renouvelé au Moyen Orient était leur seule option possible.
À moins, pensa-t-il soudain, qu’il ait un nouveau conseiller.
Il sortit une carte de visite de sa poche et composa le numéro inscrit dessus.
“Sanders,” répondit l’assistante qui lui avait parlé sur la pelouse de la Maison Blanche.
“C’est l’Agent Kent Steele à l’appareil,” lui dit-il. “Nous nous sommes parlé ce matin…”
“Je m’en souviens,” dit-elle abruptement. Il y avait une tension dans sa voix, certainement due aux récents événements. “Que puis-je faire pour vous, Agent ?”
“Je dois parler au Président Pierson.”
“J’ai bien peur qu’il ne soit en réunion,” dit Sanders. “Je suis sûre que vous êtes au courant de ce qui se passe…”
“En effet.” Cette fois, Zéro lui coupa la parole. “Et c’est justement la raison de mon appel. C’est une question de sécurité nationale, Mademoiselle Sanders. Donc, soit vous pouvez m’arranger une entrevue avec le Président Pierson, soit vous aurez à lui expliquer plus tard que vous vous êtres interposée entre lui et tout ce qui est sur le point de se produire.”
CHAPITRE HUIT
Moins d’une demi-heure plus tard, Zéro était de retour à la Maison Blanche, rapidement escorté le long du couloir jusqu’au Bureau Ovale. Il tenta de défroisser les plis de sa chemise, même si ça n’avait pas grande importance était donné les circonstances.
Il fut admis dans le sanctuaire privé du président, où il fut surpris de trouver Pierson seul. Zéro se serait attendu à un bouillonnement d’activité, un bataillon d’assistants et de membres du cabinet en train de passer des appels ou tapoter sur des claviers d’ordinateurs portables afin de communiquer avec des dizaines d’agences diverses et de puissances étrangères.
Pourtant, il n’y avait rien de tout ça. Le Président Pierson se leva de son siège quand Zéro entra et on aurait dit qu’il avait vieilli de dix ans depuis le matin. Sa cravate était desserrée autour de son cou et les deux boutons supérieurs de sa chemise blanche étaient défaits.
“Agent Steele.” Pierson tendit la main droite, puis se mit à rire de sa bourde et serra la main gauche de Zéro. “Désolé, j’ai encore oublié pour votre main. Bon sang, quel bazar.”
“Oui, j’ai appris la nouvelle.” Zéro balaya le bureau des yeux. “Je dois admettre que je m’attendais à voir plus de monde ici.”
“Les différents responsables sont actuellement rassemblés en Salle de Crise.” Pierson soupira et s’appuya contre son bureau à deux mains. “Ils m’attendent d’ailleurs. Même si je suis ravi que vous soyez là, Zéro, j’ai bien peur que notre discussion doive être reportée.”
“Monsieur le Président,” insista Zéro, “j’ai des informations.” Les doigts de sa main gauche frôlèrent sa poche, dans laquelle se trouvait la clé USB. “Avant de rejoindre vos ministres, il faut vraiment que vous…”
“Monsieur.” La porte du Bureau Ovale s’entrouvrit et le visage d’Emilia Sanders apparut. Son regard passa du président à Zéro et inversement. “On vous attend.”
“Merci, Emilia.” Pierson resserra sa cravate sur sa gorge et fit courir ses paumes le long de sa chemise. “Je suis désolé, Zéro, mais mon attention est requise ailleurs.”
“Monsieur.” Il avança d’un pas et baissa d’un ton, chuchotant presque. Il devait balancer un scud : il ne pouvait en aucun cas laisser entrer Pierson dans la Salle de Crise sans qu’il soit informé. “J’ai de très bonnes raisons de croire que vous ne pouvez pas faire confiance aux personnes qui vous conseillent.”
Le président fronça les sourcils. “Quelles raisons ? Que savez-vous ?”
