Блейк Пирс

Si elle craignait


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au cours des dernières années. C’était un restaurant où ils venaient au moins deux fois par mois. Quand ils furent assis, Kate sentit combien l’endroit lui était familier et elle se demanda si c’était une autre chose à laquelle elle allait devoir s’habituer une fois retraitée – devenir une habituée de certains endroits et rester coincée dans une sorte de routine sans aucun véritable objectif.

      Mais la monotonie de l’endroit fut heureusement brisée par leur sujet de conversation. Allen allait prendre sa retraite dans trois mois. Il était cadre dans une agence de pub et il allait partir pour Chicago dans deux jours pour le travail. Il serait probablement absent une semaine mais ce serait également son dernier voyage d’affaires avant la retraite. Son entreprise tenait vraiment à le remercier pour les services rendus et Allen était enthousiaste en en parlant.

      « Ils m’ont dit que je pouvais inviter quelqu’un, » dit Allen. « Et qu’ils payeront pour tout. Alors, si tu veux passer quelques jours à Chicago avec moi… »

      « Ce serait super, » dit Kate.

      « J’ai remarqué que tu étais un peu… je ne sais pas… distante. Pas dans un mauvais sens. Mais on dirait que tu as la tête ailleurs. »

      « Tu n’as pas tort, » dit Kate. « Mais je pensais que je le cachais mieux que ça. »

      « Non, pas du tout, » dit Allen, en souriant. « Maintenant, si tu viens avec moi à Chicago, il faut que tu saches que je vais travailler la plupart du temps. Mais je te fais confiance pour trouver de quoi t’occuper en visitant la ville et en faisant un peu de shopping. »

      « Oui, je ne pense pas que j’aurai un problème avec ça. »

      La conversation entre eux était naturelle. Ça faisait presque un an qu’ils sortaient ensemble et près de cinq mois que leur relation était devenue sérieuse. Ils n’avaient pas parlé de se marier et ils avaient à peine effleuré la question de vivre ensemble – et ce n’était pas plus mal. Une grande partie du cœur de Kate appartenait toujours à son mari défunt, Michael. Quand elle essayait d’imaginer vivre le reste de sa vie avec Allen, le souvenir de Michael refaisait à chaque fois surface et elle n’était pas sûre d’être prête.

      « Est-ce que tu as parlé à Mélissa, dernièrement ? » demanda Allen.

      « Hier. Elle a appelé pour me dire que Michelle était sur le point de marcher. Elle n’y arrive pas encore tout à fait, mais elle y est presque… »

      « Les choses sérieuses commencent, » dit Allen. « Quand ils se mettent à marcher… »

      « Oh oui, je sais. Mélissa était une vraie terreur sur pattes quand elle a commencé à gambader. Je me rappelle une fois où elle… »

      Elle fut interrompue par la sonnerie de son téléphone. Elle tendit le bras vers son sac pour le prendre, en se disant que ça devait être Mélissa. Mais elle se ravisa. Si c’était Mélissa, elle laisserait un message et Kate pourrait la rappeler plus tard.

      Ils continuèrent à diner, en parlant des deux derniers voyages qu’ils venaient de faire ensemble. Kate avait remarqué la manière avec laquelle Allen la regardait dernièrement. Il y avait de la profondeur dans son regard, comme s’il essayait de la jauger. C’était un peu présomptueux de sa part, mais elle se demandait s’il envisageait de la demander en mariage. À leur âge, passer autant de temps ensemble ne voulait pas nécessairement dire qu’ils étaient sur le point de se marier, mais chaque jour pesait dans la balance. Elle ne savait pas du tout comment elle réagirait s’il lui posait la question, mais c’était quand même agréable d’y penser.

      Ils terminèrent leur repas et quand l’addition arriva, Allen s’en saisit. Il savait qu’elle n’avait aucun souci d’argent. En fait, quand elle avait pris sa retraite la première fois, elle avait eu droit à un montant confortable pour vivre le restant de ses jours. Mais quand il le pouvait, Allen tenait vraiment à lui montrer qu’elle pouvait se sentir en sécurité avec lui. Et pour lui, ça voulait dire que l’homme payait l’addition.

