n’est qu’au bout de plusieurs années que l’occasion se présenta[145], pour moi, d’interroger Lupin, au sujet de cette affaire. Il me répondit:
«L’affaire des dix-huit diamants? Ai-je eu même besoin de réfléchir? Dès le début, je fus frappé par ce fait que toute l’aventure était dominée par une question primordiale: la question de temps. Lorsqu’il avait encore sa raison, Charles d’Ernemont inscrivait une date sur les trois tableaux. Plus tard, dans les ténèbres où il se débattait[146], une petite lueur d’intelligence le conduisait chaque année au centre du vieux jardin, et la même lueur l’en éloignait chaque année, au même instant, c’est-à-dire à cinq heures vingt-sept minutes. Qu’est-ce qui réglait de la sorte le mécanisme déréglé de ce cerveau? Le cadran solaire était le symbole même[147] du temps. Et c’est pourquoi, tout de suite, je sus[148] où il fallait chercher.
– Mais l’heure de la recherche, comme l’avez-vous établie?
– Tout simplement d’après les tableaux[149]. Un homme vivant à cette époque, comme Charles d’Ernemont, eût inscrit[150] 26 germinal an II, ou bien 15 avril 1794, mais non 15 avril an II. Je suis stupéfait que personne n’y ait songé.
– Le chiffre 2 signifiait donc deux heures?
– Évidemment. Et voici ce qui dut se passer[151]. Le fermier, surpris par l’arrivée de la patrouille, il s’enfuit dans le jardin. Où cacher les diamants? Le hasard fit que ses yeux tombèrent sur[152] le cadran. Il était deux heures. L’ombre de la flèche suivait alors la cassure du marbre. Il obéit à ce signe de l’ombre, enfonça dans la poussière les dix-huit diamants, et revint se livrer aux soldats.
– Soit[153], mais vous, du moment que vous aviez déchiffré l’énigme[154], il vous était facile, depuis un an, de vous introduire dans l’enclos, et de dérober les diamants.
– Ces malheureux m’ont fait pitié[155].
– Bah! m’écriai-je, la bêtise n’est pas si grande. Six beaux diamants! Voilà un contrat que les héritiers d’Ernemont ont dû remplir avec joie.»
Lupin me regarda et, soudain, éclatant de rire:
«Vous ne savez donc pas? Ah! celle-là est bien bonne… La joie des héritiers d’Ernemont!.. Mais, mon cher ami, le lendemain, ce brave capitaine Janniot avait autant d’ennemis mortels! Le lendemain les deux sœurs maigres et le gros monsieur organisaient la résistance. Le contrat? Aucune valeur[156], puisque, et c’était facile à le prouver, il n’y avait point de capitaine Janniot.
– Louise d’Ernemont, elle-même[157]?…
– Non, Louise d’Ernemont protesta contre cette infamie. Mais que pouvait-elle?
– Et alors?
– Et alors, mon cher ami, pris au piège[158], légalement impuissant, j’ai dû transiger et accepter pour ma part[159] un modeste diamant, le plus petit et le moins beau.»
Le piège infernal
Après la course Nicolas Dugrival porta vivement la main à la poche intérieure de son veston. Sa femme lui dit:
«Qu’est-ce que tu as?
– Je suis toujours inquiet… avec ton argent! j’ai peur d’un mauvais coup[160]
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