changeants18. D’une manière générale, il existe un nombre incalculable de facteurs mentaux, mais ceci en est un résumé dans lequel figurent la plupart de ceux qui doivent être cultivés ou abandonnés afin de développer l’esprit.
En ce qui concerne les facteurs positifs, nous pouvons découvrir par la pratique que plus ils apparaissent dans l’esprit, mieux ils y sont établis. Ils purifient simultanément toutes nos actions mentales et physiques et s’opposent directement à l’apparition d’états d’esprit négatifs. Leur développement continu aboutit à la conduite des Bouddhas et des Bodhisattvas.
Lorsque nous permettons aux facteurs négatifs de se développer, nous accumulons des causes de souffrances. Puisque nous aspirons au bonheur, nous devons d’abord apprendre à comprendre et à reconnaître quels sont les facteurs positifs, puis faire des efforts pour les affermir. Ainsi, nous devenons plus forts et accroissons notre potentiel de bonheur. Cette transformation doit se faire à l’intérieur de nous. Nous ne pouvons pas la recevoir de l’extérieur.
De la même façon, il est important de reconnaître clairement la nature et les caractéristiques des facteurs négatifs de l’esprit. Puis, en les soumettant pour finir par les éliminer totalement, on peut abandonner la souffrance.
Ainsi, en sachant ce qui doit être appliqué et abandonné, nous prenons la responsabilité de pratiquer la religion. Nous n’avons besoin ni d’outils, ni de machines, ni d’aide extérieure d’aucune sorte. Nous devons tendre autant que possible à une transformation intérieure. Même si tout le monde est très gentil avec nous et souhaite vraiment nous aider, toutes ces personnes ne peuvent pas résoudre le problème fondamental de notre esprit incontrôlé.
Il y a beaucoup d’écrits sur le Bouddhisme mais nous ne devons pas lire n’importe quoi. Nous devons vraiment étudier attentivement des explications détaillées sur l’esprit et les facteurs mentaux.
La cause de la souffrance
Il y a des moments où lorsque nous essayons de méditer, il n’apparaît dans notre esprit qu’un état d’obscurité et d’endormissement. Nous allons ainsi découvrir que cet état provient de l’esprit lui-même. Il s’agit d’un facteur mental négatif appelé «opacité mentale». Des émotions telles que l’attachement, la haine, la jalousie, etc. sont des facteurs mentaux négatifs. Ces états d’esprit sont la véritable cause de toute l’agitation, des conflits et des souffrances que nous rencontrons. Nous sommes semblables à de minuscules bateaux ballottés par des vagues violentes, impuissants et incapables de trouver un instant de paix. Ainsi en est-il dans l’océan de notre esprit balayé par les vagues violentes et incessantes des conceptions perturbatrices.
Mais malgré cela, nous rejetons toujours la responsabilité de nos problèmes sur les autres comme s’ils en étaient la cause substantielle. Néanmoins, même s’il se peut qu’il y ait une relation entre ces personnes et nos souffrances, nous devons apprendre à reconnaître que la cause principale de nos problèmes réside dans notre propre esprit. Il n’est pas rare lorsque nous rencontrons des souffrances, que nous soyons bouleversés et dépressifs. Nous gémissons et nous nous plaignons. Quelques personnes vont même jusqu’à se suicider. Le fait de comprendre la nature de l’esprit et d’y voir la cause principale de nos problèmes et de la souffrance nous évitera d’être traumatisé et de réagir de façon démesurée. En voyant que cette cause existe aussi bien à l’intérieur de notre esprit que dans celui des autres personnes, nous ne serons plus surpris lorsqu’un événement déplaisant surviendra.
Grâce à cette attitude face à nos problèmes, nous allons réaliser que tant que la cause intérieure de souffrance n’est pas éliminée, quelle que soit la personne avec laquelle nous nous trouvons, où que nous allions, quelle que soit la position que nous obtenons, nous ne pourrons jamais éprouver un bonheur réel et durable. En mettant fin à nos attentes vaines nous développerons un esprit beaucoup plus ouvert et souple et lorsqu’un problème surviendra, nous pourrons facilement y faire face. Simultanément, nous verrons apparaître en nous la compassion et la compréhension à l’égard des autres et notre aspiration à la pratique religieuse va augmenter.
