continue le même train que je vous ai déjà décrit. Conversazioni durant tout le carême, et beaucoup plus agréables qu'à Venise. Il y a de petits jeux de hasard, c'est-à-dire le faro, où l'on ne peut mettre plus d'un schelling ou deux, – des tables pour d'autres jeux de cartes, et autant de caquet et de café qu'il vous plaît; tout le monde fait et dit ce qu'il lui plaît, et je ne me rappelle aucun événement désagréable, si ce n'est d'avoir été trois fois faussement accusé de boutade, et une fois volé de six pièces de six pence par un noble de la ville, un comte-. Je ne soupçonnai pas l'illustre délinquant; mais la comtesse V- et le marquis L- m'en avertirent directement, et me dirent que c'était une habitude qu'il avait de gripper l'argent quand il en voyait devant lui: mais je ne l'actionnai pas pour le remboursement, je me contentai de lui dire que s'il recommençait, je préviendrais moi-même la loi.
»Il doit y avoir un théâtre en avril et une foire, et un opéra, – puis un autre opéra en juin, outre le beau tems, don de la nature, et les promenades à cheval dans la forêt de pins. Mes respects les plus plus profonds à Mrs. Hoppner, et croyez-moi, etc.
»P. S. Pourriez-vous me donner une note de ce qui reste de livres à Venise? Je n'en ai pas besoin, mais je veux savoir si le peu qui ne sont pas ici sont là-bas, et n'ont pas été perdus en route. J'espère, et j'aime à croire que vous avez reçu votre vin en bon état, et qu'il est buvable. Allégra est, je crois, plus jolie, mais aussi obstinée qu'une mule et aussi goulue qu'un vautour. Sa santé est bonne, à en juger par son teint, – son caractère tolérable, sauf la vanité et l'entêtement. Elle se croit belle, et veut tout faire comme il lui plaît.»
LETTRE CCCLVII
Ravenne, 9 avril 1820.
«Au nom de tous les diables de l'imprimerie, pourquoi n'avez-vous pas accusé réception du second, troisième et quatrième paquets; savoir, de la traduction et du texte de Pulci, des poésies Dantiques26, des observations, etc.? Vous oubliez que vous me laissez dans l'eau bouillante, jusqu'à ce que je sache si ces compositions sont arrivées, ou si je dois avoir l'ennui de les recopier...... ......
Note 26: (retour) Il y a dans le texte danticles, mot forgé par Byron pour désigner ses imitations et traductions du Dante: nous nous sommes permis une licence analogue. (Note du Trad.)
»Avez-vous reçu la crème des traductions, Françoise de Rimini, épisode de l'Enfer? Quoi! je vous ai envoyé un magasin de friperie le mois dernier; et vous n'éprouvez aucune sorte de sentiment! Un pâtissier aurait eu une double reconnaissance, et m'aurait remercié au moins pour la quantité.
»Pour rendre la lettre plus lourde, j'y renferme pour vous la circulaire du cardinal-légat (notre Campéius) pour sa conversazione de ce soir. C'est l'anniversaire du tiare-ment27 du pape, et tous les chrétiens bien élevés, même ceux de la secte luthérienne, doivent y aller et se montrer civils. Et puis il y aura un cercle, une table de faro (pour gagner ou perdre des schelings, car on ne permet pas de jouer gros jeu), et tout le beau sexe, la noblesse et le clergé de Ravenne. Le cardinal lui-même est un bon petit homme, evêque de Muda, et ici légat, – honnête croyant dans toutes les doctrines de l'église. Il garde sa gouvernante depuis quarante ans… mais il est réputé pour homme pieux et moral.
Note 27: (retour) Tiara-tion: mot forgé par analogie au mot coronation, couronnement; nous avons donc formé un mot selon l'esprit du texte anglais.
»Je ne suis pas tout-à-fait sûr que je ne serai point parmi vous cet automne; car je trouve que l'affaire ne va pas-entre les mains des fondés de pouvoir et des légistes-comme elle devrait aller avec une célérité raisonnée. On diffère sur le compte des investitures en Irlande.
