Морган Райс

Une Joute de Chevaliers


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elle, touchant le sol de la tête dans la lumière de l’aube. Ils psalmodiaient tous à l’unisson, un son doux et persistant, participant à l’office du matin qu’elle avait créé, comme ses ministres et commandants leur avaient ordonné de faire : la vénérer, ou être condamné à mort. Elle savait qu’actuellement ils l’adoraient car ils le devaient – mais bientôt, ils le feraient car ce serait tout ce qu’ils connaîtraient.

      « Volusia, Volusia, Volusia », scandaient-ils. « Déesse du soleil et déesse des étoiles. Mère des océans et héraut du soleil. »

      Volusia regarda au loin et admira sa nouvelle cité. Érigées partout se trouvaient des statues d’elle en or, exactement comme elle avait ordonné à ses hommes de les construire. Chaque coin de la capitale avait une statue d’elle, étincelant d’or ; partout où quelqu’un regardait, il n’avait d’autre choix que de la voir, de la vénérer.

      Enfin, elle était satisfaite. Enfin, elle était la Déesse qu’elle savait être censée devenir.

      Les chants emplissaient l’air, tout comme l’encens, qui brûlait à chaque autel dédié à elle. Hommes, femmes et enfants occupaient les rues, épaules contre épaule, tous inclinés, et elle sentit qu’elle le méritait. Cela avait été une longue et difficile marche pour arriver là, mais elle avait marché tout le long jusqu’à la capitale, avait réussi à la prendre, à détruire les armées de l’Empire qui s’étaient opposées à elle. Maintenant, enfin, la capitale était à elle.

      L’Empire était sien.

      Bien sûr, ses conseillers avaient une autre opinion, mais Volusia ne se souciait pas vraiment de ce qu’ils pensaient. Elle était, elle le savait, invincible, quelque part entre le ciel et la terre, et aucun pouvoir dans ce monde ne pouvait la détruire. Non seulement ils tremblaient de peur – mais en plus, elle savait que ce n'était que le début. Elle voulait encore plus de pouvoir. Elle projetait de visiter chaque corne et pointe de l’Empire et d’écraser tous ceux qui s’opposaient à elle, qui n’accepteraient pas son pouvoir unilatéral. Elle amasserait une armée de plus en plus grande, jusqu’à ce que chaque recoin de l’Empire se soumette à elle.

      Prête à commencer la journée, Volusia descendit lentement de son estrade, une marche après l’autre. Elle tendit les mains, et alors qu’ils se précipitaient tous en avant, ses paumes touchèrent leurs paumes, une foule de fidèles l’adoptant comme la leur, une déesse vivante parmi eux. Quelques adorateurs, en pleurs, tombèrent face contre terre, des vingtaines d’autres formaient un pont humain en bas, impatients qu’elle marche sur eux. Elle le fit, posant le pied sur la chair moelleuse de leurs dos.

      Enfin, elle avait son troupeau. Et à présent il était temps de partir en guerre.

      *

      Volusia se tenait haut sur les remparts entourant la capitale de l’Empire, regardant au-delà le ciel du désert avec un sentiment renforcé de destinée. Elle ne vit rien hormis des corps décapités, tous les hommes qu’elle avait tués – et un ciel de vautours, poussant des cris stridents, descendant en piqué, picorant leurs chairs. À l’extérieur de ces murs soufflait une légère brise, et elle pouvait déjà sentir la puanteur des chairs en décomposition, lourde dans l’air. Elle esquissa un grand sourire face au carnage. Ces hommes avaient osé s’opposer à elle – et ils en avaient payé le prix.

      « Ne devrions-nous pas enterrer les morts, Déesse ? » s’éleva une voix.

      Volusia jeta un regard pour voir un commandant de ses forces armées, Rory, un humain, grand, au large torse, avec un menton ciselé et une beauté éblouissante. Elle l’avait choisi, l’avait élevé au-dessus des autres généraux, car il était plaisant aux yeux – et encore davantage parce qu’il était un commandant brillant et gagnerait à n’importe quel prix – tout comme elle.

