Dénis Diderot

Les bijoux indiscrets


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peu près tout.

      Mais arrêtons-nous vite dans ces essais d'interprétation, en songeant qu'il ne s'agit point ici d'expliquer le Second Faust, mais une simple bagatelle, et que Diderot se plaint quelque part des commentateurs qui font dire à leur auteur des choses auxquelles il n'a jamais pensé.

      Les Bijoux indiscrets ont été traduits en anglais (1749). Les diverses éditions en français sont de 1748, 1756, 1772 (éd. d'Amsterdam, rare) in-12; 1786 (Cazin) in-18; 1833 petit in-8º, fig.

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      [8] Il ne nous semble pas que cette jeune fille puisse être, comme on l'a dit, Mme de Puisieux, qui était jeune, il est vrai, mais mariée. C'est un nom en l'air. Mme de Puisieux serait plutôt Aglaé, la sage Aglaé, «des plus vertueuses et des moins édifiantes.»

      CHAPITRE PREMIER.

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      Erguebzed son père n'appela point les fées autour du berceau de son fils, parce qu'il avait remarqué que la plupart des princes de son temps, dont ces intelligences femelles avaient fait l'éducation, n'avaient été que des sots. Il se contenta de commander son horoscope à un certain Codindo, personnage meilleur à peindre qu'à connaître.

      Codindo était chef du collége des Aruspices de Banza, anciennement la capitale de l'empire. Erguebzed lui faisait une grosse pension, et lui avait accordé, à lui et à ses descendants, en faveur du mérite de leur grand-oncle, qui était excellent cuisinier, un château magnifique sur les frontières du Congo. Codindo était chargé d'observer le vol des oiseaux et l'état du ciel, et d'en faire son rapport à la cour; ce dont il s'acquittait assez mal. S'il est vrai qu'on avait à Banza les meilleures pièces de théâtre et les salles de spectacles les plus laides qu'il y eût dans toute l'Afrique, en revanche, on y avait le plus beau collége du monde, et les plus mauvaises prédictions.

      Codindo, informé de ce qu'on lui voulait au palais d'Erguebzed, partit fort embarrassé de sa personne; car le pauvre homme ne savait non plus lire aux astres que vous et moi: on l'attendait avec impatience. Les principaux seigneurs de la cour s'étaient rendus dans l'appartement de la grande sultane. Les femmes, parées magnifiquement, environnaient le berceau de l'enfant. Les courtisans s'empressaient à féliciter Erguebzed sur les grandes choses qu'il allait sans doute apprendre de son fils. Erguebzed était père, et il trouvait tout naturel qu'on distinguât dans les traits informes d'un enfant ce qu'il serait un jour. Enfin Codindo arriva. «Approchez, lui dit Erguebzed: lorsque le ciel m'accorda le prince que vous voyez, je fis prendre avec soin l'instant de sa naissance, et l'on a dû vous en instruire. Parlez sincèrement à votre maître, et annoncez-lui hardiment les destinées que le ciel réserve à son fils.

      —Très-magnanime sultan, répondit Codindo, le prince né de parents non moins illustres qu'heureux, ne peut en avoir que de grandes et de fortunées: mais j'en imposerais à Votre Hautesse, si je me parais devant elle d'une science que je n'ai point. Les astres se lèvent et se couchent pour moi comme pour les autres hommes; et je n'en suis pas plus éclairé sur l'avenir, que le plus ignorant de vos sujets.

      —Mais, reprit le sultan, n'êtes-vous pas astrologue?

      —Magnanime prince, répondit Codindo, je n'ai point cet honneur.

      —Eh! que diable êtes-vous donc? lui répliqua le vieux mais bouillant Erguebzed.

      —Aruspice!

      —Oh! parbleu, je n'imaginais pas que vous en eussiez eu la pensée. Croyez-moi, seigneur Codindo, laissez manger en repos vos poulets, et prononcez sur le sort de mon fils, comme vous fîtes dernièrement sur le rhume de la perruche de ma femme.»