Edmond de Goncourt

Hokousaï


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de sucre, des bols de porcelaine, des bols de métal.

      Ce sourimono porte, au dos, le programme d'un concert organisé au mois de juillet pour faire connaître le changement de nom d'un musicien, avec les noms des exécutants et avec l'invitation suivante qu'il est peut-être bon de donner:

      «Malgré la grande chaleur, j'espère que vous êtes en bonne santé, et je viens vous informer que mon nom est changé, grâce à mon succès près du public, et que, pour célébrer l'inauguration de mon nouveau nom, le quatrième jour du mois prochain, j'organise un concert chez Kiôya de Riôgokou, avec le concours de tous mes élèves, un concert de dix heures du matin jusqu'à quatre heures du soir, et qu'il fasse beau ou pluie, je compte sur l'honneur de votre visite.

      «TOKIWAZOU MOZITAYU.»

      1794

      En 1794, on connaît de Hokousaï quelques petites feuilles pour le Jour de l'An, de la grandeur de nos cartes à jouer.

      1795

      En 1795, des sourimonos de femmes mêlés à des sourimonos d'objets intimes, comme celui-ci, où se voient accrochés à une grille une serviette brodée, un sac de son, un parapluie, objets indiquant, que la maîtresse de la maison vient de prendre un bain.

      Ces sourimonos sont signés Hishikawa Sôri, ou simplement Sôri.

      1796

      En 1796, un assez grand nombre de sourimonos dont les plus remarquables, deux longues bandes, sont une réunion d'hommes et de femmes sur ces tables-lits aux pieds plongeant dans la rivière, et sur lesquelles on prend le frais, le soir.

      1797

      En 1797, des sourimonos tirés de la reproduction d'objets de la vie familière, comme des enveloppes de paquets de parfums avec une branche fleurie de prunier; des sourimonos où il y a une femme riant du kami Fokorokou auquel elle a mis une cocotte en papier sur le crâne; ce sourimono où se voit un bateau dans lequel il y a un montreur de singe; et toute une série de sourimonos d'ironies contre les dieux de là-bas, sur papier jaune, avec coloration des sujets en violet et en vert.

      En cette année qui, dans l'almanach japonais, est une année sous le signe du serpent, un joli petit sourimono représentant une femme que la vue d'un serpent a fait tomber sur le dos, une jambe en l'air.

      Puis des bandes de grands sourimonos où se voient des promenades de femmes dans la campagne.

      1798

      En 1798, de nombreux sourimonos où, particularité curieuse, le cheval revenant avec l'élément de la terre dans le calendrier japonais, beaucoup des sourimonos représentent un cheval, et cette représentation du cheval va dans les sourimonos jusqu'à la figuration d'une tête de cheval faite par les doigts d'un enfant à travers un châssis.

      Ce sont: un vendeur d'un joujou marchant sur une natte et que regardent des Japonais; deux enfants dont l'un fait danser, par-dessus un paravent, un pantin que l'autre accroupi à terre contemple, les deux mains sous le menton; un marchand de thé devant le temple d'Ouyéno à Yédo, avec un groupe de femmes et d'enfants; des hommes et des femmes se déguisant en dieux et en déesses de l'Olympe japonais; une course de chevaux; un grand paysage au bord de la Soumida, avec de tous petits personnages. Puis des sourimonos de femmes: la cérémonie du thé Tchanoyu entre femmes; deux femmes lisant couchées à terre, l'une la tête penchée sur le papier, l'autre lisant avec un joli mouvement de tête de côté, deux femmes roulées l'une sur l'autre sur le plancher, s'arrachant une lettre.

      Et, dans ces grands sourimonos de femmes de cette année et des années qui vont suivre, Hokousaï échappe à la grâce mignarde, poupine, conventionnelle de ses premières années; il arrive dans des créatures plus amples, plus en vraie chair, à la véritable grâce féminine donnée par l'étude d'après la nature.

