Морган Райс

Le Sceptre De Feu


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et il ne restait plus que lui. Mais il ne pouvait pas simplement fuir. La sixième dimension était pleine de parchemins et de manuels, d’artefacts et d’armes. Avant de pouvoir partir, il devait sécuriser la pièce et la verrouiller de manière sûre. Si une technologie de prophète tombait entre de mauvaises mains, cela pourrait signifier la fin du monde.

      Il y avait cependant un très gros problème. Le professeur Amethyst avait épuisé presque tous ses pouvoirs. Après avoir créé le trou de ver dans le kapok pour évacuer son personnel ainsi que ses élèves, le deuxième portail pour Oliver Blue et ses amis, puis avoir projeté sa voix à travers les vortex temporels et fait diverger les deux chemins, le vieil homme était épuisé. Et à cause des secousses violentes de l’école qui s’écroulait, l’ascenseur – supersonique, comme il l’avait inventé – était hors service. Le professeur Amethyst, habitué à être transporté sur les cinquante étages en quelques secondes, devrait emprunter les escaliers. Il lui faudrait monter cinquante étages pour atteindre la sixième dimension. Il n’avait aucune idée de la façon dont ses vieux genoux fragiles pourraient supporter une telle entreprise. Mais il n’y avait pas d’autre choix. Il devait s’assurer qu’aucune des armes ou des inventions ne serait un jour rendue publique.

      Il entama son ascension. Mais il n’avait atteint que le palier du premier étage lorsqu’il entendit un affreux bruit provenant du hall en dessous de lui.

      Se précipitant vers le balcon, le professeur Amethyst jeta un coup d’œil vers l’atrium central en dessous. De nombreuses branches du kapok étaient déjà cassées, de même que les passerelles qu’elles avaient précédemment soutenues, et les débris gisaient sur le sol. Mais là, entre les morceaux de plâtre et de béton ainsi que les épaisses branches de bois, le professeur Amethyst vit une lumière scintiller.

      — Un portail, dit-il à haute voix.

      Il savait ce que cela signifiait. Il n’existait que peu de prophètes dotés de tels pouvoirs, et un seul lui venait à l’esprit qui voudrait pénétrer dans l’école.

      Effectivement, le grand portail s’élargit et s’élargit jusqu’à être assez grand pour qu’un flot d’élèves puisse en sortir en file indienne. Ils portaient tous l’uniforme noir reconnaissable de l’École des Prophètes de Dame Obsidienne.

      Le professeur Amethyst plissa les yeux de colère. Magdalena Obsidienne avait été, bien des années auparavant, son élève la plus brillante. Son esprit avait été puissant et sans limites. Un esprit pour rivaliser avec le sien. Une intelligence égale à celle de Newton. De da Vinci. D’Oliver Blue. Il avait voulu lancer des défis à la jeune prophète, mais les missions pour lesquelles il l’avait envoyée lui avaient fait perdre la tête. Elle avait voulu plus de connaissances, plus d’accès, plus d’artefacts, et elle voulait prendre toutes ses connaissances de l’avenir pour les appliquer au passé.

      Au début, sa quête était admirable ; utiliser la prescience pour épargner à l’humanité les erreurs du passé. En effet, presque tous les jeunes prophètes à qui le professeur Amethyst avait enseigné avaient demandé la même chose. “Pourquoi ne pouvons-nous pas changer le passé ?” Mais là où la plupart d’entre eux avaient accepté que le devoir du prophète soitune de suivre les directions de l’univers, de réparer les fentes et fissures dans l’ordre des choses, Magdalena Obsidienne avait refusé de l’accepter. Dans son esprit idéalisé, de tels évènements devraient être réécrits, que l’univers l’ait choisi ou non.

      “La tâche d’un prophète est de garder le monde sur la voie de la moindre destruction”. Le professeur Amethyst se souvint lui avoir dit cela une fois dans son bureau, alors qu’ils étaient assis près de la cheminée, et qu’elle n’était qu’une jeune fille de douze ans. “Nous ne pouvons pas effacer Hitler, mais nous pouvons l’empêcher d’obtenir une bombe nucléaire. Nous ne pouvons pas arrêter les grandes guerres mondiales, mais nous pouvons minimiser le nombre de leurs victimes.”

