Sophie Love

L’Amour Comme Ça


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Shane n’allait pas céder. Qu’il était vraiment en train de rompre avec elle. Son Seul et Unique. L’amour de sa vie.

      « Je suis désolé », répondit-il en pleurant lui aussi. « Je le dois. Essaie de comprendre. Si nous n’avions pas cet océan entre nous, je voudrais être avec toi tout le temps. Je pourrais même vouloir t’épouser. »

      « Ne dis pas ça ! », gémit Keira. « Tu ne fais qu’empirer les choses. »

      Shane expira bruyamment. « J’ai besoin que tu saches combien tu comptes pour moi, Keira. Je ne veux pas que tu penses que j’ai juste pris peur ou quelque chose comme ça. Si nous n’étions pas dans cette impasse, je ne le ferais pas du tout. Ce n’est pas ce que je veux. Pas même un peu. Tu comprends ? »

      « Oui », répondit Keira. Ses larmes coulaient amèrement de ses yeux. Elle comprenait parfaitement. L’homme de ses rêves, un homme qui l’aimait et la faisait rire tous les jours, l’abandonnait juste parce que les choses étaient un peu compliquées. L’homme dont elle était tombée si profondément amoureuse pendant le mois le plus transformateur de sa vie abandonnait au premier obstacle. Il n’allait pas s’investir dans leur relation après tout. Les idées tourbillonnaient sombrement dans l’esprit de Keira.

      « Donc je suppose que c’est un au revoir ? », dit-elle froidement.

      Shane avait dû déceler son ton brusquement abattu. « Ne sois pas comme ça », dit-il. « Nous pouvons rester en contact. Nous pouvons être amis. Il y a toujours les réseaux sociaux. Ce n’est pas comme si je t’éliminais complètement de ma vie. »

      « Bien sûr », répondit Keira, le cœur lourd. Elle savait que même avec les meilleures intentions, des relations autrefois amoureuses se transformaient rarement, sinon jamais, en amitiés platoniques. Cela ne fonctionnait pas ainsi. Une fois l’amour perdu, il était perdu, du moins d’après l’expérience de Keira.

      « Es-tu en colère contre moi ? », demanda Shane. Sa voix semblant ténue et fragile.

      « Non », répondit Keira, et elle réalisa que c’était vrai. Les raisons de Shane pour y mettre un terme étaient nobles. Il faisait passer sa famille en premier. C’était exactement le type de qualités dont elle avait besoin chez un partenaire, aussi serait-il un peu injuste de sa part de lui en vouloir. « Je pense que tu devrais y aller et être avec ta famille maintenant », ajouta-t-elle. « Fais un câlin à tout le monde de ma part, veux-tu ? »

      « D’accord », répondit Shane.

      Keira n’était pas sûre, mais elle eut la distincte impression à la façon dont il l’avait dit qu’il savait qu’elle ne s’attendait pas à lui parler à nouveau. Il avait l’air accablé.

      Il y eut un long moment de silence.

      « Au revoir, Keira », dit finalement Shane.

      Avant qu’elle n’ait eu l’occasion de répondre, l’appel fut coupé. Elle éloigna le téléphone de son oreille et le regarda dans sa main. Comment un si petit assemblage de métal et de puces électroniques pouvait-il lui donner le sentiment que le monde entier s’était effondré sous ses pieds ? Comment une seule conversation pouvait-elle bouleverser sa vie ? Elle avait l’impression que chaque once de bonheur qu’elle avait ressenti avait été aspirée par les haut-parleurs du téléphone et recrachée dans un abîme noir, pour ne jamais réapparaître.

      Et le pire de tout, c’était que Keira ne pouvait même pas être en colère. Shane n’avait pas été un abruti comme tous les autres petits-amis avec qui elle avait rompu. Il n’y avait pas d’adultère, pas de mensonge, pas de cris ou de coups bas délibérés. C’était peut-être la raison pour laquelle cela faisait tellement plus mal. Peut-être était-ce parce qu’elle s’était laissée emporter en pensant que Shane pouvait être le Bon, que n’importe qui pouvait être le Seul et l’Unique.

