était ardu ; en quelques minutes elle put sentir la sueur couler le long de son dos, ses bras lui faisaient mal, et elle était certaine qu'elle aurait des ampoules aux mains une fois qu'elle aurait terminé.

      Après avoir traversé un mètre de neige, Emily commença à trouver son rythme. Il y avait quelque chose de cathartique dans cette tâche, dans l'élan nécessaire pour pelleter la neige. Même le désagrément physique semblait avoir moins d'importance quand elle put commencer à voir comment ses efforts étaient récompensés. À New York, son type d’exercice