      Mais la fille avait réfuté ses assertions. Elle avait refusé de suivre ses enseignements, d’accepter qu’un prophète ne devait pas détourner complètement le cours de l’histoire. Et une fois qu’elle avait découvert qu’elle était une prophète de cobalt et avait commencé à faire des recherches sur tous les grands noms cobalt, eh bien, son esprit s’était obscurci. Finalement, elle avait choisi son propre chemin dévastateur, avait fait cavalier seul et créé sa propre école, trouvant de jeunes prophètes avant que le professeur Amethyst ne puisse le faire et corrompant leurs esprits influençables.

      Il n’avait eu d’autre choix que de jeter un sort de protection autour de l’école qui lui interdisait d’entrer. Non pas qu’une telle chose puisse arrêter Magdalena Obsidienne. Maintenant, elle envoyait simplement des enfants exécuter sa volonté, ou manipulait les lois des dimensions à ses propres fins. Il savait ce qu’elle avait fait avec Edmund. Elle lui avait fait perdre la tête en se projetant à travers les dimensions, une chose extrêmement dangereuse qu’il n’avait fait qu’une seule fois, par désespoir, afin de dire à Oliver qu’il avait besoin qu’il trouve le Sceptre du Feu. Il savait aussi qu’elle avait envoyé sa petite armée d’élèves dans le temps, qu’elle avait même fait appel à l’armée obscure. Elle ne se salissait jamais les mains. Le professeur Amethyst avait médité bien des heures sur la raison. Il en était venu à la conclusion qu’elle savait que si elle regardait à nouveau son ancien mentor dans les yeux, elle devrait faire face à la réalité de sa situation. Qu’elle avait tort. Qu’elle s’était dévoyée. Qu’elle n’avait laissé que destruction et chaos dans son sillage.

      Tout à coup, le professeur Amethyst entendit les pas bruyants des obsidiennes alors qu’ils commençaient à s’élancer sur les marches vers lui. Il redoubla d’efforts pour monter. Mais il sentit ses genoux craquer. Ses os et ses muscles n’étaient pas assez forts pour cela. Il avait des milliers d’années, après tout. Son corps de prophète ne pouvait endurer plus.

      Il devrait les combattre.

      La dernière chose que le professeur Amethyst souhaitait était de combattre contre des enfants, en particulier ceux qui avaient subi un lavage de cerveau par Magdalena Obsidienne. Mais, d’un autre côté, chaque minute passée par les obsidiennes à l’École des Prophètes était un moment supplémentaire où ils ne poursuivaient pas Oliver ou Esther dans leur quête du Sceptre de Feu. Peut-être pourrait-il faire gagner un peu de temps aux deux équipes en créant une distraction.

      À ce moment-là, il entendit les pas atteindre le palier derrière lui. Il pivota. Quatre enfants lui faisaient face ; une fille avec des tresses rousses, une seconde avec des cheveux et des ongles noirs, un garçon pâle avec des pommettes osseuses et un long nez fin et maigre, et un dernier garçon, avec de larges épaules comme un quarterback et des yeux d’un noir charbonneux déconcertants.

      — Ah, dit jovialement le professeur Amethyst aux quatre. Bienvenue. Êtes-vous des élèves potentiels ? Je crains que l’école ne soit en train de subir une sorte de transformation en ce moment. Elle est en train de disparaître du temps. Il est donc peu probable que je puisse admettre de nouveaux étudiants tant que les vieux problèmes n’auront pas été résolus.

      Les quatre enfants se regardèrent les uns les autres, confus, leurs expressions viles et vaniteuses. Le professeur Amethyst n’éprouvait que de la pitié pour eux, pour avoir échoué à les trouver avant Magdalena Obsidienne, et les ego gonflés qu’elle leur avait donnés.

      — Qu’est-ce que tu marmonnes, mon vieux ? dit le grand garçon.

      Le garçon plus sombre se tourna vers lui et ricana. D’une voix méchante, il dit :

      — Tu ne sais pas qui c’est ? C’est le professeur Amethyst.

      Le directeur continua avec sa tactique de distraction. Il posa une main sur sa poitrine.

      — Oh ! Suis-je célèbre ?

      Mais les enfants avaient perdu patience. Ils le fixèrent d’un air noir, les dents découvertes comme des créatures sauvages, et commencèrent à avancer.

      Le