Pamela Fagan Hutchins

Absolution Providentielle


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vous aider. Jacoby commença à s’éloigner, puis se retourna.

      - Mais vos parents sont morts dans un accident de voiture. On dirait qu’il n’y a pas grand-chose à découvrir pour vous.

      - Donc il n’y a personne ici à qui je peux parler ? Une bouffée de colère commençait à m’envahir.

      - Juste Michael. Et il est mort. Il regarda Ava.

      - Content de te voir. Il tourna les talons et sortit.

      Mes joues et mes oreilles brûlaient. Cette conversation avait tiré toutes mes sonnettes d’alarme. J’ouvris la bouche mais Ava porta son doigt à ses lèvres. Je la fermais et je serrais les dents. Elle fit un signe de la tête vers la sortie, puis se dirigea vers la porte, en beuglant à tous ceux qui étaient à portée de voix

      - Un agréable bon après-midi à vous.

      Un mur de chaleur moite m’attendait à la porte, mais je ne m’arrêtai pas, déjà échauffée par ma frustration. Deux officiers passèrent devant nous et entrèrent dans le bâtiment, et nous fûmes soudainement seules. Je plissai les yeux et cherchai mes lunettes de soleil.

      Consciente de leur amitié, je tentais de calmer ma fureur.

      - Ava, je sais que c’est ton ami, mais n’as-tu pas l’impression qu’il s’est foutu de moi ? Je sais que je ne suis pas d’ici, tout ça me laisse une mauvaise impression.

      Les yeux d’Ava balayaient de gauche à droite.

      - Chut, Katie. Les choses se passent différemment ici qu’aux États-Unis.

      J’ouvris mon côté de la voiture et déverrouillai les autres portières. Nous montâmes dans la voiture.

      - Laisse-moi voir ce rapport, dit Ava.

      Je lui tendis l’enveloppe. Il n’y avait pas grand-chose à voir. Un accident de voiture, plongeon d’une falaise, atterrissage dans les rochers en dessous. Le conducteur et le passager décédés. Mes parents.

      Sans quitter la feuille des yeux, Ava demanda :

      - Pourquoi es-tu si sûre que leur mort n’est pas un accident ?

      - Je ne suis pas sûre. Je crois beaucoup à l’intuition, et c’est juste un sentiment que j’ai, à partir de petites choses qui n’ont pas de sens. Comme le fait que ma mère portait toujours l’alliance de ma grand-mère, mais la police ne l’a jamais trouvée. Pas sur elle, ni dans ses affaires à l’hôtel. J’ai trouvé ça bizarre. En plus, j’ai parlé à mes parents cette nuit-là. Ils avaient dîné, et ils étaient sur le chemin du retour à la Fleur de Paon. Ils m’ont appelé pendant qu’ils conduisaient. Ils avaient l’air heureux. Et l’instant d’après, ils étaient morts.

      Merde. Mes yeux commencèrent à fuir.

      - Okay, okay. Il est dit ici que ton père était ivre. Sa voix était devenue plus formelle. Plus sérieuse.

      - Oui, c’est l’autre chose qui me dérange. Mon père était un alcoolique repenti. Il n’avait pas l’air d’être saoul quand je lui ai parlé au téléphone. Et je n’arrive pas à imaginer ma mère restant là à le regarder picoler.

      Maman s’était occupée d’enfants de maternelle pendant vingt ans, un travail dont elle aimait à dire que ça l’entraînait à s’occuper de mon père. Elle était à la fois tendre et très déterminée. Seul sa grossesse surprise avec Collin avait fait dérailler ses plans pour devenir avocate.

      - Peut-être qu’elle n’avait pas remarqué ? Suggéra Ava.

      - Peut-être. Je ne sais pas Tout est possible. Je lui fis une confession.

      - C’est ce que pense mon frère. Collin. Il est officier de police. Quand il a appris la mort de mes parents, il a appelé ici et parlé à un officier. Collin a dit qu’il était gentil, qu’il était serviable, et qu’il a dit qu’ils voyaient tout le temps des touristes sur St. Marcos, conduisant en état d’ivresse et se mettant dans de mauvaises situations. Collin pensait que papa avait peut-être rechuté et qu’il le cachait à ma mère.

      Ava posa sa main sur mon avant-bras.

      - Je déteste dire ça, Katie, mais les touristes et les conducteurs ivres sont la même chose pour nous.

      Cela n’aidait pas mes yeux à sécher.

      - Mais ton copain a agi si bizarrement. Tu ne crois pas ?

      Elle me regarda, et ses yeux étaient doux et tristes.

      - L’officier sur cette affaire, celui qui est mort...

      - Michael Jacoby ?

      - C’était le frère de Darren. Son petit frère.

      - Je suis désolée. Oh mon Dieu, je suis tellement désolée. Je me sens égoïste. Je...

      Un coup sec sur la vitre derrière ma tête me coupa court. Je poussais un glapissement en sursautant, me cognant la tête contre le toit. Ava pris une goulée d’air.

      Je me retournai et me trouvai face à face au large visage de Darren Jacoby dans l’encadrure de la vitre. J’essayais de l’ouvrir mais les boutons ne répondaient pas. Ce n’est qu’à ce moment-là que je me suis rendu compte que nous étions assises dans une voiture en plein soleil, sans vitres baissées ni climatisation. Je tournai la clé et démarrai le moteur, puis je baissai la vitre.

      Ava se pencha sur moi, et prit son accent local.

      - Jacoby, tu nous as collé la trouille.

      Il ne souriait pas.

      - Je voulais lui dire... il me regarda directement,

      - Pour dire que je suis désolé pour vos parents. Je sais que c’est dur de perdre quelqu’un qu’on aime. Je sais que ça vous fait poser des questions. Mais mon frère était un bon flic, et je lui fais confiance. S’il a dit qu’ils sont morts dans un accident de voiture, c’est ce qui s’est passé.

      Il était repassé à l’accent local.

      - Je suis désolée pour votre frère, lui dis-je.

      Il inclina la tête, baissa les yeux, puis les remonta à nouveau pour rencontrer les miens.

      - Bonne journée, Mlle Connell.

      Je remontais la vitre alors qu’il s’éloignait. J’étais plus confuse maintenant que je ne l’avais été avant d’arriver à la station. Il aurait été préférable de laisser tomber, de faire confiance au jugement de Collin, de chercher la paix plutôt que les problèmes. Je le savais. Normalement, je faisais aussi entièrement confiance à Collin. Mais il avait eu des problèmes sentimentaux juste avant la mort de maman et papa. Sa fiancée l’avait largué pour une femme, et il n’était tout simplement pas lui-même alors, distrait par ses propres problèmes. Si j’avais des doutes, alors je le devais à mes parents de faire ce que je faisais. Je les avais laissés tomber pendant un an, laissant tout le reste être plus important que mon intuition, qu’eux, et tant qu’une once de doute subsistait en moi, je devais continuer.

      Je me dégageai de ma place de parking et pris la route.

      Chapitre 9

      Taino, St Marcos, USVI

      Le 18 mars 2012

      Quinze minutes plus tard, Ava et moi étions assises dans le bureau d’un certain Paul Walker au 32 King’s Cross Street. Son bureau était une longue pièce étroite dont les murs et le sol étaient recouvert de briques rouges. Il avait probablement été autrefois une ruelle ou un passage pour piétons. Il était coincé entre une boutique de friperie et un magasin de disques à l’abandon avec des albums couverts de poussière en vitrine et qui dégageait une impression de déchéance, de décrépitude. Je me demandai s’il renfermait des trésors cachés dans ses profondeurs. Probablement pas.