La cause de la souffrance, qui réside dans notre esprit, ne peut être éliminée que par l’esprit lui-même. Pour ce faire, nous devons accroître le pouvoir de l’esprit et plus il deviendra subtil, plus il sera puissant. Nous devons savoir exactement comment l’utiliser sinon nous allons rencontrer des difficultés. Chaque action de l’esprit dépend donc des différents facteurs mentaux. Si l’esprit est sous le contrôle de facteurs vertueux, il sera guidé dans une bonne direction. Au contraire, s’il est sous le contrôle de facteurs non-vertueux, il en prendra une mauvaise. Nous pouvons comparer l’esprit à un enfant innocent qui peut être influencé négativement par des mauvais amis, ou positivement par de bons amis, son comportement dépendant, pour une bonne part, de la nature de ses compagnons.
L’attachement et la compassion
L’attachement se développe non seulement envers des personnes et des objets des sens mais aussi envers des notions abstraites comme la réputation, la gloire, la religion ou l’idéologie.
Bien des gens pensent qu’abandonner l’attachement signifie délaisser toute affection ou penchant pour des objets plaisants. Ils pensent que le fait de considérer un objet comme étant attirant est totalement faux. C’est méconnaître les enseignements du Bouddha car, si nous n’avions aucune attirance pour notre propre bonheur et celui des autres ainsi que pour l’illumination, comment pourrions-nous parcourir le chemin qui nous y conduit ? Si nous n’avons aucune envie d’aller quelque part, nous ne ferons même pas le premier pas dans cette direction et il sera encore moins question d’y arriver. L’amour et la compassion dépendent respectivement du désir de rendre les autres heureux et de les libérer des souffrances. Il est alors nécessaire de les voir comme des objets plaisants. Il se peut qu’ici un doute s’élève en nous : n’est ce pas la même chose que d’éprouver de l’attachement envers les autres êtres ? Ce n’est pas pareil : l’amour et la compassion sont des états mentaux exacts et fondés dans leur façon d’appréhender leur objet. L’attachement, lui, a pour caractéristique d’exagérer les qualités positives de l’objet et d’en méconnaître la vraie nature. Il appréhende son objet de façon incorrecte19.
Par exemple, si nous allons dans un parc et que nous y voyons de magnifiques fleurs, l’attachement peut apparaître. Nous exagérons les qualités de ces fleurs et cherchant à nous faire plaisir nous nous attachons à notre conception déformée. Cependant, nous pouvons renoncer à l’attachement sans avoir à renoncer au plaisir, simplement en offrant immédiatement aux Bouddhas tout ce qui nous semble attrayant. De cette manière, l’esprit égoïste d’attachement ne peut plus se manifester et nous sommes capables de voir les fleurs avec relativement peu de conceptions erronées. Ces deux états d’esprit ont en commun une attirance, mais l’attachement est perverti et entraîne des conséquences fâcheuses alors que l’amour et la compassion sont réalistes et causes de bonheur.
La colère
La colère est, quant à elle, sans détour. Lorsque nous sommes sous l’influence de ce facteur mental, nous sommes immédiatement agités et nous éprouvons des souffrances mentales, voire physiques, ainsi qu’un certain malaise. L’esprit, sous cette influence, se trompe également sur la nature de l’objet. Que cet objet soit plaisant ou déplaisant, il le saisit comme étant totalement déplaisant, comme une chose haïssable.
L’attachement et la colère sont comme une paire d’amis, malhonnêtes et rusés. Ils troublent en permanence notre esprit provoquant l’apparition de facteurs mentaux négatifs qui entraînent des actions erronées.
Reconnaître notre véritable ennemi
Nous recherchons toujours notre ennemi, la cause de nos souffrances, à l’extérieur de nous. Mais nos ennemis