      Avec ses larmes qui coulaient toujours, Keira quitta la salle de bain et jeta son téléphone sur le canapé. Bryn, qui se tenait au bar en train de préparer du café, tressaillit de surprise.

      « Qu’est-ce qui ne va pas ? », demanda Bryn. « Est-ce que tu es en train de pleurer ? »

      Ignorant les questions de Bryn, Keira saisit son programme automnal sur la table de nuit – jeta un bref coup d’œil à la liste de choses qu’elle avait organisées pour elle et Shane, les endroits où ils étaient censés former de précieux souvenirs à raconter aux petits-enfants – et le déchira.

      CHAPITRE DEUX

      Bryn passa le bras autour des épaules de Keira pendant que la plus jeune des deux sœurs pleurait amèrement.

      « Tu as fait le bon choix », l’apaisa Bryn. « Je sais qu’on ne le dirait pas en ce moment, mais fais-moi confiance. Tu étais bien trop engagée. Tu as vingt-huit ans, Keira, ce n’est pas le moment de s’installer. »

      Ses mots ne contribuèrent guère à consoler Keira. Qui était vraiment Bryn pour en parler ? Sa vie n’avait été qu’une série de relations désastreuses. Elle n’avait aucune idée du genre d’amour que Keira et Shane avaient trouvé, et maintenant perdu. Les sanglots faisaient trembler tout son corps.

      « Allez », ajouta Bryn, « Allons prendre un café. Je vais appeler maman. Tu sais combien elle est douée pour tout ça. »

      Keira ne pouvait pas être plus en désaccord. Sa mère, contrairement à Bryn, semblait être pressée de la pousser à s’installer et avoir des bébés. Elle était allée jusqu’à dire qu’il était inutile que Keira consacre autant d’énergie à sa carrière alors qu’elle allait tout abandonner dans quelques années pour avoir des enfants.

      Elle secoua la tête. « Je ne peux pas, je dois aller au travail. »

      Bryn grimaça. « Chérie, tu es une loque. Ils ne voudront pas de toi là-bas dans cet état. Tu n’es utile à personne. »

      « Merci », marmonna Keira. « Mais je ne peux pas ne pas y aller. Premier jour après un congé. Nouveau poste plus élevé. Elliot va être au bureau. Il va s’attendre à ce que j’élève mon niveau. »

      Pendant qu’elle parlait, Bryn se pencha et arracha le téléphone des mains de Keira.

      « Eh ! », protesta Keira.

      Bryn tapota quelques boutons puis posa triomphalement le portable sur la table basse. « Fait. »

      « Quoi ? », cria Keira, horrifiée, en l’attrapant. « Est-ce que tu viens de demander une journée de congé maladie pour moi ? Je n’ai jamais pris un jour de congé maladie ! Tu es si peu professionnelle. Je ne peux pas croire que tu aies pu faire ça. »

      Mais quand elle fit défiler les actions les plus récentes sur son téléphone, elle vit que Bryn n’avait pas contacté le travail, mais Nina, l’amie de Keira et éditrice au magazine. Elle lut le message que Bryn lui avait envoyé.

      Shane m’a larguée. Ma vie est fichue. À l’aide.

      Keira leva les yeux au ciel, blasée, et lança un regard meurtrier à sa sœur. Bryn haussa simplement les épaules avec insolence. Une seconde plus tard, le téléphone de Keira vibra en recevant un message de Nina.

      Tout ira bien. Je vais dire à Elliot que nous allons organiser une réunion en dehors du bureau. Café dans dix minutes ?

      L’expression de Keira s’adoucit. Peut-être que Bryn était utile après tout.

      « Nina va venir à ma rencontre », dit-elle en rangeant son téléphone. « Heureuse maintenant ? »

      « Oui », répondit Bryn. « Maintenant, je dois juste dire rapidement à mon patron que je ne viens pas aujourd’hui. »

      « Tu n’as pas à faire ça. »

      « Oh s’il te plaît, n’importe quelle excuse », dit Bryn.