      « Non », répondit-elle, sans le regarder. « Je veux qu’ils pourrissent sous le soleil, et que les animaux se repaissent de leur chair. Je veux que tous sachent ce qui arrive à ceux qui s’opposent à la Déesse Volusia. »

      Il contempla la vue, reculant.

      « Comme vous le souhaitez », répondit-il.

      Volusia scruta l’horizon, et ce faisant, son sorcier, Koolian, vêtu d’un capuchon et d’une cape noire, avec des yeux verts luisants et un visage recouvert de verrues, la créature qui avait aidé à diriger l’assassinat de sa propre mère – et un des quelques membres de son cercle de proches en qui elle avait encore confiance – avança à côté d’elle, le scrutant lui aussi.

      « Vous savez qu’ils sont là dehors », lui rappela-t-il. « Qu’ils viennent pour vous. Je les sens venir maintenant même. »

      Elle l’ignora, regardant droit devant.

      « Tout comme moi », dit-elle finalement.

      « Les Chevaliers des Sept sont très puissants, Déesse », dit Koolian. « Ils voyagent avec une armée de sorciers – une armée que même vous ne pouvez combattre. »

      « Et n’oubliez pas les hommes de Romulus », ajouta Rory. « Des rapports disent qu’ils approchent de nos rives à ce moment même, de retour de l’Anneau avec ses millions d’hommes. »

      Volusia regardait fixement, et un long silence plana dans l’air, interrompu par rien d’autre que le hurlement du vent.

      Finalement, Rory dit :

      « Vous ne pouvez pas tenir cet endroit. Rester ici signifiera la mort pour nous tous. Qu’ordonnez-vous, Déesse ? Fuirons-nous la capitale ? Capitulerons-nous ? »

      Volusia se retourna enfin vers lui et sourit.

      « Nous célèbrerons », dit-elle.

      « Célébrer ? » demanda-t-il, stupéfait.

      « Oui, nous célèbrerons », dit-elle. « Jusqu’à la fin. Renforcez nos portes, et ouvrez la grande arène. Je déclare cent jours de fêtes et de jeux. Il se peut que nous mourions », conclut-elle avec un sourire, « mais nous le ferons avec le sourire. »

      CHAPITRE SIX

      Godfrey se ruait à travers les rues de Volusia, accompagné d’Ario, Merek, Akorth et Fulton, se hâtant d’arriver aux portes de la cité avant qu’il ne soit trop tard. Il était encore ravi par son succès à saboter l’arène, d’avoir réussi à empoisonner cet éléphant, à trouver Dray et à la lâcher dans le stade juste quand Darius avait le plus besoin de lui. Grâce à son aide, et à la femme Finienne, Silis, Darius avait gagné ; il avait sauvé la vie de son ami, ce qui soulageait au moins un petit peu sa culpabilité pour lui avoir tendu un piège dans les rues de Volusia. Évidemment, le rôle de Godfrey se déroulait dans l’ombre, où il était le meilleur, et Darius n’aurait pas pu sortir en tant que vainqueur sans son propre courage et son combat magistral. Tout de même, Godfrey avait joué un petit rôle.

      Mais maintenant, tout tournait mal ; Godfrey s’était attendu, après le match, à pouvoir rencontrer Darius à la porte du stade pendant qu’on le faisait sortir, et à la libérer. Il ne s’était pas attendu à ce que Darius soit escorté hors de la porte arrière et conduit à travers la cité. Après qu’il ait gagné, la foule tout entière de l’Empire avait scandé son nom, et les contremaîtres de l’Empire avaient été menacés par sa popularité inattendue. Ils avaient créé un héros, et avaient décidé de l’emporter hors de la cité vers l’arène de la capitale aussitôt que possible, avant d’avoir une révolution sur les bras.

      À présent Godfrey courait avec les autres, prêts à tout pour rattraper leur retard, pour atteindre Darius avant qu’il ne passe les portes de la cité et qu’il soit trop tard. La route vers la capitale était longue, désolée, menait à travers la Désolation et était lourdement gardée ; une fois qu’il aurait quitté la cité, ils ne pourraient l’aider d’aucune manière. Il devait le sauver, ou alors tous ses efforts auraient