“J’ai…” Zéro allait parler, mais il jeta un coup d’œil par-dessus son épaule et vit un agent des Services Secrets debout dans l’encadrement de la porte du Bureau Ovale, attendant d’escorter le président jusqu’à la Salle de Crise. “Je ne peux pas vous l‘expliquer tout de suite. Tout ce dont j’ai besoin, c’est de cinq minutes. Seuls.”
Pierson se frotta le menton. Il avait l’air las. “Venez avec moi.”
“Monsieur ?”
“Assistez à la réunion. Ensuite, je vous accorderai vos cinq minutes.” Pierson se dirigea vers la porte et Zéro le suivit. C’était tout ce qu’il pouvait faire. Il ne parviendrait pas à dissuader le président d’assister à une réunion au sujet d’une crise relative à la sécurité nationale. Et si ça lui permettait d’obtenir cinq minutes, seul à seul avec Pierson, alors il le suivrait dans la cage aux lions.
*
La Salle de Conférence John F. Kennedy, située dans le sous-sol de l’aile ouest et connue de la plupart sous le nom de Salle de Crise, était le centre de gestion des renseignements de la Maison Blanche, un dispositif de communications de plus de trois-cents mètres carrés permettant à certains des hommes les plus puissants au monde de maintenir la sécurité à partir d’un seul endroit.
Et Zéro venait apparemment de gagner le droit de s’asseoir à la table.
Le Président Pierson entra dans la pièce à la suite des deux membres des Services Secrets qui se placèrent immédiatement de chaque côté des doubles portes permettant d’y accéder. Zéro ferma la marche. C’était maintenant que se produisait le bouillonnement d’activité auquel il s’était attendu à son arrivée. Il y avait là quatorze personnes à la longue table rectangulaire qui occupait la longueur de la pièce, et chacune d’entre elles se leva à l’arrivée du président.
Zéro balaya rapidement la pièce des yeux en regardant tous les visages. Il les reconnut presque tous : le Conseiller de la Sécurité Nationale était présent, le Conseiller de la Sécurité Intérieure, ainsi que le Secrétaire Général de la Maison Blanche, le Secrétaire de la Défense Quentin Rigby, le DRN John Hillis, et l’Attachée de Presse Christine Cleary, entre autres. Il ne put s’empêcher de constater amèrement qu’à part lui, Pierson et Cleary, tous les autres dans la pièce étaient des hommes de plus de cinquante-cinq ans.
Il fut légèrement soulagé de voir que la CIA n’était pas représentée dans la salle. Il s’était dit que, peut-être, le Directeur Mullen ou même la Directrice Adjointe Riker seraient présents. Mais c’était une affaire de chefs d’état et la CIA était représentée par le DRN Hillis qui serait celui en mesure de relayer les informations à Mullen.
“Asseyez-vous, s’il vous plaît.” Pierson s’assit dans un fauteuil noir en bout de table, celui qui était le plus près des portes. Il fit un geste pour désigner le siège vide à sa droite et Zéro s’y installa.
Plusieurs paires d’yeux le dévisagèrent en train de s’asseoir, mais seul le Secrétaire de la Défense ouvrit la bouche. Le Général quatre étoiles à la retraite Quentin Rigby avait le cou et les épaules raides. Il arborait de profondes rides sur le visage qui suggéraient qu’il avait vu les pires aspects de l’humanité. Sa perspicacité ne l’empêchait pas de dire ce qu’il pensait.
“Monsieur le Président.” Rigby resta debout en s’adressant à Pierson. “Je ne crois pas devoir vous rappeler que ce dont nous allons discuter est hautement confidentiel…”
“C’est noté, Général Rigby, je vous remercie.” Pierson coupa le général d’un geste de la main. “L’Agent Steele intervient ici comme conseiller en ce qui concerne la sécurité. Il est validé par la CIA et a prouvé sa capacité de discrétion à maintes reprises, sans parler du fait que c’est le seul dans cette pièce qui ait une expérience récente du type de situation que nous