Морис Леблан

Тайны Арсена Люпена. Уровень 1 / Les Confi dences d’Arsène Lupin


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type="note">[33], Lupin m’entraîna de nouveau, redescendit et, une fois dans la rue, tourna sur la droite, ce qui nous fit passer devant[34] mon appartement. Quatre numéros plus loin, il s’arrêtait en face du 92. Lupin s’informa si M. Dulâtre se trouvait chez lui.

      «M. Dulâtre est parti, répondit le marchand… voilà peut-être une demi-heure… Il semblait très agité, et il a pris une automobile, ce qui n’est pas son habitude[35]. Il a crié l’adresse assez fort! «À la Préfecture de Police»«

      Lupin demanda encore si personne n’était venu après le départ de M. Dulâtre.

      «Si, un vieux monsieur à barbe grise et à lunettes.

      – Je vous remercie, monsieur,» dit Lupin.

      Il se mit à marcher lentement, sans m’adresser la parole[36]. Nous étions arrivés sur les boulevards. Lupin entra dans un cabinet de lecture[37] et consulta très longuement les journaux de la dernière quinzaine[38].

      La nuit était venue[39], nous dînâmes dans un petit restaurant et je remarquai que le visage de Lupin s’animait peu à peu. Quand nous partîmes, c’était vraiment le Lupin qui a résolu d’agir[40] et de gagner la bataille.

      Le baron Repstein habitait dans un hôtel à trois étages.

      «Halte![41] dit Lupin tout à coup. – Crebleu![42] le combat sera rude. Allez-vous coucher, mon bon ami. Demain, je vous raconterai mon expédition si elle ne me coûte pas la vie.»

      Il déclama:

      «Plantez un saule au cimetière,

      J’aime son feuillage éploré…»[43]

      Je m’éloignai aussitôt. Trois minutes plus tard Lupin sonnait à la porte de l’hôtel Repstein.

      «M. le baron est-il chez lui?

      – Oui, répondit le domestique.

      – M. le baron connaît l’assassinat de son intendant Lavernoux?»

      Une voix cria d’en haut[44]:

      «Faites monter, Antoine.»

      Le domestique conduisit Lupin au premier étage. Là, le baron Repstein l’attendait.

      C’était un homme très grand. Il portait des vêtements de coupe élégante[45].

      Il introduisit Lupin dans son cabinet de travail et demanda:

      «Vous savez quelque chose?

      – Oui, monsieur le baron.»

      Lupin s’assit, et commença:

      «– Eh bien, monsieur le baron. Tantôt, de sa chambre, Lavernoux, qui, depuis quinze jours, était tenu par son docteur en une sorte de réclusion[46], a télégraphié certaines révélations à l’aide de signaux, que j’ai notés en partie[47]. Lui-même a été surpris au milieu de cette communication[48] et assassiné.

      – Mais par qui? par qui?

      – Par son docteur?

      – Le nom de ce docteur?

      – Je l’ignore. Mais le résultat, monsieur le baron, c’est que votre hôtel est cerné. Douze agents se promènent sous vos fenêtres. Dès que le soleil sera levé, ils entreront au nom de la loi[49], et ils arrêteront le coupable.»

      Le baron Repstein se leva:

      «Allez jusqu’au bout[50], monsieur. Il m’est impossible d’attendre davantage.»

      Lupin reprit d’une voix lente et qui hésitait:

      «C’est que… voilà… l’explication devient difficile… Il s’agit aussi de votre femme, la baronne…

      – Je ne comprends pas.

      – Il faut pourtant que vous compreniez, Monsieur le baron… Eh bien, il y a une excellente raison pour qu’on ne l’ait pas revue après sa fuite.

      – Laquelle?

      – C’est que la baronne Repstein a été assassinée…

      – Assassinée!.. la baronne!.. mais vous êtes fou![51]

      – Assassinée, et ce soir-là, tout probablement.

      – Et cet assassin?

      – Celui-là même qui, depuis quinze jours, sachant que Lavernoux, par la situation qu’il occupait dans cet hôtel, a découvert la vérité, le tient enfermé; celui-là même qui, surprenant Lavernoux en train de communiquer avec un de ses amis, le supprime froidement d’un coup de stylet au cœur.

      – Le docteur, alors? Mais qui est ce docteur? Et je le connais?

      – Oui.

      – Qui est-ce?

      – Vous!

      – Moi!..»

      L’accusation était portée[52], précise, violente, implacable.

      Il répéta:

      «Vous êtes coupable, vous avez assassiné la baronne pour vous débarrasser d’elle et manger les millions[53] avec une autre femme, – oh! alors, tout s’explique.»

      Le baron ayant sorti de son bureau un revolver[54] revint auprès de Lupin, mit l’arme dans sa poche, et dit très calmement:

      «Vous excuserez, monsieur, cette petite précaution, que je suis obligé de prendre au cas, d’ailleurs invraisemblable, où vous seriez devenu fou.»

      Il avait une voix émue, et ses yeux tristes semblaient mouillés de larmes[55].

      Lupin frissonna. S’était-il trompé? Un détail attira son attention[56]: par l’échancrure du gilet, il aperçut la pointe de l’épingle[57] fixée à la cravate du baron, et il constata ainsi la longueur insolite de cette épingle. De plus, la tige d’or en était triangulaire[58], et formait comme un menu poignard[59], très fin, très délicat, mais redoutable en des mains expertes.

      «Vous êtes rudement fort, car il est évident que la baronne n’a fait qu’obéir à vos ordres[60]. Et il est évident que la personne qui est sortie de votre hôtel avec un sac de voyage, n’était pas votre femme, mais une complice, votre amie, probablement. Que risque cette femme puisque c’est la baronne que l’on cherche?[61] Et comment chercherait-on une autre femme que la baronne, puisque vous avez promis une prime de cent mille francs à qui retrouverait la baronne? Dieu! que c’est drôle!»

      Le baron s’avança vers Lupin et lui dit:

      «Qui êtes-vous?»

      Lupin