de faire.
Elle devait trouver Geneviève ; Olivia n’en connaissait pas les raisons, mais elle le devait.
— Êtes-vous sûre qu’il soit prudent d’être si loin des forces de votre père, ma Dame ? demanda Haam.
Olivia savait qu’il ne faisait qu’exprimer les préoccupations des autres. Elle ne lui en voulut même pas. C’était un endroit dangereux pour eux tous.
— Vous êtes là pour me protéger, leur dit-elle, je ne risque donc rien.
Ces mots les firent se redresser instantanément avec fierté. Ces trois-là n’étaient pas des chevaliers, et la différence était évidente. Leurs armures avaient connu maintes batailles et avaient été probablement reconstituées à partir d’une douzaine différentes, leurs chevaux étant plus aptes à tirer une charrue qu’à charger sur un champ de bataille. Leurs armes étaient simples et fonctionnelles, et leur nervosité était évidente, regardant autour d’eux au moindre bruit venant des bas-côtés de la route alors qu’ils continuaient vers le sud.
— Mais c’est encore loin ? demanda William, alors qu’ils arrivaient à un carrefour.
Ils s’arrêtèrent, essayant de deviner quelle direction prendre.
— On devrait songer à faire demi-tour, proposa Haam.
Olivia s’agitait sur son destrier, distraite, jouant avec la bague que Royce lui avait donnée lors de leurs fiançailles ; la bague de sa famille, mais aussi le symbole de leur amour. Elle la caressait, et ce faisant, elle pensait à Geneviève. Elle pensait à la façon dont cette autre femme avait regardé le château et à l’importance qu’elle avait manifestement pour Royce.
— Nous continuerons autant que nécessaire jusqu’à ce que nous la trouvions, décida Olivia. Je pense qu’elle se dirige vers le campement du roi. Nous devons l’atteindre avant qu’elle n’y arrive.
— Et si nous n’y arrivons pas ? demanda Wells.
Olivia haussa les épaules, mais seulement parce qu’elle savait qu’elle ne pouvait pas dire ce qu’elle pensait : que si nécessaire, elle abattrait n’importe quel mur, trouverait un chemin à travers n’importe quelle armée, pour atteindre Geneviève. Elle était devenue son obsession, une idée fixe qui ne voulait pas disparaître. Olivia savait qu’elle ne trouverait pas le bonheur avec Royce, tant la situation avec Geneviève était trouble, sachant qu’elle éprouvait encore des sentiments pour lui. Elle avait besoin de la trouver.
— Geneviève aura rejoint Altfor, dit Olivia en esquivant la question. Altfor est avec le roi Carris, donc on sait où elle se rend. Cela nous laisse une chance de la rattraper avant qu’elle n’y arrive.
— Je l’espère, dit Wells, mais nous devons réfléchir à nous fixer une limite. Jusqu’où faudra-t-il aller avant de rebrousser chemin ?
— Nous irons aussi loin qu’il le faudra, dit Olivia, d’une détermination absolue.
À ce moment-là, elle savait qu’elle suivrait Geneviève au milieu d’un feu ardent s’il le fallait.
— Et nous perdons notre temps ici alors que nous pourrions avancer. Chaque moment où nous restons ici à hésiter est un moment où elle s’éloigne de nous.
Olivia reprit la route dans la direction où, d’après leurs informations, était située la cour du roi Carris, talonnant son cheval au galop. Elle se fichait que les autres réussissent à suivre ou non. Leurs chevaux se précipitèrent à côté du sien, et de loin, ils ressemblaient probablement à une noble dame chevauchant avec son escorte de chevaliers.
Finalement, ils traversèrent des peuplements d’arbres, puis montèrent au sommet d’une colline. De là-haut, Olivia put voir l’armée du roi Carris se déployer en contrebas, bannière après bannière, alors que des nobles s’étaient joints à lui pour exprimer leur soutien. Il y avait des milliers d’hommes, des soldats et des chevaliers, des archers et des lanciers. Les nobles et les chevaliers avaient leurs tentes séparées des autres, chacun avec leur petit cercle de serviteurs et de valets.
Au cœur de toute cette agitation se trouvait un donjon, solide et imposant. Instinctivement, Olivia savait que Geneviève y serait. Altfor y serait allé pour trouver le roi, et Geneviève y serait allée pour trouver Altfor. Elle était peut-être restée un peu dans le camp alentour, mais Olivia devinait que cela n’aurait été que peu de temps. Elle aurait marché en direction des portes, se frayant un chemin…
…comme elle l’avait fait au château d’Olivia.
C’était peut-être ce qui l’avait poussée à vouloir retrouver Geneviève. Elle savait que quelqu’un qui s’était présentée de cette manière, exigeant de voir Royce, ne s’arrêterait pas là. Elle n’abandonnerait jamais sur un échec. Elle frotta de nouveau la bague qu’elle portait…
— J’y vais, déclara Olivia en faisant avancer son cheval une fois de plus.
Haam s’y opposa, saisissant les rênes du cheval.
— Ma Dame, vous n’irez pas là-bas, dit-il.
— Tu n’as pas à me dire ce que je dois ou ne dois pas faire, répondit Olivia, surprise de sa propre façon de parler. Je dois le faire. J’ai besoin de…
— Nous devons rentrer chez nous, s’exclama William. Nous sommes allés trop loin. Nous sommes aux portes du camp ennemi !
— Tu peux rentrer chez toi si tu veux, grinça Olivia. Elle descendit de cheval, se dirigeant vers le donjon. Je trouverai un moyen d’y parvenir.
— Non, dit Wells. C’est du suicide.
William et lui descendirent de cheval et s’emparèrent d’Olivia, l’empêchant d’aller plus loin. Elle se retint de se débattre afin de se libérer et de s’enfuir là-bas. Elle devait trouver Geneviève... quoi qu’il en coûte.
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