Entre le diable et la profonde mer,
je me trouve fort embarrassé; et il y a une si grande perte de tems parce que je ne suis pas sur le lieu même, avec les réponses, les délais, les dupliques, qu'il faudra peut-être que je vienne jeter un coup-d'oeil là-dessus: car l'un conseille d'agir, l'autre non, en sorte que je ne sais quel moyen prendre; mais peut-être pourra-t-on terminer sans moi.
»Votre, etc.
»P. S. J'ai commencé une tragédie sur le sujet de Marino Faliero, doge de Venise; mais vous ne la verrez pas de six ans, si vous n'accusez réception de mes paquets avec plus de vitesse et d'exactitude. Écrivez toujours, au moins une ligne, par le retour du courrier, quand il vous arrive autre chose qu'une pure et simple lettre.
»Adressez directement à Ravenne; cela économise une semaine de tems et beaucoup de port.»
Note 28: (retour) Ce sont deux vers dans le texte. (Notes du Trad.)
LETTRE CCCLVIII
Ravenne, 16 avril 1820.
«Les courriers se succèdent sans m'apporter de vous la nouvelle de la réception des différens paquets (le premier excepté) que je vous ai envoyés pendant ces deux mois, et qui tous doivent être arrivés depuis long-tems; et comme ils étaient annoncés dans d'autres lettres, vous devriez au moins dire s'ils sont venus ou non. Je n'espère pas que vous m'écriviez de fréquentes et longues lettres, vu que votre tems est fort occupé; mais quand vous recevez des morceaux qui ont coûté quelque peine pour être composés, et un grand embarras pour être copiés, vous devriez au moins me mettre hors d'inquiétude, en en accusant immédiatement réception, par le retour du courrier, à l'adresse directe de Ravenne. Sachant ce que sont les postes du continent, je suis naturellement inquiet d'apprendre qu'ils sont arrivés; surtout comme je hais le métier de copiste, à un tel point que s'il y avait un être humain qui pût copier mes manuscrits raturés, il aurait pour sa peine tout ce qu'ils peuvent jamais rapporter. Tout ce que je désire, ce sont deux lignes, où vous diriez: «tel jour, j'ai reçu tel paquet.» Il y en a au moins six que vous n'avez pas accusés: c'est manquer de bonté et de courtoisie.
»J'ai d'ailleurs une autre raison pour désirer de vous prompte réponse: c'est qu'il se brasse en Italie quelque chose qui bientôt détruira toute sécurité dans les communications, et fera fuir nos Anglais-voyageurs dans toutes les directions, avec le courage qui leur est ordinaire dans les tumultes des pays étrangers. Les affaires d'Espagne et de France ont mis les Italiens en fermentation; et il ne faut pas s'en étonner, ils ont été trop long-tems foulés. Ce sera un triste spectacle pour votre élégant voyageur, mais non pour le résident, qui naturellement désire qu'un peuple se relève. Je resterai, si les nationaux me le permettent, pour voir ce qu'il en adviendra, et peut-être pour prendre rang avec eux, comme Dugald Dalgetty et son cheval, en cas d'affaire: car je regarderai comme le spectacle le plus intéressant du monde, le moment où je verrai les Italiens renvoyer les barbares de toute nation dans leurs cavernes. J'ai vécu assez long-tems parmi eux pour les aimer comme nation plus qu'aucun autre peuple dans le monde; mais ils manquent d'union, ils manquent de principes, et je doute de leur succès. Toutefois, ils essaieront probablement, et s'ils le font, ce sera une bonne cause. Nul Italien ne peut haïr un Autrichien plus que je ne le fais; si ce ne sont les Anglais, les Autrichiens me semblent être la plus mauvaise race sous les cieux. Mais je doute, s'il se fait quelque chose, que tout se passe aussi tranquillement qu'en Espagne. Certainement les révolutions ne doivent pas se faire à l'eau-rose, là où les étrangers sont maîtres.
»Écrivez tandis que vous le pouvez, car il ne tient qu'à un fil qu'il n'y ait pas un remue-ménage qui retarde bientôt la malle-poste.
»Votre, etc.»
LETTRE CCCLXIX
Ravenne, 18 avril 1820.
«J'ai fait écrire à Siri et à Willhalm