« Il y a un détecteur à la sonnette, » dit Nadine. « Quand quelqu’un arrive sur le porche, la caméra s’allume. Et elle enregistre jusqu’à ce que la personne soit entrée dans la maison ou qu’elle ait quitté le porche. »
« Alors, il n’y aura un enregistrement du jour où elle a été tuée que si quelqu’un est venu sur le porche, c’est bien ça ? » demanda Kate.
« C’est ça. Et… voilà, on y est. Il y a deux enregistrements vidéo de mercredi dernier… le jour où elle a été tuée. »
Les trois femmes se penchèrent sur le téléphone de Nadine pour regarder les enregistrements venant de l’appli. La première vidéo fut facile à écarter tout de suite. C’était un chauffeur UPS qui était venu déposer un carton sur le porche et qui était rapidement retourné à sa camionnette. Le carton n’était pas très grand et il y avait un logo Amazon bien visible sur le côté. Trois secondes plus tard, le chauffeur avait disparu et l’enregistrement s’arrêta.
Nadine afficha ensuite la deuxième vidéo et appuya sur Play. Elles virent une femme arriver sur le porche et sonner à la porte, qui fut ouverte quelques secondes plus tard. Il n’y avait pas d’audio, mais il était clair que la femme parlait avec la personne qui lui avait ouvert la porte – probablement Marjorie. Quelques secondes plus tard, elles virent d’ailleurs Marjorie sortir sur le porche et parler encore un peu à la femme, avant de rentrer à l’intérieur. La femme dit encore quelque chose par-dessus son épaule en descendant les marches et l’enregistrement s’arrêta.
« Vous savez qui est cette femme ? » demanda DeMarco à Nadine.
« Non, désolée. Mais vous avez dit que vous vouliez également regarder les enregistrements d’une autre date ? »
« Oui. Il y a exactement deux semaines. Est-ce qu’il y a des vidéos pour ce jour-là ? »
Nadine retourna en arrière et s’arrêta à la date demandée. Il y avait également deux enregistrements ce jour-là. Nadine lança tout de suite le premier, sans qu’on le lui ait demandé.
Kate reconnut tout de suite l’homme qui arriva sur le porche pour sonner à la porte : c’était Mike Wallace. Il portait le même uniforme Hexco qu’il y a une heure. Quelques secondes plus tard, la porte s’ouvrit. Il parla à quelqu’un pendant un court instant avant qu’on l’invite à entrer.
Nadine les regarda pour voir si elles avaient quelque chose à dire. Quand elle vit qu’elles restaient impassibles, elle cliqua sur le deuxième enregistrement. « Celui-là est à peine quatorze minutes plus tard. »
Elle appuya sur Play et elles virent exactement l’opposé de ce qui venait de se passer. Mike Wallace sortit par la porte d’entrée et se retrouva dans le cadre de la vidéo. Il se retourna et parla encore un peu à quelqu’un qui se trouvait à la porte – probablement Marjorie Hix. La conversation dura à peine vingt secondes et Mike descendit ensuite les marches. Avant que le départ de Mike n’ait eu le temps d’arrêter l’enregistrement, la caméra détecta encore du mouvement. Marjorie Hix sortit sur le porche avec un arrosoir et se mit à arroser un pot de lilas accroché à la rambarde.
Bien que ça ne prouve pas grand-chose, le fait qu’il n’y ait aucune vidéo de Mike Wallace le jour où elle avait été assassinée était un alibi assez solide.
« Autre chose ? » demanda Nadine.
Kate et DeMarco échangèrent un regard et elles secouèrent toutes les deux la tête en même temps. Kate ne savait pas si DeMarco pensait la même chose qu’elle, mais il y avait de grandes chances que ce soit le cas.
