T. K. Falco

AntiAmerica


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qui l'entouraient. Une nuit ordinaire à South Beach. La circulation sur Washington Avenue avançait de façon régulière mais à allure d'escargot. Aucune foule devant les clubs et boutiques aux néons allumés pour l'instant. Les quelques individus sur les trottoirs s'occupaient de leurs propres affaires.

      Personne de l'UFCC ne la suivait, pour autant qu'elle sache. L'agent McBride jurait que ses hommes pouvaient être en train de l'épier à tout instant. Alanna n'était pas certaine que ce soit la vérité ni que ce soit encore une de ses tentatives de manipulation mentale. Une chose sur laquelle l'agent de l'UFCC avait été claire c'était le manque de confiance qu'elle avait à son endroit. Ce fait fut rappelé à Alanna jusqu'au moment ou elle l'avait déposée devant son immeuble.

      L'unique chose positive était que les fédéraux avait laissé son appart en bien meilleur était qu'ils ne l'avaient fait avec celui de Javier. Un bénéfice de son statut de balance. Qu'elle le veuille ou non, les contenter était à présent son travail à temps plein. Elle laissa des messages dans lesquels elle demandait des nouvelles de Javier sur la messagerie vocale de ce dernier, à ses parents, cousins et amis afin de maintenir l'illusion qu'elle était en train de remplir sa part du contrat.

      Elle se dirigea vers le panneau de signalisation et tourna au coin de la rue. Elle se mit à ralentir quand l'enseigne rose vif épelant Serendipity en lettres cursives entra dans son champ de vision. C'était presque le soir. Nul ne faisait la queue devant le club. Le vigile baraqué debout devant la porte tapota son dégradé et arrangea la veste grise de son complet alors qu'elle l'approchait.

      Alanna retira de son sac à main le permis de conduire de Jessica. Le malabar lui arracha la carte des mains. Il la leva au niveau de la lumière néon qui clignotait au dessus de la porte d'entrée. Son regard fit le va et vient entre la photo de la carte et son visage. Il pouvait la dévisager tant qu'il voudrait. Personne n'arrivait jamais à détecter la contrefaçon. Elle en avait fait la demande au bureau des immatriculations en se faisant passer pour la véritable Jessica.

      Les comptes en banque qu'elle avait ouvert au nom de Jessica correspondait au numéro de sécurité sociale d'une petite fille de cinq ans. Le numéro avait été dérobé auprès de la même société d'hébergement de dossiers médicaux. Les agences de crédit de vérifie pas les numéros. Alanna n'était pas en train d'utiliser ces comptes pour voler qui que soit alors ils n'avaient aucune raison d'être soupçonneux. En ce qui concernait la petite fille, il faudrait des années avant qu'elle ne commence à se préoccuper de son historique bancaire.

      Le vigile lui rendit le permis puis lui ouvrit la porte. Elle surpris l'expression stoïque de son propre visage dans le miroir sur le mur de l'entrée. La montée d'excitation de la veille s'était évaporée. Tout ce qu'il en restait était un état d'engourdissement émotionnel qui lui donnait l'impression d'être isolée du reste du monde. Le parfait état d'esprit pour traîner dans un bar à hookah.

      Le salon de détente à l'intérieur était baigné d'une lumière pourpre. Des canapés de velours rouge et des tables noires étaient alignés des deux côtés du tapis rouge à l'extrémité duquel se trouvait le bar. Le propriétaire avait opté pour un esprit opulence Européenne en lieu et place d'un décor plus courant inspiré du Moyen-Orient, ce qui en faisait un lieu populaire auprès des riches touristes étrangers autant qu'auprès de la mafia Russe.

      La pièce était vite à l'exception de deux couples assis avec une hookah argentée à la table située à sa gauche et de Natalya au bar. Moins il y avait de monde, mieux c'était. Il y avait moins de risque que l'UFCC ne vienne la surprendre. Elle replaça le permis de Jessica dans son sac puis en retira deux billets de vingt. Après avoir placé le sac à main à l'intérieur du sac de sport, elle glissa un regard à sa paume gauche.

