Pierre Loius Ginguené

Histoire littéraire d'Italie (3


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rel="nofollow" href="#n226" type="note">226 rangent dans cette classe la plupart des petits princes de ce temps-là. Plusieurs dames se distinguèrent aussi par leur goût pour la poésie et quelques unes par leurs talents. Il y eut même une Sainte qui est comptée, pour sa prose, parmi les autorités du langage, et qui fit aussi des vers; c'est sainte Catherine de Sienne. Sa vie appartient à l'hagiographie ou histoire des saints plus qu'à l'histoire des lettres. Dans cette dernière, cependant, elle a de remarquable qu'elle a été l'occasion d'une guerre grammaticale et d'une espèce de schisme. On sait, et elle raconte elle-même que son éducation avait été si peu littéraire qu'à vingt ans, lorsqu'elle entra dans l'ordre de Saint-Dominique, elle ne connaissait même pas l'alphabet; mais il ne lui fallut qu'une seule vision pour apprendre à lire, à écrire et pour devenir très-forte en théologie. Elle mourut à la fleur de l'âge 227 en 1380. Ses lettres ascétiques sont écrites d'un style si pur, si élégant dans sa simplicité, et semées de locutions si vives et si agréables, que Sienne, sa patrie, a prétendu s'en servir pour rivaliser avec Florence, et pour lui disputer le sceptre du langage. Girolamo Gigli, savant Siennois, qui donna, en 1707, une édition soignée des lettres de sainte Catherine, voulut y joindre un vocabulaire des mots et des expressions propres à l'auteur. Il s'y donnait de très-grandes libertés, et traitait avec peu de ménagements les Florentins, leur langue et leur académie, dont il était cependant. L'impression de ce Vocabolario Cateriniano était fort avancée, quand tout-à-coup il fut arrêté, prohibé par ordre du pape Innocent XII, l'auteur banni à quarante milles de Rome, où se faisait l'impression, et ensuite rayé de la liste des académiciens de Florence, par décret de l'académie elle-même; enfin, selon l'expression d'un historien récent de la littérature italienne 228, traité comme coupable, non-seulement de lèze-grammaire, mais même de lèze-majesté 229. Si les vers de sainte Catherine avaient été seuls, ils n'auraient point donné lieu à de pareils scandales, à en juger par une oraison qui est imprimée dans le quatrième volume de ses Œuvres 230, et où l'on trouve moins de génie que de ferveur.

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      1

      Tiraboschi, Storia della Letter. ital., t. V, l. III, p. 441.

      2

      1333.

      3

      On trouve ces Argomenti parmi les Rime liriche del Boccaccio, recueillies par M. Baldelli, et publiées à Livourne, 1802, in-8. Le même M. Baldelli (Vita di Giovanni Boccaccio, Firenze, 1806, in-8.), fait remonter bien plus haut l'influence du génie du Dante, sur celui de Boccace. Il croit que, dès l'âge de sept ans, lorsque les enfants le nommaient déjà le poëte, son père, dans un de ses voyages, put le conduire avec lui à Ravenne, où Dante vivait encore; que ce grand poëte fut frappé des dispositions précoces de cet enfant; qu'il lui dit, pour l'engager à cultiver la poésie, tout ce qui pouvait enflammer sa jeune tête, et lui donna sur l'art même, les leçons compatibles avec cet âge. Mais j'avouerai que je ne suis pas frappé de l'évidence de ses preuves. La plus forte est cette phrase d'une lettre de Pétrarque, où il rappelle des expressions dont Boccace s'était servi en lui écrivant. Inseris nominatim hanc hujus officii tui excusationem, quod ille, tibí adolescentulo, primus studiorum dux, prima fax fuerit. Cela peut vouloir dire seulement, que Boccace, dès sa première jeunesse, avait profondément étudié le Dante, et l'avait pris pour guide et pour maître. Adalescentul ne convient guère à un enfant de sept ans. On est cependant porté à adopter l'opinion.

      4

      1341.

      5

      Voyez Vita di Giov. Boccaccio, p. 22, et à la fin de ouvrage, Illustrazione quinta.

      6

      Scrittor. ital., vol. II, part. III, p. 1317.

      7

      1342.

      8

      Gaultier de Brienne.

      9

      1344.

      10

      1350.

      11

      1352.

      12

      1353.

      13

      Giann. Manetti, cité par M. Baldelli, Vita del Boccaccio, p. 127.

      14

      Benvenuto da Imola, Comment. sur Dante, Paradis, c. 22. Ceci confirme ce que j'ai dit de cet abus passé en usage, t. I, p. 113.

      15

      En 1359.

      16

      J'ai déjà dit dans la Vie de Pétrarque, que ce manuscrit, précieux sous tous les rapports, est à la Bibliothèque impériale, n°. 3199.

      17

      Il y resta près de trois ans. En 1363, il partit pour Venise, d'où il passa à Constantinople. À peine y fut-il arrivé, qu'il regretta l'Italie; il y voulut revenir; mais, accueilli par une tempête, dans la mer Adriatique, il fut tué par la foudre. Une riche provision de manuscrits grecs, qu'il apportait à Pétrarque, périt avec lui.

      18

      Il paraît que Léonce n'acheva pas la traduction de l'Odyssée. Lorsque, six ans après, Boccace envoya à Pétrarque une copie qu'il avait faite pour lui, de ces deux traductions, on voit par la réponse de Pétrarque, que celle de l'Odyssée n'était pas finie. (Senil., l. V, ép. i.) Cependant cette traduction existait en entier, ainsi que celle de l'Iliade, dans l'abbaye Florentine, du temps de l'abbé Mehus. (voyez Vit. Ambr. Camald., p. 273); et l'Odyssée seulement, mais aussi toute entière, dans la bibliothèque des Médicis (cod. 45, Plut. 4, 34.) M. Baldelli en cite un passage de vingt-trois vers, dans une note sur le premier des éclaircissements (Illustrazioni) qu'il a mis à la fin de sa Vie de Boccace, p. 264.

      19

      Giannozzo Manetti.

      20

      M. Baldelli, Vita del Bocc., p. 139, note.

      21

      Id.