Блейк Пирс

Un mauvais pressentiment


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leva la tête à l’arrivée de Ray et Keri, et décida qu’ils étaient inoffensifs. Il leur indiqua le fond de la pièce. Un autre homme, aux cheveux longs et à la barbe broussailleuse, leur fit signe de s’approcher. Ils s’assirent et attendirent patiemment qu’il finisse de s’occuper du client qu’il avait au téléphone. Apparemment, l’ennui n’était pas le versement de 10%, mais le dépôt de garantie pour la somme totale. Il lui fallait un acte fiduciaire pour la maison, ou encore une voiture avec acte de propriété, quelque chose de ce type.

      Keri entendait l’interlocuteur de Briggs le supplier, mais Briggs restait impassible.

      Au bout d’une minute, il raccrocha et s’intéressa aux deux personnes assises en face de lui.

      « Stu Briggs, dit-il. Qu’est ce que je peux faire pour vous, monsieur et madame les enquêteurs de police ? »

      Aucun des deux n’avait montré son insigne – Keri en fut impressionnée. Avant qu’elle ne puisse répondre, il reconnut Ray et s’exclama : « Ray Sands ! Le Marchand de Sable ! Ça alors ! J’ai vu votre dernier combat, celui avec le gaucher, comment il s’appelait, déjà ?

      – Lenny Jack.

      – Ouais, c’est ça, Lenny Jack – l’attaque Jack ! Il lui manquait un doigt, je crois ? Le petit doigt ?

      – C’est arrivé après.

      – En tout cas, petit doigt ou pas, je pensais que le combat était gagné pour vous ! Il avait les jambes en coton, la tête en sang, il chancelait. Une droite de plus, c’est tout ce qu’il manquait pour gagner. Même un petit coup aurait suffi ! On aurait dit qu’un souffle d’air pourrait le renverser.

      – C’est ce que j’ai cru, moi aussi, admit Ray. C’est sans doute pour ça que j’ai baissé la garde. Sauf qu’apparemment, il lui restait assez de force pour donner un dernier coup. »

      Briggs haussa les épaules. « Eh ouais. J’ai perdu de l’argent sur ce combat. » Il sembla se rendre compte que sa perte n’avait pas été aussi grave que celle de Ray, et ajouta : « Enfin, pas tant que ça, comparé à vous. C’est pas si mal, l’œil de verre, je pense que la plupart des gens ne s’en rendraient pas compte – moi je le sais parce que j’ai vu le combat. »

      Il reprit son souffle. S’ensuivit un long silence gêné.

      « Donc vous êtes rentré dans la police, dit finalement Briggs. Et pourquoi donc Ray Sands, le Marchand de Sable, se trouve-t-il à mon bureau avec cette jolie petite dame – pardon, cette jolie petite agent de police ? »

      Malgré son agacement, Keri choisit de laisser couler. Ils avaient des choses plus importantes à régler.

      « On voudrait regarder les enregistrements de votre caméra de surveillance, dit Ray. Particulièrement de 14 :45 à 16 :00.

      – Pas de problème », dit Briggs comme si c’était la chose la plus naturelle du monde.

      La caméra de sécurité était essentielle au bureau de Briggs, compte tenu de la clientèle de l’établissement. Les images qu’elle enregistrait n’étaient pas seulement transmises à un écran de surveillance, mais enregistrées sur un disque dur. La caméra filmait en grand angle et couvrait tout le carrefour de Main et Westminster Street. La qualité de l’image était exceptionnelle.

      Keri et Ray furent installés dans une petite pièce à l’arrière pour visionner l’enregistrement. La partie de Main Street qui longeait le parc pour chien était visible sur un demi-pâté de maisons. Ils espéraient que ce qui s’était passé avait bien eu lieu à cet endroit-là.

      Rien d’intéressant n’eut lieu jusqu’à 15h05. À ce moment, un flot d’enfants se déversa sur la route, se dispersant de tous les côtés. À 15h08, Ashley apparut à l’écran. Ray ne la reconnut pas immédiatement ; Keri la lui indiqua. C’était une jeune fille à l’allure sûre d’elle dans sa jupe et son haut moulant.