Les enregistrements vidéo éliminaient Mike Wallace en tant que suspect. Mais le mari…
« Il y a un garage sur le côté de la maison, » dit Kate. « On dirait qu’il est à un niveau légèrement plus bas que la maison, je me trompe ? »
« Oui, c’est bien ça. Vous voulez le voir ? »
« Non, ce n’est pas nécessaire. Mais est-ce que vous savez si c’est là que monsieur Hix avait l’habitude de se garer ? »
« Oui, je suis presque sûre que c’était le cas. »
« Et j’imagine qu’il y a une autre porte d’accès à la maison depuis le garage ? »
« Bien sûr. » Elle montra du doigt une porte qui se trouvait à l’arrière de la maison, au fond de la cuisine. « Juste là. »
Alors il n’avait même jamais besoin de passer par la caméra de l’entrée, pensa Kate.
Bien que les vidéos aient écarté Mike Wallace en tant que suspect, elles n’avaient pas permis d’éliminer les soupçons qu’elle nourrissait à l’égard du mari.
Kate regarda le salon – les meubles, les bibelots et autres objets coûteux. Elle trouvait difficile à croire que quelqu’un puisse tout simplement abandonner tout ça.
« Est-ce que vous savez où monsieur Hix séjourne pour l’instant ? »
Et sur ce point, Nadine leur fut également d’une aide précieuse.
CHAPITRE SIX
Apparemment, le mari de Marjorie Hix – Joseph Hix, cinquante-trois ans – avait beaucoup mieux réussi que son frère. Alors que Joseph Hix possédait une maison dans un quartier nanti de banlieue et qu’il, selon les rapports de police, avait gagné près que quatre cent mille dollars l’année précédente, son frère, Kyle, vivait dans un immeuble d’appartements plutôt délabré. Il était situé dans un quartier de la ville encore potable, mais il n’était qu’à quelques pâtés de maisons d’un quartier un peu moins fréquentable.
L’immeuble d’appartements avait été conçu de manière que les cages ouvertes d’escaliers ressemblent à des séparations entre des maisons de ville, mais Kate avait déjà vu assez souvent ce genre d’immeubles pour savoir que ce n’était pas le cas. Elles gravirent les deux volées de marches et arrivèrent devant l’appartement de Kyle Hix. Kate frappa à la porte.
Elle ne s’attendait pas forcément à une réponse, alors quand la porte fut presque immédiatement ouverte, elle fut prise par surprise. Non seulement ça, mais la manière agressive et violente avec laquelle la porte s’ouvrit la fit légèrement sursauter. Elle faillit même tendre la main vers son arme.
L’homme qui ouvrit la porte avait l’air à moitié fou – épuisé et furieux d’avoir été dérangé, il plissait les yeux sous l’effet de la lumière naturelle.
« Qui êtes-vous ? » demanda l’homme.
« Êtes-vous Joseph Hix ? » demanda Kate.
Il grogna, comme s’il n’en était pas tout à fait sûr lui-même. Il était également clair qu’il n’avait pas du tout l’intention de répondre à la question. Kate sentit une odeur d’alcool – quelque chose de fort. Du whisky, probablement.
DeMarco fut la première à sortir son badge, suivie par Kate. Elle laissa DeMarco prendre l’initiative, vu qu’une partie de l’accord qu’elle avait avec Duran et le FBI, c’était qu’elle devait également veiller à former sa jeune coéquipière.
« Agents DeMarco et Wise, » dit DeMarco. « Nous sommes actuellement basées à Frankfield pour enquêter sur le meurtre de votre femme. »
L’homme hocha la tête et s’éloigna de la porte d’entrée. Il tituba légèrement en le faisant et Kate comprit tout de suite que ça ne devait pas faire très longtemps qu’il avait bu de l’alcool – et il n’était même pas deux heures de l’après-midi.
« Ouais… c’est moi, Joseph. Et j’aurais pu vous épargner le voyage jusqu’ici. Je sais qui l’a tuée. Venez, entrez… Je vais vous aider. » Il fit la grimace, apparemment amusé