exiger leur consentement sur les points où nous ne sommes pas d'accord, nous serions bien plus près du Christ que ceux qui, tout en se qualifiant de chrétiens, se détachent, au nom du Christ, des hommes d'une autre religion, en exigeant qu'ils soient d'accord avec ce qui leur semble être la vérité.
Aimez vos ennemis, et vous n'en n'aurez point.
Dieu voulait que nous fussions heureux et, dans ce but, il nous a donné le besoin du bonheur; seulement, il voulait que nous soyons heureux tous, et non pas quelques-uns, et pour cela il nous a donné le besoin d'aimer. Il s'ensuit que les hommes ne seront heureux que lorsqu'ils s'aimeront tous les uns les autres.
Sénèque disait que tout ce que nous voyons, tout ce qui vit n'est qu'un seul corps; tels les bras, les jambes, l'estomac, les os, nous sommes les parties de ce corps. Tous, nous sommes venus au monde de la même façon; tous, nous voulons notre bonheur; tous nous savons que nous ferions mieux de nous entr'aider que de nous exterminer et tous nous avons un germe d'amour les uns pour les autres. Comme des pierres, nous formons une même route et nous nous écroulerons, si nous ne nous soutenons pas.
Si nous aimons ceux qui nous plaisent, qui nous louent, qui nous font du bien, nous les aimons pour nous-mêmes. Le véritable amour est celui qui nous fait aimer non pour notre plaisir, mais pour le bien des hommes que nous aimons; nous devons les aimer, non pas parce qu'ils sont agréables ou utiles, mais parce que dans chaque homme nous reconnaissons l'esprit qui vit en nous.
Ce n'est qu'ainsi que nous pouvons aimer, comme nous l'a appris le Christ, non seulement ceux qui nous aiment, mais aussi ceux qui nous haïssent: nos ennemis.
Tâche d'aimer celui que tu n'aimais pas, que tu blâmais, qui t'a offensé. Si tu y réussis, tu connaîtras une sensation nouvelle de joie. De même que la clarté éclate après les ténèbres, la lumière de l'amour s'allumera avec plus d'intensité et plus joyeusement en toi, après s'être libéré de l'inimitié.
Le meilleur des hommes est celui qui aime tous et qui fait du bien à tous, qu'ils soient bons ou méchants.
«Je suis triste, ennuyé, seul.» Mais qui donc t'a ordonné de fuir tous les hommes et de te murer dans la prison de ton misérable et ennuyeux «moi».
Agis de façon à pouvoir dire à chacun: fais comme moi.
Tant que je n'aurai pas vu observer le plus grand commandement du Christ – l'amour envers les ennemis – je ne croirai pas que ceux qui se qualifient de chrétiens le soient effectivement.
Tous les hommes ne désirent, qu'une seule chose, c'est de bien vivre. C'est pourquoi, depuis les temps les plus anciens, partout et toujours, les sages et les saints ont pensé et appris aux hommes comment il fallait vivre pour être heureux. Et à toutes les époques et dans tous les pays, les sages et les saints ont enseigné aux hommes la même doctrine.
Cette doctrine est brève et simple:
Tous les hommes vivent par le même esprit, mais sont séparés, dans cette vie, par leurs corps; s'ils en sont convaincus, ils doivent s'unir les uns aux autres par l'amour. S'ils ne le comprennent pas et s'imaginent qu'ils vivent uniquement par leurs corps, ils se querellent entre eux et sont malheureux.
Toute la doctrine est dans la recommandation de faire ce qui unit les hommes et de ne pas faire ce qui les désunit. Il est facile d'avoir foi en cette doctrine parce qu'elle demeure dans le cœur de chaque homme.
L'homme aime aussi naturellement que l'eau descend la pente.
Proverbe oriental.
Pour que l'abeille vive selon sa nature, elle doit voler, le serpent ramper, le poisson nager, l'homme aimer. Par conséquent, si l'homme fait du mal à son prochain au lieu de lui faire du bien, cela paraît aussi étrange que si le poisson se mettait à voler et l'oiseau à nager.