      1799

      En 1798 est apparu pour la première fois le nom d'Hokousaï joint à celui de Sôri. Mais ce n'est qu'au jour de l'an 1799 qu'il annonce officiellement son changement de nom, Sôri, changé de nom en Hokousaï. Il a cédé son nom de Sôri à son élève Sôji et, avec le nom d'Hokousaï, il prend le prénom de Tokimasa. Et l'année suivante, en 1800, il signe dans les premiers mois Hokousaï précédemment Sôri et, dans les derniers mois, Hokousaï fou de dessin, en japonais, GWA-KIOJIN HOKOUSAÏ.

      L'année 1799 est une année où le mouton du zodiaque est revenu dans le calendrier japonais et où nombre de sourimonos ont, dans quelque coin de la composition, cet animal. Un de ces sourimonos même représente un Japonais tenant en ses bras un mouton, et c'est peut-être une allusion à ceci. Le Japonais d'autrefois, me disait le docteur Michaut, étonné de voir les Hollandais faire la traversée du Japon sans femmes, s'était persuadé que les moutons qu'ils avaient à bord les remplaçaient, et se l'était si bien persuadé qu'à l'heure présente les Japonaises qui ont commerce avec les étrangers sont appelées par leurs compatriotes moutons.

      Des sourimonos curieux d'industries: la marchande de poudre dentifrice en train de façonner un bout de bois de camphrier noir pour en faire une brosse à dents; la fabricante de perruques et de nattes; la rouleuse de la soie et sa fabrication à la campagne.

      Une série de femmes en buste.

      Une série de petites femmes, à la grâce tortillarde: une femme qui balaie la neige; une femme qui debout plie une étoffe de sa hauteur avec une retraite du corps du plus joli contournement.

      Un sourimono représentant le plus pustuleux de tous les crapauds.

      Un grand sourimono d'une facture surprenante: un store à moitié relevé sur une branche en fleur dont une partie se voit obombrée à travers le tissage du store.

      1800

      Une série de quinze sourimonos: L'ENFANCE DES PERSONNAGES HISTORIQUES.

      Une série de sept sourimonos: LES SAGES DES BAMBOUS, de vieux sages représentés par des femmes modernes.

      Une série de vingt-quatre sourimonos intitulée: PIÉTÉ FILIALE, parmi lesquels un charmant dessin d'une femme lavant, le haut du corps nu, et dont le torse est tout étoilé des pétales d'un prunier en fleurs secoué par le vent au-dessus de la laveuse.

      Une série des douze mois de l'année, représentés par des femmes, où est un gracieux dessin de fillette japonaise frottant un plancher et que regarde paresseusement sa maîtresse.

      Trois musiques représentées par trois musiciennes.

      Une série intitulée: HUIT CHAMBRES, qui sont huit figurations de petites femmes dont l'une, le torse nu, fait sa toilette devant un singe sur lequel elle a jeté sa robe; le singe étant cette année le dénominateur de l'année et revenant dans un certain nombre de planches.

      Une jolie petite impression représentant un miroitier repassant sur une pierre un miroir de métal, à côté d'une femme dont le visage est reflété dans le miroir qu'elle tient à la main.

      Une série un peu caricaturale de sourimonos, dans le genre des Otsouyé: cette imagerie industrielle d'Épinal du Japon se fabriquant à Otsou près de Kiôto.

      Parmi les grandes pièces, qui sont en général des bandes ayant une hauteur de 19 centimètres sur une largeur de 51:

      Tortues en marche avec leurs petits sur la carapace.

      Une enceinte de lutteurs, formée de sacs de sable dans des enveloppes historiées, avec, au milieu, sur une petite table, deux bouteilles de saké destinées à être offertes aux génies du Japon, aux Kami, dans une cérémonie religieuse précédant la lutte.

      L'entrée du temple Hatiman Foukagawa.

      La récolte du thé dans un jardin.

      La visite chez un horticulteur.

      Des femmes regardant du pont Yeitaï, l'île Tsoukouda.

      Trois