Paul Feval

Maman Léo


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href="#ulink_79db371f-51c3-58fe-9d0f-ae0e2b896d70">Le testament

       XXX

       Le commissionnaire

       XXXI

       Le cœur de Valentine

       XXXII

       L'agonie d'un roi

       XXXIII

       La tentation de Similor

       XXXIV

       Le combat

       XXXV

       Le dernier rugissement

       XXXVI

       La récompense d'Échalot

       XXXVII

       Avant de combattre

       XXXVIII

       Départ pour le bal

       XXXIX

       Antispasmodique

       XL

       La voiture des mariés

       XLI

       Le «bien» et le «mal»

       Table des matières

       Table des matières

      Paris avait son manteau d'hiver; les toits blancs éclataient sous le ciel brumeux, tandis que, dans la rue, piétons et voitures écrasaient la neige grisâtre.

      C'était un des premiers jours de novembre, en 1838, un mois après la catastrophe qui termine notre récit, intitulé L'Arme invisible. La mort étrange du juge d'instruction Remy d'Arx, avait jeté un étonnement dans la ville, mais à Paris les étonnements durent peu, et la ville pensait déjà à autre chose.

      Ce temps est si près de nous qu'on hésite, en vérité, à dire qu'il ne ressemblait pas tout à fait au temps présent, et pourtant il est bien certain que les changements opérés dans Paris par ces trente dernières années valent pour le moins l'œuvre d'un siècle.

      La publicité des journaux existait; on la trouvait même énorme, presque scandaleuse: elle n'était rien absolument auprès de ce qu'elle est aujourd'hui.

      On peut affirmer, sans crainte de se tromper, que nous avons, en 1869, cent carrés de papier imprimés quotidiennement contre dix publiés en 1838.

      Ainsi en est-il pour le mouvement prodigieux des démolitions et des constructions.

      Sous le règne de Louis-Philippe, Paris tout entier s'irritait ou se réjouissait, selon les goûts de chacun, à la vue de cette humble percée, la rue de Rambuteau, qui passerait maintenant inaperçue.

      Les uns s'extasiaient sur la hardiesse de cette œuvre municipale, les autres prophétisaient la banqueroute prochaine de la ville: c'était la grande bataille d'aujourd'hui qui commençait par une toute petite escarmouche.

      Je ne sais pas au juste combien d'années on mit à parfaire cette malheureuse rue de Rambuteau, qui devait être droite et qui eut un coude, célèbre dans les annales judiciaires, mais cela dura terriblement longtemps, et pendant plusieurs hivers, l'espace compris entre l'église Saint-Eustache et le Marais fut complètement impraticable.

      On n'allait pas vite alors en fait de bâtisse; ceux qui ont le tort et le chagrin d'être assez vieux pour avoir vu ces choses, peuvent se rappeler quatre ou cinq baraques de saltimbanques, établies à demeure dans un grand terrain, vers l'endroit où la rue Quincampoix coupe la rue de Rambuteau, et qui formèrent là, pendant deux ans au moins et peut-être plus, une petite foire permanente.

      Le matin du 5 novembre 1838, par le temps noir et froid qu'il faisait, on achevait la construction de la plus grande de ces baraques, située en avant des autres et qui avait sa façade tournée vers le chemin boueux conduisant à la rue Saint-Denis.

      Les gens du quartier qui allaient à leurs affaires ne donnaient pas beaucoup d'attention à l'érection de ce monument, mais trois ou quatre gamins, renonçant aux billes pour réchauffer leurs mains dans leurs poches, rôdaient au-devant du perron en planches qui montait à la galerie, et s'entretenaient avec intérêt de l'ouverture prochaine du Grand Théâtre Universel et National, dirigé par Mme Samayoux, première dompteuse des capitales de l'Europe.

      On parlait surtout de son lion, qui était arrivé, la veille, dans une caisse énorme, percée de petits trous, et qui avait rugi pendant qu'on le déballait.

      La porte de la baraque était, bien entendu, fermée pour cause d'installation et d'aménagements intérieurs. Un large écriteau disait même sur la devanture: «Le public n'entre pas ici.»

      Mais comme nous avons l'honneur d'être parmi les amis de la célèbre dompteuse, nous prendrons la liberté de soulever le lambeau de toile goudronnée qui servait de portière, et nous entrerons chez elle sans façon.

      C'était un carré long, très vaste, et qu'on achevait de couvrir en clouant les planches de la toiture. Il n'y avait point encore de banquettes dans la salle, mais le théâtre était déjà installé en partie, et des ouvriers, juchés tout en haut de leurs échelles, peignaient les frises et le manteau d'Arlequin.

      D'autres barbouilleurs s'occupaient du rideau étendu sur le plancher même de la scène.

      Au centre de la salle, un poêle de fonte ronflait, chauffé au rouge; auprès du poêle, une petite table supportait trois ou quatre verres, des chopes et un album de dimension assez volumineuse, dont la couverture en carton était abondamment souillée.

      L'un des verres restait plein; les deux autres, à moitié bus, appartenaient