Морган Райс

Une Joute de Chevaliers


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de donner des coups de coude à Akorth dans le dos, le faisant grogner, aiguillonnant quand il ralentissait.

      Godfrey sentait la sueur couler le long de sa nuque pendant qu’il courait, et il se maudit, une fois encore, pour avoir bu tant de pintes de bière. Mais il pensa à Darius et força ses jambes douloureuses à continuer à bouger, tournant le long d’une rue après l’autre, jusqu’à ce que finalement ils émergent tous d’une longue voûte de pierre dans un square urbain. Ce faisant, là au loin, à peut-être cent mètres, s’élevaient les portes de la cité, imposantes, d’une hauteur de quinze mètres. Alors que Godfrey y jetait un regard, son cœur s’arrêta en voyant ses barreaux être ouverts en grand.

      « NON ! » s’écria-t-il involontairement.

      Godfrey paniqua en voyant le charriot de Darius, tiré par des chevaux, g ardé par des soldats de l’Empire, entouré de barres de fer – comme une cage sur roues – passer à travers les portes ouvertes.

      Godfrey courut plus vite, plus vite qu’il savait pouvoir le faire, trébuchant sur lui-même.

      « Nous n’allons pas y arriver », dit Merek, la voix de la raison, posant une main sur son bras.

      Mais Godfrey le repoussa et courut. Il savait qu’il s’agissait d’une cause désespérée – l’attelage était trop loin, trop lourdement gardé, trop fortifié, et pourtant il courut tout de même, jusqu’à ce qu’il ne le puisse plus.

      Il se tint là, au milieu de la cour, la main ferme de Merek le retenant, et il se pencha en avant puis eut des hauts le cœur, mains sur les genoux.

      « Nous ne pouvons pas le laisser partir ! » s’écria Godfrey.

      Ario secoua la tête en venant à côté d’eux.

      « Il est déjà parti », dit-il. « Épargne-toi. Nous devrons nous battre une autre fois. »

      « Nous le ramènerons d’une autre manière », ajouta Merek.

      « Comment ? » demanda Godfrey avec désespoir.

      Aucun d’eux n’avait une réponse, tandis qu’ils se tenaient tous là et regardaient les portes de fer claquer derrière Darius, comme des portes se refermant sur son âme.

      Il pouvait voir le charriot de Darius à travers les portes, déjà loin, roulant dans le désert, mettant de la distance entre eux et Volusia. Le nuage de poussière sur leur passage s’élevait de plus en plus haut, les dissimulant bientôt à la vue, et Godfrey sentit con cœur se briser alors qu’il avait le sentiment d’avoir abandonné la dernière personne qu’il connaissait, et son dernier espoir de rédemption.

      Le silence fut brisé par les aboiements frénétiques d’un chien sauvage, et Godfrey baissa les yeux pour voir Drake émerger d’une allée de la ville, aboyant et grognant comme un fou, s’élançant à travers la cour après son maître. Lui aussi était désespéré de sauver Darius, et quand il atteignit les portes de fer, il bondit et se jeta contre elles, tirant dessus, en vain, avec ses dents.

      Godfrey observa avec horreur les soldats de l’Empire montant la garde repérer Dray et le signaler les uns aux autres. L’un d’eux tira son épée et approcha du chien, s’apprêtant à l’évidence à le massacrer.

      Godfrey ne sut pas ce qui le submergea, mais quelque chose en lui craqua. C’en était simplement trop pour lui, trop d’injustice à supporter. S’il ne pouvait pas sauver Darius, au moins il pouvait sauver son chien bien aimé.

      Godfrey s’entendit pousser un cri, se sentit courir, comme s’il était en dehors de lui-même. Avec une sensation surréelle, il se sentit dégainer son épée courte et se précipiter en avant vers le garde inconscient, et alors que ce dernier se retournait, il se regarda la plonger dans son cœur.

      Le gigantesque soldat baissa les yeux sur Godfrey avec incrédulité, les yeux grands ouverts, tandis qu’il se tenait là, figé. Puis il tomba au sol, mort.