      La vue du sang séché provoqua un léger frisson. Alanna avait creusé la peau de ses ongles pendant la majeure partie de l'après-midi. Elle avait arrêté un plan afin de pouvoir manipuler son amie la plus proche. Les jours d'engourdissement tels que celui-ci, elle était incapable de réel remord, alors elle se contentait de la pénitence auto-infligée. Alors qu'elle se dirigeait vers l'extrémité gauche du bar, elle laissa retomber les bras le long de son corps.

      Natalya l'observa tout en posant des verres sur un plateau. Elle avait la trentaine mais semblait suffisamment jeune pour pouvoir se permettre de porter la robe noire décolletée qu'elle avait sur elle. La nouvelle coupe bouclée plus courte lui donnait l'air un peu plus mûr. Après avoir versé de la glace dans un verre, elle le remplit de Coca à l'aide d'un pistolet à soda. Elle était la dernière personne sur terre qui aurait accepté de lui servir de l'alcool. Non pas qu'Alanna veuille en avaler ne serait-ce qu'une goutte. Natalya posa le verre sur le bar avec un froncement de sourcils.

      — Tu es vraiment une gamine imprudente, toi. N'as tu pas lu mon message t'informant de ne pas mettre les pieds ici ?

      — C'est une urgence. Je n'ai nul part d'autre où aller.

      L'animation sur le visage de Natalya grandit.

      — Et si Bogdan vient ici et et te voit ?

      — T’as dis toi-même qu'il ne venait pas ici.

      — Ça lui arrive encore à l'occasion. Pareil pour ses potes.

      Alana prit une gorgée de sa boisson et s'essuya les lèvres.

      — Ils ignorent que je suis ici. Tant qu'ils ne me voient pas, je serais en sécurité.

      — Je lui ai menti en face lorsqu'il m'a parlé de toi. Tu te rends compte de la situation dans laquelle tu me mets ?

      Alanna leva les mains.

      — Je suis désolée. Je te revaudrai ça. Si tu veux, je peux encore espionner ta petite amie.

      — Elle n'est plus ma petite amie.

      — Tant mieux pour toi. Tu étais trop bien pour elle. Si elle cherche de nouveau la bagarre avec toi, dis-le moi. Je lui foutrai les flics au cul.

      — Je n'ai pas besoin de ton aide pour m'en occuper. Tu n'as pas besoin d'un nouveau prétexte pour aller te mettre dans des ennuis.

      Alanna montra du doigt le couloir menant à la salle VIP, situé à la gauche du bar.

      — Je peux l'utiliser sans souci, hein ?

      Natalya leva les yeux au ciel.

      — Tu peux l'utiliser jusqu'à neuf heures.

      — Merci. Mon ami sera là sous peu.

      — Pas une minute de plus. Mon patron vient ici vers dix heures. J'aurais des ennuis si il te trouve ici. Il est très stricte.

      — Stricte ? Tu fais du traffic à son nez et à sa barbe !

      Natalya posa les deux mains sur le bar.

      — Il n'en sait rien car je fais gaffe. Tu devrais essayer toi aussi pour voir. T'as ramené la tune ?

      Alanna plaça la main gauche sur le bar. Natalya lui glissa un sac plastique en échange de la liasse de billets pliés. Elle empocha l'argent sans se donner la peine de compter. Les drogues récréatives étaient destinées aux clients qui venaient la voir pendant qu'elle bossait au bar. Alanna n'était plus une cliente régulière mais elles pouvaient toujours compter l'une sur l'autre.

      Alanna la mettait en contact avec des fournisseurs pas chers sur Phantom Zone, le marché noir virtuel où elle revendait les données personnelles qu'elle avait volées. Natalya la gardait informée concernant Bogdan et sa cohorte de la mafia Russe, lui vendait un sac d'herbe à l'occasion sans augmenter le prix et lui cassait les couilles à propos de ses mauvais choix de vie insensés. Alanna n'avait pas l'énergie pour une dispute cette fois ci.

      Elle empocha le sachet avant de dire à l'oreille de Natalya ;

      — Si Bogdan se montre, préviens moi. Je partirais par derrière.

      — Je garderais l’œil ouvert. Seulement, ne traîne pas. C'est mieux que tu ne sois plus là quand