Морган Райс

Une Joute de Chevaliers


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Darius s’était hérissé d’indignation. C’était plus qu’un bout de bois : c’était son bâton tout puissant, la seule arme qu’il avait. Il avait signifié tout pour lui.

      Oui, je veux qu’ils me connaissent en tant que guerrier. Je ne veux être connu en tant que rien d’autre dans la vie, avait pensé Darius.

      Mais alors que son grand-père tournait le dos et s’éloignait comme un ouragan, il avait été trop effrayé pour le dire à haute voix.

      Darius avait ramassé le bâton brisé et avait tenu les morceaux dans ses mains, des larmes coulant le long de ses joues. Un jour, jura-t-il, il se vengerait d’eux tous – sa vie, son village, sa situation, l’Empire, tout et n’importe quoi qu’il ne pouvait pas contrôler.

      Il les écraserait tous. Et il ne serait connu qu’en tant que guerrier, rien d’autre.

      *

      Darius ignorait combien de temps s’était écoulé quand il se réveilla, mais il remarqua immédiatement que le soleil étincelant du matin était passé à l’orange terne de l’après-midi, allant vers le coucher de soleil. L’air était bien plus frais, aussi, et ses blessures s’étaient raidies, rendant plus difficile pour lui de bouger, de même se tourner dans le charriot inconfortable. Les chevaux heurtaient sans fin les pierres dures du désert, la sensation interminable du claquement du métal contre sa tête lui donnait l’impression qu’il lui fracassait le crâne. Il se frotta les yeux, enlevant la croute de poussière de ses cils, et se demanda à quelle distance se trouvait la capitale. Il avait le sentiment qu’il avait déjà voyagé jusqu’au bout du monde.

      Il cligna des yeux plusieurs fois et regarda dehors, s’attendant, comme toujours, à voir un horizon vide, un désert désolé. Mais cette fois alors qu’il jetait un œil, il fut surpris de voir autre chose. Il se redressa pour la première fois.

      L’attelage commença à ralentir, le vacarme des chevaux se calma un peu, les routes se firent plus lisses, et tandis qu’il étudiait le nouveau paysage, Darius vit une vue qu’il n’oublierait jamais : là, s’élevant du désert comme une civilisation perdue, se trouvait un mur massif, semblant se dresser vers les cieux et s’étirant à perte de vue. Il était marqué par de gigantesques portes d’or étincelantes, sur ses murs et ses parapets s’alignaient des soldats de l’Empire, et Darius sut à l’instant qu’ils y étaient arrivés : la capitale.

      Le bruit de la route changea, devint un son creux, de bois, Darius baissa les yeux et vit que l’attelage était conduit sur un pont-levis cintré. Ils passèrent plusieurs centaines de soldats alignés au bord, tous se mettant au garde-à-vous pendant qu’ils avançaient.

      Un grand gémissement emplit le ciel, et Darius regarda au-devant pour voir les portes dorées, incroyablement hautes, s’ouvrir en grand, comme pour l’étreindre. Il vit une faible lueur derrière elles, de la cité la plus magnifique qu’il ait jamais vue, et il sut, sans aucun doute, qu’il s’agissait d’un lieu duquel il n’y aurait aucune échappatoire. Comme pour confirmer ses pensées, Darius entendit un vacarme distant, un qu’il reconnut immédiatement : c’était le grondement d’une arène, une nouvelle arène, d’hommes là pour le sang, et ce qui serait sûrement sa dernière demeure. Il ne le craignait pas ; il priait juste Dieu p que ce soit sur ses pieds, une épée à la main, dans un dernier acte de courage.

      CHAPITRE HUIT

      Thorgrin tira une dernière fois sur la corde dorée, les mains tremblantes, Ange sur son dos, de la sueur coulant sur son visage, et il franchit enfin la falaise, ses genoux touchant le sol, reprenant son souffle. Il se tourna, regarda en arrière et vit, à des trentaines de mètres en contrebas, droit au pied des parois abruptes, les vagues de l’océan qui s’écrasaient, leur navire sur la plage, qui paraissait si petit, et il fut abasourdi par la hauteur à laquelle il avait grimpé. Il entendit des gémissements tout autour de lui, et se tourna pour voir Reece et Selese, Elden et Indra, O’Connor et Matus terminant tous leur ascension, tous se hissant vers et sur l’Île de Lumière.