Le cheval, par sa course rapide, fuit l'ennemi. Il est malheureux non pas lorsqu'il ne peut pas crier comme un coq, mais lorsqu'il perd ce qui lui est acquis: la faculté de courir.
Le sens le plus précieux pour le chien est son flair. Il est malheureux lorsqu'il le perd, et non lorsqu'il voit qu'il ne peut pas voler.
De même l'homme est malheureux, non quand il est impuissant à maîtriser un ours, un lion, ou de mauvaises gens, mais quand il perd ce qu'il a de plus cher: sa nature spirituelle, sa faculté d'aimer.
On n'a pas à regretter quand on meurt, quand on a perdu son argent, sa propriété, sa maison – tout cela n'appartient pas à l'homme. On doit regretter quand l'homme perd son bien réel, son plus grand bonheur: la faculté d'aimer.
On demanda à un philosophe chinois: qu'est-ce que la science? Il répondit: C'est connaître les hommes.
On lui demanda: Qu'est-ce que la vertu? Il répondit: C'est aimer les hommes.
Un philosophe hindou disait: «De même qu'une mère soigne son unique enfant, le dorlote, le garde et l'élève, l'homme doit élever et garder en soi ce qu'il a de plus cher au monde: l'amour pour tout ce qui vit. Toutes les religions nous l'enseignent: celle des Bramines, des Bouddhistes, des Hébreux, des Chinois, des Chrétiens, des Mahométans. C'est pourquoi, la chose la plus nécessaire au monde est d'apprendre à aimer.»
Les Chinois ont eu leurs philosophes tels que Confucius, Lao-Tseu et un autre sage, peu connu, du nom de Mi-Ti.
Mi-Ti enseignait qu'il ne fallait pas inculquer aux hommes le respect de la force, de la richesse, de la bravoure, mais de l'amour seul. Il disait: On élève les hommes de façon à ce qu'ils considèrent que la richesse et la gloire sont au-dessus de tout et ils ne songent qu'à gagner le plus possible de gloire et de richesses; il faut les élever de façon à ce qu'ils placent l'amour au-dessus de tout et que, dans la vie quotidienne, ils s'habituent à aimer les hommes et à consacrer toutes les forces à apprendre à aimer.
Mi-Ti n'a pas été écouté. Mendzé, un élève de Confucius, contredit Mi-Ti, en assurant qu'on ne saurait vivre uniquement d'amour. Et les Chinois suivirent Mendzé. 500 ans s'écoulèrent ainsi, lorsque Jésus vint enseigner aux hommes ce qu'avait déjà dit Mi-Ti, mais avec plus de force et de clarté. Bien que personne ne conteste cette doctrine d'amour, les disciples du Christ ne suivent toujours pas son enseignement. Mais le moment viendra – et il est proche – où les hommes ne pourront pas faire autrement que de suivre cette doctrine, parce que son germe se trouve dans tous les cœurs, alors que la non observation de ses préceptes rendra les gens de plus en plus malheureux.
Tu veux du bien, tu auras ce que tu désires, à condition que tu veuilles le bien qui est bon pour tous. Ce bonheur ne se gagne que par l'amour.
«Celui qui veut conserver sa vie, la perdra, et celui qui donne sa vie pour le bien, la conservera. L'homme n'a pas de profit à gagner le monde entier s'il fait du tort à son âme.» Ainsi parlait Jésus. De même parlait le païen Marc-Aurèle: «Âme, quand donc seras-tu le chef du corps? Quand te débarrasseras-tu des désirs et des peines charnelles, et pourras-tu te passer des services de ce que les hommes te servent de leur vie ou de leur mort! Quand comprendras-tu que le vrai bonheur est toujours en ton pouvoir et qu'il est l'amour pour tous les hommes?»
Celui qui dit qu'il est dans la lumière et qui hait son frère, est encore à présent dans les ténèbres. Celui qui aime son frère demeure dans la lumière et ne craint nulle tentation. Mais celui qui hait son frère est dans les ténèbres, marche dans les ténèbres et ne sait où il va, parce que les ténèbres