que par vanité! de porter à l’étranger la nouvelle de votre pauvreté gravée sur le visage de ses membres, et de faire que le Canada ne soit pas un sujet de mépris pour des voisins mieux éclairés?
Quoi! il ne se trouvera personne, même sur vos rivages, pour arrêter le cri de la misère qui s’en va traversant l’Atlantique et menace de dessécher les sources de votre prospérité future?
Ce serait une grande et belle œuvre, pourtant: une œuvre bien digne d’un patriote.
– Nous allons au pays qui nous donnera du pain; au pays qui donnera du travail à nos mains, pour que nous puissions nourrir nos enfants.
Remarquez où ils vont! Vos voisins peuvent les recevoir; – ils peuvent les nourrir, leur donner du travail, un foyer, et pourquoi?
La nature a-t-elle été plus bienfaisante pour les États-Unis? leur richesse comparative est-elle plus abondante? leurs habitants sont-ils plus habiles? ont-ils quelques grands réservoirs de bien-être que vous ne possédiez pas? ou leur politique est-elle différente?
C’est là, ô Canadiens, le mystère qu’il vous faut résoudre.
IV. Madeleine
Pauvre Madeleine, elle avait l’esprit bien en désordre, et le cœur bien gros, allez, quand, durant cette funeste nuit, elle quitta le misérable appentis qu’on appelait leur maison.
Le temps était calme, clair, le froid piquant.
La lune versait sur Toronto les rayons de sa molle lumière.
Au firmament brillaient les étoiles comme des milliers de perles à une coupole de saphir.
La neige criait âprement sous le pied.
C’était une poétique et sereine nuit, toute remplie de beautés solennelles.
Si belle que fût pourtant cette nuit, elle n’avait aucun charme pour Madeleine. Son front était baigné de sueur, ses yeux étaient brouillés et ses oreilles tintaient.
Machinalement, elle s’arrêta une fois encore sur le seuil de la porte, hésita, puis, prenant une sorte de décision, elle examina les environs, comme pour y chercher quelqu’un qu’elle s’attendait à voir.
Mais il n’y avait personne.
Madeleine parut désappointée; elle se retourna vers la porte, passa la main sur son visage brûlant, secoua la tête, tira de son corsage la lettre qu’elle y avait glissée, la parcourut d’un clin d’œil, la replaça dans son sein, et relevant le bas de sa robe, s’élança en avant.
Mais à peine eut-elle fait quelques pas, que sa course fut arrêtée comme par une main invisible.
Madeleine revint devant la porte de la hutte, tomba à genoux dans la neige et murmura d’un ton saccadé, en se tordant les mains:
– Ô ma mère, ma pauvre mère, pardonnez-moi, pardonnez-moi! j’essaye de faire de mon mieux. Vous êtes si malheureuse et je puis vous être utile… Vous me pardonnerez tous, n’est-ce pas?
Son élan de douleur monta dans l’air pur; la lune sembla pâlir et les étoiles se voiler de pitié, car rarement leur veille silencieuse avait été troublée par un pareil accent d’angoisses, échappé à des lèvres aussi belles.
Se levant ensuite, insensée, demi-folle, la jeune fille reprit sa course.
Elle vola longtemps sur la blanche neige, passa le long des pauvres cabanes se dressant çà et là comme des spectres de mauvais augure, qui tous parlaient de détresse et de désolation.
Mais les propres pensées de Madeleine étaient trop vives pour qu’elle songeât à la misère d’autrui. Et elle fuyait, fuyait, les yeux baissés devant elle, craignant jusqu’à son ombre.
Arrivée à l’emplacement découvert, connu sous le nom de Cruikshank Lane, elle fit une pause, regarda comme si elle avait peur d’être suivie.
N’apercevant rien, elle se retourna, et frémit à la vue de la légère trace que ses pieds avaient laissée sur la neige.
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