Гастон Леру

Le fauteuil hanté


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       Gaston Leroux

      Le fauteuil hanté

      Publié par Good Press, 2020

       [email protected]

      EAN 4064066085490

       I. La mort d'un héros

       II. Une séance dans la salle du Dictionnaire

       III. La boîte qui marche

       IV. Martin Latouche

       V. Expérience nº 3

       VI. La chanson qui tue

       VII. Le secret de Toth

       VIII. En France, l'Immortalité diminue

       IX. En France...

       X. Le calvaire

       XI. Terrible apparition

       XII.

       XIII. Dans le train

       XIV. Un grand cri déchirant humain

       XV. La cage

       XVI. Par les oreilles

       XVII. Quelques inventions de Dédé

       XVIII. Le secret du grand Loustalot

       XIX. Le triomphe de Gaspard Lalouette

       Table des matières

      —C'est un vilain moment à passer...

      —Sans doute, mais on dit que c'est un homme qui n'a peur de rien!...

      —A-t-il des enfants?

      —Non!... Et il est veuf!

      —Tant mieux!

      —Et puis, il faut espérer tout de même qu'il n'en mourra pas!... Mais dépêchons-nous!...

      En entendant ces propos funèbres, M. Gaspard Lalouette—honnête homme, marchand de tableaux et d'antiquités, établi depuis dix ans rue Laffitte, et qui se promenait ce jour-là quai Voltaire, examinant les devantures des marchands de vieilles gravures et de bric-à-brac—leva la tête...

      Dans le même moment, il était légèrement bousculé sur l'étroit trottoir par un groupe de trois jeunes gens, coiffés du béret d'étudiant, qui venait de déboucher de l'angle de la rue Bonaparte, et qui, toujours causant, ne prit point le temps de la moindre excuse.

      M. Gaspard Lalouette, de peur de s'attirer une méchante querelle, garda pour lui la mauvaise humeur qu'il ressentait de cette incivilité, et pensa que les jeunes gens couraient assister à quelque duel dont ils redoutaient tout haut l'issue fatale.

      Et il se reprit à considérer attentivement un coffret fleurdelisé qui avait la prétention de dater de Saint Louis et d'avoir peut-être contenu le psautier de Madame Blanche de Castille. C'est alors que, derrière lui, une voix dit:

      —Quoi qu'on puisse penser, c'est un homme vraiment brave!

      Et une autre répondit:

      —On dit qu'il a fait trois fois le tour du monde!... Mais, en vérité, j'aime mieux être à ma place qu'à la sienne. Pourvu que nous n'arrivions pas en retard!

      M. Lalouette se retourna. Deux vieillards passaient, se dirigeant vers l'Institut, en pressant le pas.

      «Eh quoi! pensa M. Lalouette, les vieillards seraient-ils subitement devenus aussi fous que les jeunes gens? (M. Lalouette avait dans les quarante-cinq ans, environ, l'âge où l'on n'est ni jeune ni vieux...) En voici deux qui m'ont l'air de courir au même fâcheux rendez-vous que mes étudiants de tout à l'heure!»

      L'esprit ainsi préoccupé, M. Gaspard Lalouette s'était rapproché du tournant de la rue Mazarine et peut-être se serait-il engagé dans cette voie tortueuse si quatre messieurs qu'à leur redingote, chapeau haut de forme, et serviette de maroquin sous le bras, on reconnaissait pour des professeurs, ne s'étaient trouvés tout à coup en face de lui, criant et gesticulant:

      —Vous ne me ferez pas croire tout de même qu'il a fait son testament!

      —S'il ne l'a pas fait, il a eu tort!

      —On raconte qu'il a vu plus d'une fois la mort de près...

      —Quand ses amis sont venus pour le dissuader de son dessein, il les a mis à la porte!

      —Mais au dernier moment, il va peut-être se raviser?...

      —Le prenez-vous pour un lâche?

      —Tenez... le voilà... le voilà!

      Et les quatre professeurs se prirent à courir, traversant la rue, le quai, et obliquant, sur leur droite, du côté du pont des Arts.

      M. Gaspard Lalouette, sans hésiter, lâcha tous ses bric-à-brac. Il n'avait plus qu'une curiosité, celle de connaître l'homme qui allait risquer sa vie dans des conditions et pour des raisons qu'il ignorait encore, mais que le hasard lui avait fait entrevoir particulièrement héroïques.

      Il prit au court sous les voûtes de l'Institut pour rejoindre les professeurs et se trouva aussitôt sur la petite place dont l'unique monument porte, sur la tête, une petite calotte appelée généralement coupole. La place était grouillante de monde. Les équipages s'y pressaient, dans les clameurs des cochers et des camelots. Sous la voûte qui conduit dans la première cour de l'Institut, une foule bruyante entourait un personnage qui paraissait avoir grand-peine à se dégager de cette étreinte enthousiaste. Et les quatre professeurs étaient là qui criaient: «Bravo!...»

      M. Lalouette mit son chapeau à la main et, s'adressant à l'un de ces messieurs, il lui demanda fort timidement de bien vouloir lui expliquer ce qui se passait.

      —Eh! vous le voyez bien!... C'est le capitaine de vaisseau Maxime d'Aulnay!

      —Est-ce qu'il va se battre en duel? interrogea encore, avec la plus humble politesse, M. Lalouette.