      Juste après apparut la fourgonnette noire. Elle roula à la hauteur d’Ashley. Les vitres étaient fortement teintées – plus que ne le permettait la loi. Le visage du conducteur était caché par la visière d’une casquette. Les deux pare-soleil étaient baissés et le reflet éblouissant du soleil de l’après-midi empêchait de voir l’intérieur du véhicule.

      Ashley s’arrêta et sembla scruter l’intérieur du véhicule. Apparemment, le conducteur était en train de dire quelque chose. Elle répondit et s’approcha. Alors qu’elle s’avançait, la portière côté passager s’ouvrit. Ashley continuait de parler, et se penchait maintenant vers l’intérieur du fourgon. Elle était en pleine conversation avec le conducteur. Ensuite, tout d’un coup, elle fut à l’intérieur.

      Il était impossible de dire si elle était montée de son plein gré ou si elle avait été happée par le conducteur. Au bout de quelques secondes, la fourgonnette repartit dans la rue, emmenant Ashley. Pas de crissement de pneus, pas d’excès de vitesse. Rien à signaler.

      Ils analysèrent la scène plusieurs fois de suite, d’abord à vitesse normale, puis au ralenti. Finalement, Ray haussa les épaules. « Je ne sais pas, je n’arrive pas à déterminer. Elle s’est retrouvée à l’intérieur, c’est tout ce qu’on peut affirmer. Impossible de dire si elle est montée de gré ou de force. »

      Keri était de son avis. C’était rageant – l’enregistrement laissait le doute. Quelque chose clochait, mais Keri ne parvenait pas à mettre le doigt dessus. Elle revint en arrière, pour arrêter l’image au moment où la fourgonnette était le plus près de la caméra.

      Le véhicule était entièrement dans l’ombre, et il était toujours impossible de voir l’intérieur. Toutefois, une chose était visible. « Tu vois ce que je vois ? » fit-elle. Ray opina du chef. « La plaque d’immatriculation a été masquée. C’est carrément suspect, fit-il.

      – Je suis d’accord. »

      Le portable de Keri sonna. Il s’agissait de Mia Penn. Mia ne s’embarrassa pas de politesses, et expliqua sans attendre : « Je viens d’avoir l’amie d’Ashley, Thelma, au téléphone. Elle dit qu’elle a reçu un appel du téléphone d’Ashley, elle pense que l’appel a été lancé involontairement. Elle a entendu des cris, comme si des gens se disputaient, il y avait de la musique forte. Elle ne pouvait pas dire qui c’était mais elle pense que ça peut être Denton Rivers.

      – Le petit copain d’Ashley ?

      – Oui. J’ai appelé Denton, sur son propre téléphone, pour lui demander s’il avait eu des nouvelles d’Ashley, sans lui dire que je venais d’avoir Thelma. Il a dit qu’il n’a plus vu ni contacté Ashley depuis la fin des cours, mais il avait l’air louche. En plus, j’ai entendu en fond une chanson de Drake, « Summer Sixteen », donc j’ai rappelé Thelma pour lui demander si c’était bien la chanson qu’elle entendait quand elle a eu l’appel involontaire du téléphone d’Ashley. Elle m’a confirmé que c’était celle-là. Donc je vous ai tout de suite appelée. Denton Rivers a le téléphone de ma fille et je pense qu’il pourrait avoir ma fille aussi !

      – Ok, Mia, c’est très bien, vous avez fait un super boulot. Mais vous devez garder votre calme. Quand vous raccrocherez, vous m’enverrez tout de suite l’adresse de Denton Rivers. Et n’oubliez pas, il se peut que tout ceci soit parfaitement innocent. »

      Elle raccrocha et croisa le regard de Ray. Son œil montrait qu’il pensait la même chose qu’elle. Son téléphone vibra quand elle reçut le message de Mia. Elle transmit l’adresse à Ray pendant qu’ils dévalaient les escaliers.

      « Il faut faire vite, fit-elle en se précipitant vers sa voiture. Ça n’est pas innocent du tout. »

      CHAPITRE 4

      Lundi, en début de soirée

      Dix minutes plus tard, Keri passait devant la maison de Denton Rivers. Elle ralentit pour étudier