Constantin-François Volney

Tableau du climat et du sol des États-Unis d'Amérique


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explication heureuse et plausible de la confusion de toutes les couches de pierres et de terres qui a lieu sur toute la côte atlantique: elle explique aussi pourquoi les bancs calcaires et même granitiques, y sont inclinés depuis 45 jusqu’à 80 degrés à l’horizon, leurs tables fracturées ayant dû rester dans le déplacement occasioné par les grandes explosions. C’est à cette fracture du banc d’Isinglass que sont dues ses petites cascades; et ce fait indiquerait que jadis le foyer s’étendit au delà du Potômac dans le sud, comme ce banc lui-même. Sans doute il avait des communications avec celui des Antilles. J’ai dit ailleurs que ces tremblements de terre n’ont point de traces dans le pays de l’Ouest: que les sauvages même n’en connaissent point le nom: j’ajoute que, selon le docteur Barton, ils ne connaissent pas non plus celui de volcan dont en effet l’on n’aperçoit aucun vestige au midi des lacs, mais dont le Alleghanys en offrent plusieurs. L’on m’a dit au fort Détroit que les sauvages du nord du Canada font mention d’un volcan qui fume encore quelquefois dans l’intérieur du pays; mais ce fait a besoin de rapports plus authentiques.

      Il est à désirer, et l’on a droit d’espérer, que par la suite du temps des sociétés savantes formées aux États-Unis, pourront appliquer à ce genre de recherches géologiques des soins et des dépenses qui passent les moyens des voyageurs étrangers et isolés. L’on peut assurer d’avance qu’elles en obtiendront des résultats très-nouveaux et très-précieux pour l’histoire du globe, et qu’elles porteront jusqu’à l’évidence une conjecture déja formée par plusieurs physiciens, et dont je demeure convaincu; savoir, que le continent de l’Amérique du nord n’a été dégagé que postérieurement à la majeure partie de l’ancien hémisphère et de l’Amérique du sud, des eaux soit océaniques, soit douces et fluviatiles, qui ont jadis couvert la totalité de notre planète, à une hauteur supérieure aux plus hautes montagnes, et pendant une durée si longue qu’elle a suffi à la dissolution des matériaux qui se sont cristallisés depuis leur évaporation ou depuis leur retraite..... mais j’ai désormais assez parlé de l’état du sol; il est temps d’occuper le lecteur de celui du climat.

      CHAPITRE VIII. Du climat

      PAR climat77, on devrait, selon le sens littéral du mot, n’entendre que le degré de latitude d’un pays; mais parce qu’en thèse générale les pays se sont montrés froids ou chauds, selon leurs degrés de latitude, l’idée accessoire s’est tellement associée à l’idée principale, que le terme climat est devenu synonyme de température habituelle de l’air; et néanmoins il n’est pas vrai que la température soit essentiellement déterminée par la latitude: une foule de faits prouvent au contraire qu’elle est modifiée et même dénaturée par diverses circonstances du sol, telles que sa surface aride ou aqueuse, nue ou boisée, son élévation ou son abaissement au niveau de la mer, son exposition à tel ou tel aspect du ciel, enfin et par-dessus tout, par l’espèce et la qualité des courants de l’air, c’est-à-dire des vents qui parcourent cette surface; d’où il suit que le sol devient un élément constituant de la température, et par conséquent du climat tel qu’on l’entend; et ce que je vais exposer des divers phénomènes de celui des États-Unis, ajoutera de nouvelles preuves à cette vérité.

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      1

      J’avais été dix mois dans les prisons, jusqu’après le 9 thermidor.

      2

      Je ferai néanmoins remarquer aux Américains toute l’absurdité du principal grief par lequel on me rendit suspect (car à cette époque le langage et le régime devinrent un vrai terrorisme). L’on me supposa l’agent secret d’un gouvernement dont la hache n’avait cessé de frapper mes semblables: l’on imagina une conspiration par laquelle j’aurais (moi seul Français) tramé en Kentucky, de livrer la Louisiane au Directoire (qui naissait à peine), et cela quand des témoins nombreux et respectables dans ce Kentucky, comme en Virginie et à Philadelphie, pouvaient attester que mon opinion, manifestée à l’occasion du ministre G****, était que l’invasion de la Louisiane serait un faux calcul politique: qu’elle nous brouillerait avec les Américains, et fortifierait leur penchant pour l’Angleterre; que la Louisiane ne convenait sous aucun rapport à la France: que son colonisement serait trop dispendieux, trop casuel; sa conservation trop difficile, faute de marine et de stabilité dans notre gouvernement, lointain, variable, embarrassé, etc., etc.; qu’en un mot, par la nature des choses, elle ne convenait et finalement n’appartiendrait qu’à la puissance voisine, qui avait tous les moyens d’occuper, de défendre et de conserver.—Cette opinion, contraire à celle de la plupart de nos diplomates, m’a attiré leur improbation, presque leur animadversion en Amérique et en France. J’ai néanmoins continué de la défendre dans le temps où il y avait quelque courage à la manifester. Aujourd’hui qu’elle a reçu la plus haute des approbations, il doit m’être permis de m’en faire quelque mérite.

      L’on serait bien étonné si l’on savait que la colère de M. John A** à l’époque même où le grand Washington me donnait des témoignages publics d’estime et de confiance, n’avait pour motif qu’une rancune d’auteur, à cause de mes opinions sur son livre de la Défense des Constitutions des États-Unis. Comme homme de lettres, et comme étranger, souvent questionné dans un pays de toute liberté, j’avais été dans le cas de manifester mes opinions, quand leur auteur n’était pas encore au premier poste de l’État. Malheureusement j’avais adhéré au jugement de l’un des meilleurs reviseurs anglais, qui traitant ce livre de compilation sans méthode, sans exactitude de faits et d’idées, ajoute qu’il la croirait même sans but, s’il n’en soupçonnait un secret, et relatif au pays apologisé, que le temps seul pourra dévoiler. Or, en interprétant mon auteur, je prétendais que ce but était de capter, par une flatterie nationale, la faveur populaire et les suffrages des électeurs; quand le fait eut vérifié la prophétie, le prophète ne fut pas oublié.

      3

      Toutes les fois que l’on fait remarquer aux Américains quelque imperfection ou quelque faiblesse dans leur état social, dans leurs arts et leur gouvernement, leur réponse est: «Nous sommes un jeune peuple:» ils sous-entendent laissez-nous croître.

      4

      Affaire d’Alger, et construction des frégates à 1,700,000 fr. la pièce.

      5

      Traité Jay comparé à celui de Paris.

      6

      Affaire de M. Lyons en plein congrès.

      7

      Scandaleux désordres du collège de Princetown, et nullité des autres.

      8

      Depuis