Блейк Пирс

Un mauvais pressentiment


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bien ?

      – Ouais. Je vérifie le grenier. »

      Elle se hissa sur le plancher du grenier et rampa jusqu’au fond, en prenant garde de ne prendre appui que sur les poutres. Elle craignait qu’un faux pas ne fasse céder le plancher pourri sous son poids. Couverte de sueur et de toile d’araignées, elle atteignit la malle. Elle fut soulagée, en l’ouvrant, de constater qu’elle était vide. Pas de corps.

      Elle la referma et rebroussa chemin.

      Dans la salle à manger, Denton n’avait pas bougé d’un pouce. Ray était à cheval sur une chaise, en face de lui. Quand elle entra, il lui demanda : « Alors ?

      – Rien, fit-elle en secouant la tête. Est-ce qu’on a appris où se trouvait Ashley, enquêteur Sands ?

      – Pas encore, mais on y travaille, n’est-ce pas, M. Rivers ? »

      Denton feignit de ne pas l’avoir entendu.

      « Je peux voir le portable d’Ashley ? demanda Keri.

      – Tiens, fit Ray en le lui tendant sans conviction. Il est protégé par un mot de passe. Il va falloir le donner au service informatique pour qu’ils le débloquent… »

      Elle fixa Denton et lui demanda : « Donne-nous le mot de passe.

      – Je ne le connais pas », dit-il d’un ton railleur.

      L’expression sévère de Keri ne laissait pas de place au doute. « Je vais te le redemander une dernière fois, très poliment. Donne-nous son mot de passe. »

      Le jeune homme tergiversa une seconde, puis avoua finalement : « C’est ‘chéri’ ».

      S’adressant à Ray, Keri indiqua : « Je vais dehors pour jeter un coup d’œil au téléphone, et à la cabane dans le jardin aussi. »

      Denton jeta un regard rapide vers le jardin, mais ne dit rien.

      Dehors, Keri se servit d’une pelle rouillée pour faire sauter le cadenas de la porte de l’abri. Un rayon de soleil tombait à l’intérieur, passant à travers un trou dans le toit.

      L’abri ne contenait que quelques vieux pots de peinture et outils de jardin. Aucun signe d’Ashley. Keri s’apprêtait à ressortir quand elle remarqua une pile de plaques d’immatriculation sur une étagère. Elle en compta six paires, comportant des vignettes pour l’année en cours.

      Qu’est ce que ça fait ici, ça ? Je vais devoir les prendre.

      Elle allait sortir quand un courant d’air fit claquer la porte. Elle se retrouva dans l’obscurité de l’abri de jardin, et sentit submergée par une vague de claustrophobie. Elle inspira profondément une fois, puis deux. La porte de l’abri s’entrouvrit sous l’effet d’une nouvelle brise, laissant entrer la lumière.

      Voilà ce qu’a du ressentir ma petite Evie. Toute seule, jetée dans l’obscurité, désorientée. C’est donc ça qu’elle a vécu ? Pendant combien de temps est-ce qu’elle a vécu ce cauchemar ?

      Keri ravala un sanglot. Il lui était arrivé mille fois de s’imaginer sa fille séquestrée dans un endroit pareil. La semaine prochaine, cela ferait cinq ans exactement qu’elle avait été enlevée. Ça promettait d’être une journée pénible.

      Il s’était passé beaucoup de choses entre-temps : la lutte sans espoir pour sauver son mariage avec Stephen, puis l’inévitable divorce, suivi d’un « congé sabbatique » de sa chaire de criminologie à l’université Loyola Marymount. Officiellement, c’était pour conduire des recherches indépendantes, mais en vérité, l’administration avait été contrainte de la remercier à cause de son problème d’alcool et de ses nombreuses aventures avec des étudiants.

      À cette époque, les morceaux de sa vie brisée jonchaient son quotidien. Finalement, elle avait du accepter qu’elle serait incapable de retrouver sa fille : son ultime échec.

      Elle essuya rapidement les larmes qui avaient commencé à couler, et se fustigea intérieurement.

