Морган Райс

Les Destinés


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Il n’est pas plus étrange que le reste d’entre nous, fit remarquer Matilde.

      — Il est beaucoup plus dangereux, dit Neave, d’une expression sérieuse. Ce n’est pas une bonne idée.

      Bonne idée ou pas, Royce était sûr que c’était la chose à faire. Il talonna son cheval, en direction d’Ablaver, avec Ember dans les airs, en tête. Si l’oiseau avait la moindre idée de la raison pour laquelle il avait été amené à trouver le bhargir qui suivait maintenant, il n’en donna aucune explication.

      ***

      La ville d’Ablaver frappa Royce par son odeur avant même qu’il ne la voie, l’odeur de poisson mêlée à celle de la mer laissait présager de ce qui s’y passait. Cette odeur lui donna envie de faire demi-tour et de repartir, mais il continua.

      La vue de la ville n’améliora pas son opinion, par la laideur des stations baleinières, où de si grandes et si belles créatures éviscérées donnaient envie à Royce de vomir. Il ne le fit pas, mais non sans efforts.

      — Nous ne pouvons pas dire aux gens qui nous sommes, avertit-il.

      — Parce qu’un groupe avec une Picti et un chevalier pourrait être n’importe qui, ironisa Mark.

      — Si les villageois le demandent, nous sommes des mercenaires, à la recherche de notre prochain engagement, dit Royce. Les gens vont probablement supposer que nous sommes des déserteurs, des bandits, ou quelque chose de la sorte.

      — Je ne veux pas que les gens me prennent pour un bandit, dit Bolis. Je suis un guerrier loyal d’Earl Undine !

      — Et pour l’instant, la meilleure façon d’être loyal, c’est de faire semblant d’être quelqu’un d’autre, insista Royce.

      Le chevalier sembla comprendre le message. Il étala même de la boue sur son bouclier, non sans maugréer, afin que personne ne voie l’héraldique qui s’y trouvait.

      — Que tout le monde garde ses capuches. Surtout toi, Neave.

      Royce n’était pas sûr de la réaction des habitants de la ville face à un Picti. Il ne voulait pas avoir à affronter toute une ville. C’était déjà assez grave que Gwylim marche à leurs côtés, beaucoup trop grand et effrayant pour un simple loup.

      Ils entrèrent dans le cœur de la cité, regardant à l’entour les bâtiments délabrés tout en descendant vers les quais et les navires amarrés. La plupart d’entre eux n’étaient guère plus que des bateaux de pêche, mais certains des baleiniers étaient plus grands, et parmi eux se trouvaient des nefs et de longs navires qui semblaient être utilisés pour le commerce.

      Il y avait des tavernes où Royce pouvait entendre les bruits d’ivresse et de violence courantes pour ce genre d’endroits, et des étals de marché où la viande rance et les produits exotiques fins étaient disposés côte à côte.

      — Nous devrions nous disperser, dit Matilde en louchant vers une taverne.

      Royce secoua la tête.

      — Nous devons rester ensemble. Nous irons aux docks, trouverons un bateau, et ensuite nous pourrons explorer.

      Matilde n’eut pas l’air satisfaite de cette décision, mais pourtant, ils se dirigèrent ensemble vers les docks. Là, les choses semblaient se dérouler plus paresseusement, avec des marins sur les ponts des navires ou assis au soleil.

      — Comment allons-nous nous y prendre ? demanda Mark, en regardant autour de lui. Trouver un capitaine qui nous conduira sur les Sept Îles ne sera pas chose aisée.

      Royce ne pensait pas qu’il y ait une bonne réponse à cette question. D’après lui, il n’y avait qu’une seule option, et elle était tout sauf subtile.

      — Écoutez-moi ! cria-t-il par-dessus le brouhaha des docks. J’ai besoin d’un bateau. Y a-t-il un capitaine ici prêt à naviguer vers les Sept Îles ?

      — Est-ce que c’est très sage ? demanda Bolis.

      — Comment allons-nous trouver quelqu’un sinon ? demanda Royce.

      Même s’ils entraient dans les tavernes et demandaient discrètement, les nouvelles se répandraient rapidement. C’était peut-être encore mieux ainsi. Il éleva la voix.

      — S’il vous plait… qui nous emmènera dans les Sept Îles ?

      — Pourquoi veux-tu aller là-bas ? répondit une voix d’homme.

      L’homme qui s’avança portait les soies brillantes d’un marchand, et un ventre rebondi trahissant une vie bien trop facile.

      — J’ai des affaires là-bas, dit Royce, ne voulant pas en dire plus. Il y a des gens qui engageraient mes compétences et celles de mes compagnons.

      L’homme s’avança encore. Royce regarda son visage, cherchant tout signe que l’homme les avait reconnus. Mais il ne décela rien d’inquiétant.

      — Quelle genre d’affaire ? demanda l’homme. Vous êtes des bouffons, des jongleurs ?

      Royce réfléchit rapidement. Peut-être qu’ils ne pouvaient pas passer pour des mercenaires si facilement, mais ça…

      — Bien sûr, dit-il. Il évita de croiser le regard de Bolis. Nous avons rendez-vous dans les Sept Îles.

      — On a dû vous promettre une belle somme pour vous y rendre, dit le capitaine. Ce qui veut dire que vous pouvez payer, n’est-ce pas ?

      Royce sorti une petite bourse.

      — Jusqu’à un certain point.

      Si cela les amenait jusqu’à son père, il paierait toutes les couronnes qu’il avait sur lui et plus encore. Il jeta la bourse au capitaine.

      — Est-ce suffisant ? demanda Royce.

      C’était l’autre danger. Le capitaine pouvait prendre l’argent et partir en courant jusqu’à son navire, et si Royce faisait quoi que ce soit pour essayer de l’arrêter, cela ne ferait que montrer clairement qui ils étaient. Pendant un moment, tout sembla s’arrêter.

      Puis le capitaine hocha la tête.

      — Oui, ça suffira. Je vous emmènerai dans les Sept Îles en un seul morceau. Après ça, vous vous débrouillerez.

      CHAPITRE DEUX

      Geneviève s’éloigna de la ville encore toute étourdie, incapable de croire ce qui s’était passé au château d’Altfor. Elle y était allée pleine d’espoir, mais désormais elle avait l’impression de n’être pas plus qu’un fantôme. Elle avait pensé qu’une fois les forces du duc vaincues, et Royce victorieux, elle aurait pu aller vers lui, être avec lui.

      Au lieu de cela, ses pensées errantes la ramenèrent à la vision de la bague au doigt d’Olivia, proclamant ses fiançailles avec l’homme qu’elle aimait.

      Geneviève chancela alors que son pied s’accrochait au sol, la douleur se propageant dans sa cheville alors qu’elle se la tordait. Elle boitait désormais, comme pour en rajouter à sa misérable situation. Et personne aux alentours ne viendrait à son secours.

      — J’aurais dû écouter la sorcière, se dit-elle en marchant.

      L’énigmatique femme, Lori, avait essayé de l’avertir qu’elle ne trouverait que chagrin et déception en se rendant au château. Elle avait proposé à Geneviève deux chemins, et lui avait promis que celui qui ne menait pas à Royce était celui qui la rendrait heureuse. Geneviève ne l’avait pas crue, mais maintenant… c’était comme si son cœur avait disparu.

      Une partie d’elle se demandait s’il était encore possible d’emprunter cette deuxième voie, mais même si elle le désirait, Geneviève savait que cette possibilité avait disparu. Pas seulement parce que ce chemin ne se