Морис Леблан

Тайны Арсена Люпена. Уровень 1 / Les Confi dences d’Arsène Lupin


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a-t-il dans cette main?

      – Une pièce de cinq francs.»

      Il ouvrit la main. La pièce de cinq francs n’y était pas.

      «Vous voyez comme c’est facile! Un ouvrier coupe une bague sur laquelle est gravé un nom, mais il en présente une autre sur laquelle est gravée la date du vingt-trois octobre. Bigre![104] J’ai travaillé six mois avec Pickmann.

      – L’ouvrier bijoutier?

      – C’était Horace Velmont! C’était ce brave Lupin

      – Parfait,» m’écriai-je.

      Et j’ajoutai, un peu ironique à mon tour:

      «Mais ne croyez-vous pas que vous-mêmes fûtes quelque peu dupé en l’occurrence[105]?

      – Ah! Et par qui?

      – Par la comtesse.

      – En quoi donc?

      – Dame! ce nom inscrit comme un talisman… ce beau ténébreux qui l’aima et souffrit pour elle… Tout cela me paraît fort invraisemblable, et je me demande si vous n’êtes pas tombé au milieu d’un joli roman d’amour bien réel… et pas trop innocent.»

      Lupin me regarda de travers[106].

      «Non, dit-il.

      – Comment le savez-vous?

      – La bague est voici. Vous pouvez lire le nom qu’elle avait fait graver.»

      Il me donna la bague. Je lus «Horace Velmont».

      Il y eut entre Lupin et moi un instant de silence.

      Je repris: «Pourquoi vous êtes-vous résolu à me raconter cette histoire?

      – Pourquoi?»

      Il me montra, d’un signe, une femme très belle encore qui passait devant nous, au bras d’un jeune homme.

      Elle aperçut Lupin et le salua.

      «C’est elle, fit-il, c’est elle avec son fils.

      – Elle vous a donc reconnu?

      – Elle me reconnaît toujours, quel que soit mon déguisement.

      – Elle sait qui vous êtes?

      – Oui.

      – Et elle vous salue?» m’écriai-je.

      Il m’empoigna le bras, et, violemment:

      «Croyez-vous que je sois à ses yeux un cambrioleur, un escroc, un gredin?… Mais je serais le dernier des misérables, j’aurais tué, même, qu’elle me saluerait encore.

      – Pourquoi? Parce qu’elle vous a aimé?

      – Allons donc! ce serait une raison de plus, au contraire, pour qu’elle me méprisât.

      – Alors?

      – Je suis l’homme qui lui a rendu son fils!»

      Le signe de l’ombre

      «J’ai reçu votre télégramme, me dit. Et me voici. Qu’y a-t-il?»

      «Qu’y a-t-il? répliquai-je, oh! pas grand-chose, une coïncidence assez bizarre.

      – Et alors?

      – Vous êtes bien pressé![107]

      – Excessivement. Par conséquent[108], droit au but.

      – Droit au but[109], allons-y. Et commencez, je vous prie, par jeter un coup d’œil[110] sur ce petit tableau.

      – Abominable, en effet, dit Lupin, au bout d’un instant[111], mais le sujet lui-même ne manque pas de saveur…

      – C’est authentique, ajoutai-je. La toile, bonne ou mauvaise, n’a jamais été enlevée de son cadre Empire. D’ailleurs, la date est là… Tenez, dans le bas, à gauche, ces chiffres rouges, 15-4-2, qui signifient évidemment 15 avril 1802.

      – En effet[112]… en effet… Mais vous parliez d’une coïncidence, et, jusqu’ici, je ne vois pas…»

      J’allai prendre dans un coin une longue-vue que je braquai vers la fenêtre ouverte d’une petite chambre située en face de mon appartement, de l’autre côté de la rue. Et je priai Lupin de regarder.

      «Ah! dit Lupin tout à coup[113], le même tableau!

      – Exactement le même! affirmai-je. Et la date… vous voyez la date en rouge? 15-4-2.

      – Oui, je vois… Et qui demeure dans cette chambre?

      – Une dame ou plutôt une ouvrière, puisqu’elle est obligée de travailler pour vivre… des travaux de couture qui la nourrissent à peine, elle et son enfant.

      – Comment s’appelle-t-elle?

      – Louise d’Ernemont…»

      Il releva la tête et me demanda:

      «L’histoire est intéressante… Pourquoi avez-vous attendu pour me la raconter?

      – Parce que c’est aujourd’hui le 15 avril.

      – Eh bien?

      – Eh bien, depuis hier, je sais – un bavardage de concierge – que le 15 avril occupe une place importante dans la vie de Louise d’Ernemont. Le 15 avril, elle sort avec sa petite fille vers dix heures, et ne rentre qu’à la nuit tombante. Cela, depuis des années, et quel que soit le temps.[114]

      – Étrange… prononça Lupin d’une voix lente. Et l’on ne sait pas où elle va?

      – On l’ignore.

      – Vous êtes sûr de vos informations?

      – Tout à fait sûr.[115] Et voici la preuve.»

      Une porte s’était ouverte en face, et on vit une petite fille et une femme.

      «Vous voyez, murmurai-je, elles vont sortir.»

      De fait, après un moment, la mère prit l’enfant par la main, et elles quittèrent la chambre.

      Lupin saisit son chapeau.

      «Venez-vous?»

      Je descendis avec Lupin.

      En arrivant dans la rue, nous aperçûmes ma voisine qui entrait chez un boulanger. Elle acheta deux petits pains qu’elle plaça dans un panier que portait sa fille et qui semblait déjà contenir des provisions.

      Louise d’Ernemont prit une des ruelles étroites et désertes. Il y avait d’abord à droite, une maison dont la façade donnait sur la rue Raynouard, puis un mur moisi. Vers le milieu, devant laquelle Louise d’Ernemont s’arrêta, et qu’elle ouvrit à l’aide d’une clef. La mère et la fille entrèrent.

      «En tout cas[116], me dit Lupin, elle n’a rien à cacher, car elle ne s’est pas retournée une seule fois…»

      Il avait à peine achevé cette phrase qu’un bruit de pas retentit derrière nous. C’étaient deux vieux mendiants, un homme et une femme. Ils passèrent sans prêter attention à notre présence.[117] L’homme sortit de sa besace une clef semblable à celle de ma voisine, et l’introduisit dans la serrure. La porte se referma sur eux.

      Et