      Godfrey entendit un cri et vit deux autres gardes de l’Empire se ruer sur lui. Ils levèrent leurs armes menaçantes, et il sut qu’il ne faisait pas le poids contre eux. Il allait mourir là, à cette porte, mais au moins il mourrait dans un noble effort.

      Un grognement déchira les airs, et Godfrey vit, du coin de l’œil, Dray se tourner et bondir en avant, sauter sur le garde menaçant Godfrey. Il plongea ses crocs dans sa gorge, et le cloua au sol, tirant sur lui jusqu’à ce que l’homme cesse de bouger.

      Au même moment, Merek et Ario se précipitèrent en avant et utilisèrent chacun leurs épées courtes pour frapper l’autre garde dans le dos de Godfrey, le tuant avant qu’il ne puisse achever Godfrey.

      Ils se tinrent tous là, dans le silence, Godfrey contemplant le carnage, choqué par ce qu’il venait juste de faire, stupéfait qu’il ait cette sorte de courage, tandis que Dray se précipitait et léchait le dos de sa main.

      « Je ne pensais pas que tu avais ça en toi » dit Merek avec admiration.

      Godfrey se tint là, sonné.

      « Je ne suis même pas sûr de ce que j’ai tout juste fait », dit-il en le pensant, les évènements étant tous flous. Il n’avait pas voulu agir – il l’avait juste fait. Cela le rendait-il courageux ? s’interrogea-t-il.

      Akorth et Fulton regardèrent de tous les côtés, terrifiés, à la recherche d’un signe de soldats de l’Empire.

      « Nous devons sortir de là ! » cria Akorth. « Maintenant ! »

      Godfrey sentit des mains sur lui et se sentit entrainé. Il se tourna et courut avec les autres, Dray à leur côté, tous quittant la porte, courant à nouveau vers Volusia, et vers Dieu savait ce que le destin avait en réserve pour eux.

      CHAPITRE SEPT

      Darius s’assit contre les barreaux de fer, les poignets enchaînés à ses chevilles par une longue chaîne lourde, le corps recouvert de blessures et de contusions, et il eut l’impression de peser mille tonnes. Pendant qu’il roulait, le charriot cahotant sur la route accidentée, il regarda dehors et contempla le ciel désert entre les barreaux, se sentant abandonné. Son attelage passait à travers un paysage sans fin, stérile, sans rien d’autre que de la désolation aussi loin que l’œil pouvait voir. Cela ressemblait à la fin du monde.

      Son charriot était abrité, mais des rais de lumière du soleil se déversaient à travers les barreaux, et il sentit la chaleur oppressante du désert s’élever par vagues, le faisant transpirer même à l’ombre, ajoutant à son inconfort.

      Mais Darius ne s’en souciait pas. Son corps tout entier brûlait et était douloureux des pieds à la tête, couvert de bosses, ses membres étaient durs à bouger, épuisés par les journées interminables de combats dans l’arène. Incapable de dormir, il ferma les yeux et tenta de faire disparaître ses souvenirs, mais chaque fois qu’il le faisait, il voyait tous ses amis mourant à ses côtés, Desmond, Raj, Luzi et Kaz, chacun de manière terrible. Tous morts pour qu’il puisse survivre.

      Il était le vainqueur, avait réussi l’impossible – et pourtant cela signifiait peu pour lui à présent. Il savait que la mort approchait ; sa récompense, après tout, était d’être envoyé dans la capitale de l’Empire, de devenir un spectacle dans une arène plus grande, avec des ennemis encore pires. La récompense pour tout cela, pour tous ses actes de bravoure, était la mort.

      Darius aurait préféré mourir immédiatement plutôt que de devoir revivre à nouveau tout cela. Mais il ne pouvait même pas le contrôler ; il était entravé, impuissant. Combien de temps encore cette torture devrait-elle se poursuivre ? Serait-il forcé de voir tout ce qu’il aimait mourir avant de pouvoir trépasser lui-même ?

      Darius ferma les yeux à nouveau, essayant désespérément d’effacer ses souvenirs, et ce faisant lui vint une anecdote du début de son enfance. Il jouait devant la hutte de son grand-père,