      « Je te rejoins, » dit Kate, quand elle le vit se lever de sa chaise, avec l’addition en main. « Je pense que Mélissa a appelé pendant qu’on dînait et j’aimerais la rappeler tout de suite. »

      « Dis-lui bonjour de ma part, » dit Allen, en se dirigeant vers l’entrée du restaurant.

      Kate sortit son téléphone et vit que l’appel ne venait pas de Mélissa. C’était Duran qui l’avait appelée.

      Elle sentit une pointe d’excitation, mais aussi de culpabilité. Elle savait que Duran l’avait appelée pour une seule raison – et surtout, à cette heure-ci. Et si son intuition avait vu juste, la raison de son appel voulait sûrement dire qu’elle pouvait oublier son voyage à Chicago avec Allen.

      Ça ne sert à rien de continuer à faire des suppositions, pensa-t-elle.

      Elle rappela directement Duran, en sachant qu’il n’était pas du genre à rester très longtemps au téléphone. Il décrocha après la première sonnerie.

      « Kate, comment allez-vous ? »

      « Bien. » Elle savait que le fait de l’appeler par son prénom signifiait qu’il était pressé – qu’il allait aller droit au but.

      « Si ça vous intéresse, j’ai une affaire pour vous. Ça ne devrait pas être trop compliqué, rien qui sorte de l’ordinaire. »

      « Bien sûr que ça m’intéresse. Vous pouvez m’en dire plus ? »

      « C’est dans le Delaware. Deux meurtres qui ont probablement un lien entre eux. J’ai besoin que vous y soyez dès demain. Quant aux détails, je laisserai l’agent en charge de l’affaire vous mettre au courant. »

      « Quel est le nom de l’agent ? »

      « DeMarco, » dit Duran. Elle crut déceler une pointe de joie dans sa voix, au moment où il prononça son nom. Même lui avait remarqué la manière productive avec laquelle elles travaillaient ensemble. « Elle a très bien géré l’enquête jusqu’à présent, mais il n’y a aucune piste et elle a besoin d’un coup de main. Mais bien entendu, elle ne l’admettra jamais. »

      « Est-ce qu’elle est au courant de ma venue ? »

      « Je l’appellerai dès qu’on aura raccroché. Ça ne vous dérange pas de conduire ? Le FBI vous remboursera l’essence. »

      « OK. » Et bien que ce soit une très bonne nouvelle, elle ne pouvait s’empêcher de penser à Allen et à Chicago.

      « Super. J’appelle DeMarco et je lui demanderai de me rappeler quand vous l’aurez rejointe. Merci, Wise. »

      Il raccrocha et Kate resta assise un moment à table, en essayant de reprendre ses esprits. Au moment où elle se leva de sa chaise, elle vit Allen qui l’attendait près de la porte d’entrée. Il avait un léger sourire aux lèvres.

      « Ce n’était pas Mélissa, n’est-ce pas ? » demanda-t-il, quand elle se rapprocha de lui.

      « Comment le sais-tu ? »

      « Tu as le visage détendu quand tu lui parles. Mais la conversation que tu viens juste d’avoir… tu étais assise droite comme un i et tu avais l’air très concentrée. C’était Duran, c’est ça ? »

      « Oui. »

      Il hocha la tête et lui ouvrit la porte pour la laisser sortir. Quand ils se retrouvèrent dehors sous les lueurs des réverbères, il lui prit la main. « J’imagine qu’il n’est plus question que tu viennes à Chicago ? »

      « Il m’a offert une opportunité, » dit-elle. « Je me suis dit qu’on pouvait en parler ce soir. »

      « Une enquête ? »

      « Oui, » dit-elle.

      « Et quand est-ce que tu devrais prendre la route ? »

      «