      Bon, tu as échoué avec ta fille, évite d’échouer avec Ashley. Reprends-toi !

      Toujours debout dans l’abri de jardin, elle alluma le téléphone et composa le code secret : chéri. Le mot de passe fonctionna. Au moins, Denton avait dit la vérité à ce sujet.

      Elle vérifia les photos. Il y en avait des centaines, la plupart étaient sans surprise : des selfies gentillets d’Ashley et de ses amis du lycée, d’elle et de Denton, quelques photos de Mia. Mais, au milieu de ces photos, il y avait d’autres images, plus choquantes.

      Certaines avaient été prises dans un bar fermé – de toute évidence avant ou après les heures d’ouverture. Ces photos immortalisaient Ashley et ses amis, visiblement ivres, dans des sortes de soirées de beuverie : ils buvaient des shots d’alcool à la file, les filles prenaient des poses lascives pour l’appareil photo. Dans d’autres photos, ils fumaient des pipes à eau, ou roulaient des joints. Le décor était parsemé de bouteilles d’alcool.

      Qui a bien pu fournir l’accès à un endroit pareil ? Quand est-ce qu’elle trouvait le temps de faire ça ? Quand Stafford était à Washington ? Comment est-ce possible que sa mère n’en ait aucune idée ?

      Certaines photos, toutefois, étaient plus inquiétantes que d’autres. En effet, sur certaines, on apercevait un pistolet, un Sig-Sauer 9mm, à l’arrière-plan, posé négligemment sur une table à côté d’un paquet de cigarettes, ou encore, dans une autre photo, près d’un sachet de chips. Un autre cliché encore montrait Ashley dans un sous-bois, près d’un cours d’eau, visant des canettes de Coca avec le pistolet.

      Pourquoi ? C’était juste pour rire ? Est-ce qu’elle voulait apprendre à se protéger ? Si oui, se protéger de quoi ?

      Elle remarqua que les photos avec Denton devenaient sensiblement moins nombreuses au cours des trois derniers mois. Dans le même laps de temps, un jeune homme très séduisant, aux longs cheveux blonds, apparaissait de plus en plus souvent dans ses photos. Dans la plupart, il était torse nu, exhibant ses abdos, dont il semblait très fier. Une chose était sûre : ce n’était pas un lycéen. Il avait l’air d’avoir un peu plus de vingt ans.

      Est-ce que c’est lui qui leur donnait accès à ce bar ?

      De plus, Ashley avait pris de nombreuses photos érotiques d’elle-même. Dans certaines d’entre elles, elle montrait ses sous-vêtements, et dans d’autres, elle ne portait qu’un string. Dans la plupart, elle se caressait de façon suggestive. Les photos ne montraient jamais son visage, mais il était évident qu’il s’agissait d’Ashley : sa chambre, en arrière-plan, était clairement reconnaissable.

      Keri reconnut l’étagère qui portait le manuel de mathématiques où elle cachait son faux permis de conduire. Dans une autre photo, on distinguait la peluche d’Ashley sur l’oreiller, la tête tournée comme si la vue d’Ashley était insoutenable. Keri eut un haut-le-cœur.

      Elle quitta le dossier photos et vérifia les SMS. Les autoportraits érotiques avaient été envoyés un par un à un certain Walker, sans doute le garçon aux abdos, qui figurait dans ses photos. Les commentaires accompagnant les photos laissaient peu de place à l’imagination. Malgré le supposé lien « spécial » unissant Mia Penn à sa fille, Keri commençait à croire que Stafford la comprenait beaucoup mieux.

      Un des messages envoyés à Walker, daté d’il y a quatre jours, disait : « J’ai officiellement largué Denton aujourd’hui. Je m’attends à ce qu’il fasse des histoires. Je te tiens au courant ».

      Keri éteignit le téléphone et s’assit dans l’obscurité, cogitant. Elle ferma les yeux et laissa son esprit vagabonder. Une scène s’imposa à elle, si réaliste qu’elle avait l’impression d’y être.

      C’était un dimanche matin de septembre, ensoleillé et agréable. Le ciel californien était uniformément bleu. Evie et elle étaient dans un parc de