autour de moi, comme si je l'entendais murmurer d'une voix compatissante: «Pauvre petit Léon!»
Dans l'après-midi, j'étais sur la chaussée, à plus d'une demi-lieue de notre demeure, pour voir si ma mère ne revenait pas encore. Dès que je l'aperçus, je courus à sa rencontre, et lui demandai, les bras tendus et les yeux étincelants, comment on avait reçu là-bas mon petit garde champêtre.
M. Pavelyn avait examiné la statuette avec curiosité, et en avait ri de bon coeur; Rose s'était montrée satisfaite et m'avait fait remercier de mon cadeau; elle avait ajouté qu'au printemps prochain, elle viendrait au château avec ses parents, et qu'elle serait heureuse d'avoir beaucoup de ces petites figures pour s'en amuser.
Ma joie était inexprimable; emporté par mon émotion, je me mis à sauter et à crier comme je le faisais autrefois....
Quelques paroles de ma mère me calmèrent subitement, et firent tomber toute ma joie. Rose avait demandé si le pauvre Léon ne savait pas encore parler. Cette question me rappela au sentiment de mon impuissance et à la conscience de mon malheur.
Hélas! la bonne Rose m'avait dit: «Vous devez apprendre à parler»; et moi, pauvre déshérité de ce monde, j'étais toujours aussi muet que lors de sa visite chez nous. J'eusse sacrifié la moitié de ma vie pour pouvoir accomplir son ordre charitable; mais il ne m'était pas donné de lui offrir cette preuve de ma gratitude.
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