      Thor était agenouillé là, les muscles épuisés, et leva les yeux sur l’Île de Lumière qui s’étendait devant lui – et son cœur se serra dans un nouveau sentiment d’appréhension. Avant même d’avoir contemplé l’horrible vue, il pouvait sentir les cendres brûlantes, l’odeur de la fumée lourde dans l’air. Il pouvait aussi sentir la chaleur, les feux couvant, les dégâts infligés par les créatures qui avaient détruit cet endroit. L’île était noire, brûlée, détruite, tout ce qui avait été si idyllique en elle, qui semblait si invincible, maintenant transformé en cendres.

      Thorgrin se remit sur pieds et ne perdit pas de temps. Il commença à s’aventurer dans l’île, le cœur battant tandis qu’il regardait partout à la recherche de Guwayne. Alors qu’il intégrait l’état du lieu, il détesta penser à ce qu’il pourrait trouver.

      « GUWAYNE ! » cria Thorgrin tandis tout en courant à travers les collines fumantes, portant les deux mains autour de sa bouche.

      Sa voix résonna contre les collines onduleuses, comme pour se moquer de lui. Puis rien hormis le silence.

      Un cri strident et solitaire s’éleva de quelque part haut en dessus, et Thor leva les yeux pour voir Lycoples, volant toujours en cercle. Elle cria à nouveau, plongea à basse altitude, et vola vers le centre de l’île. Thor sentit immédiatement qu’elle le menait à son fils.

      Thor se mit à courir, les autres à côté de lui, se hâtant à travers l’étendue stérile et carbonisée, cherchant partout.

      « GUWAYNE ! » cria-t-il encore. « RAGON ! »

      Alors que Thor encaissait la dévastation du paysage noirci, il se sentit de plus en plus certain que rien ne pouvait avoir survécu là. Ces collines vallonnées, jadis si luxuriantes d’herbe et d’arbres, ne formaient désormais qu’un paysage balafré. Thor se demanda quelle sorte de créatures, hormis des dragons, pouvait causer de tels ravages – et plus important, qui les contrôlait, qui les avaient envoyées là, et pourquoi. Pourquoi son fils était-il si important que quelqu’un ait envoyé une armée pour lui ?

      Thor regarda à l’horizon, espérant voir un signe d’eux, mais son cœur se serra en ne voyant rien. À la place, il vit seulement des feux couvant jonchant les collines.

      Il voulait croire que Guwayne avait, d’une manière ou d’une autre, survécu à tout cela. Mais il ne voyait pas comment. Si un sorcier aussi puissant que Ragon ne pouvait arrêter les forces qui avaient été présentes, comment aurait-il pu sauver son fils.

      Pour la première fois depuis qu’il s’était embarqué pour sa quête, Thor commençait à perdre tout espoir.

      Ils coururent et coururent, grimpant et descendant des collines, et alors qu’ils atteignaient le sommet d’une colline particulièrement grande, soudain O’Connor, menant la voie, pointa du doigt avec excitation.

      « Là ! » s’écria-t-il.

      O’Connor montra le côté, les restes d’un arbre ancien, maintenant calciné, ses branches tordues. Et alors que Thor regardait de plus près, il repéra, gisant dessous, immobile, un corps.

      Thor sentit à l’instant qu’il s’agissait de Ragon. Et il ne vit aucun signe de Guwayne.

      Thor, plein d’appréhension, s’élança en avant, et quand il l’eut atteint, s’effondra sur ses genoux à côté de lui, cherchant partout Guwayne. Il espérait que peut-être il le trouverait caché dans les robes d’Argon, ou quelque part à côté de lui, ou non loin, peut-être dans la faille d’un rocher.

      Mais son cœur se serra en voyant qu’il était introuvable.

      Thor se baissa et lentement retourna Ragon, sa robe carbonisée, noire, priant pour qu’il n’ait pas été tué – et tandis qu’il le renversait, il éprouva une lueur d’espoir en voyant les yeux de Ragon battre. Thor