Amy Blankenship

Ne Pas Défier Le Cœur


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       Kyoko a intérêt à revenir d'ici demain matin, ou je jure que je vais aller dans son monde et la ramener de force.

      Toya continuait à faire les cent pas. Il ne supportait pas de ne pas voir Kyoko pendant si longtemps. Cela faisait plusieurs jours, et il était de plus en plus en colère, de minute en minute... et inquiet.

       Idiote.

      Il referma sa bouche lorsque Suki haussa les sourcils en guise d'avertissement.

      La grande silhouette silencieuse de Shinbe se tenait contre le mur où il était depuis une heure. Son imperméable gris bleuté bougea légèrement sous l'effet d'un mouvement agité qu'il essayait de cacher. Il en avait marre d'entendre Toya se plaindre du retard de Kyoko. Il ferma ses yeux d'améthyste pour essayer de s'empêcher de dire à Toya de se taire. Sachant que Toya ne laisserait personne tranquille avant le retour de Kyoko, Shinbe mordit sa langue pour s'empêcher d'aggraver la colère de son frère.

      Comme toujours, le gardien d'améthyste essayait de rester calme en méditant, suivant ses enseignements de moine. En vérité, ses nerfs étaient tellement à vif qu'à cet instant, même la méditation ne fonctionnait pas. À ce moment-là, Shinbe sentait qu'il pouvait étrangler Toya et en sourire ce faisant. Les traits de son visage calme se resserrèrent, et il baissa la tête pour que ses cheveux bleu nuit cachent les preuves.

      Lorsque Toya et les autres commencèrent à se préparer à aller dormir, Shinbe prit une couverture épaisse dans la pile qui se trouvait dans le coin de leur petit abri et se dirigea vers la solitude. Il avait juste besoin de s'éloigner de tout le monde, surtout de Toya. Shinbe cachait bien sa jalousie envers Toya, et l'amour que Kyoko ressentait pour son frère. Jour après jour, il restait avec le groupe pour être près d'elle, pour la protéger... même si ses yeux étaient toujours posés sur Toya.

      Shinbe serra douloureusement les dents. Il devrait être comme ses deux autres frères, Kyou et Kotaro, et se séparer du groupe pour combattre Hyakuhei tout seul. Mais il savait qu'il devait rester avec le groupe pour la protéger. Il était l'un de ses gardiens et elle avait besoin de lui. Même Kyou et Kotaro la protégeaient de loin.

      Oui, Shinbe savait qu'il cachait bien son jeu en cachant son attirance pour Kyoko. Il s'était longuement entraîné, pelotant même d'autres filles... surtout si Kyoko était à portée de voix ou de vue, ainsi elle ne découvrirait jamais son secret. Ils pensaient qu'il aimait toutes les femmes, ils ne se doutaient pas que son cœur n'appartenait qu'à une personne, sa prêtresse.

      Habituellement, il pelotait Suki, sachant qu'elle le frapperait et que la douleur calmerait ses pensées. Il était tellement lâche lorsqu'il s'agissait d'avouer ses vrais sentiments à Kyoko.

      Récemment, cela devenait dur pour lui, plus difficile à cacher. Kyoko lui faisait confiance, lui souriait. Elle lui parlait, lui confiant souvent ses sentiments lorsqu'il la voyait furieuse contre Toya et ses comportements immatures. Tout cela l’anéantissait, petit à petit.

      Sans réaliser où il avait mis les pieds, Shinbe leva les yeux et soupira. Il se trouvait dans les jardins de l'autel de la jeune fille. Sans même l'avoir réalisé, il voulait être plus proche d'elle. Kyoko ne reviendrait pas à travers le portail temporel aussi tard dans la nuit... donc pourquoi était-il venu ?

      Fixant l'autel de la jeune fille, ses yeux d'améthyste brillaient avec le reflet de la lune. Shinbe décida que cet endroit était aussi sûr qu'un autre... dans un monde rempli de démons, du moins.

      Ã‰talant sa couverture sur l'herbe douce, il ne prêta pas attention à la lueur inquiétante de la zone, attribuant inconsciemment celle-ci au clair de lune. Il ferma les yeux en se couchant, attendant les rêves qui viendraient bientôt, comme toujours. Ils le hantaient, lui donnant envie d'être vu par Kyoko, non pas comme un gardien ou un allié... mais comme un homme.

      *****

      Kyoko grogna, luttant contre l'envie de cogner sa tête « contre un mur de briques ». Sa conscience commençait à s'affoler dans sa tête, et elle était assez éméchée pour se disputer avec elle. Elle ne voulait pas se soûler avec Tasuki et ses amis de l'université. Tout n'avait été qu'une grosse erreur, et entièrement de sa faute. Elle était allée à la fête d'Halloween comme elle l'avait promis, sachant qu'elle ne boirait rien. JAMAIS ! Ce ne fut jamais le cas.

      Elle grogna contre elle-même, levant les yeux au ciel. Comment pouvait-elle savoir que l'énorme bol de fruits en boîte à côté du bol de punch avait baigné dans l'alcool pendant plusieurs jours ? Elle s'était dit que c'était censé avoir un goût de pamplemousse et en avait mangé beaucoup avant de sentir les effets de l'alcool.

      Kyoko trébucha sur son propre pied, se redressant rapidement avant de tomber.

       Ã‡a craint ! Cria-t-elle en sachant que personne ne pourrait l'entendre.

      Maintenant, elle était en retard et elle savait qu'elle allait avoir de gros problèmes avec Toya. Le fait de l'imaginer en train de lui crier dessus lui donnait déjà la migraine.

       Bienvenue en enfer, population... une personne, marmonna Kyoko en donnant un coup de pied dans un caillou.

      Elle espérait désespéramment que Toya attendrait jusqu'au matin avant de venir la chercher. Ou mieux encore, qu'il attendrait de la voir revenir à la lumière du jour. Ivre comme elle était, elle pouvait à peine voir devant elle, et elle ne voulait pas se battre avec lui. Elle ne voulait pas non plus rentrer à la maison. Elle grogna silencieusement. Sa mère lui ferait la leçon pendant une semaine si elle découvrait qu'elle était ivre, même si cela avait été un accident.

      Kyoko essayait vraiment de marcher droit. Finalement, elle vit l'autel de la jeune fille dans la clairière derrière sa maison. Fermant un œil pour mieux voir la statue de la jeune fille, elle gloussa, puis se dit :

       Oh mon Dieu, maintenant je sais que je suis ivre.

      Avec un haussement d'épaules chancelant, elle fit la seule chose qui devait être fait.

      Elle entra dans le sanctuaire, se dirigeant droit vers la statue de la jeune fille, et se pencha contre elle, espérant passer dans l'autre dimension en toute sécurité et à temps pour s'évanouir.

      *****

      Shinbe était encore une fois en train de faire un rêve érotique de Kyoko frémissant sous lui, criant son nom encore et encore, hurlant tandis qu'il la martelait de l'intérieur, fixant son visage et lui faisant oublier Toya.

      Il se réveilla brusquement... son corps était en sueur. Respirant fortement, il pouvait toujours la sentir en dessous de lui, le laissant l'aimer, et elle l'avait aimé en retour. Ses cris résonnaient toujours dans ses oreilles. Son cœur battait toujours rapidement, claquant contre ses côtes comme il claquait en elle.

      Shinbe s'assit. Joignant ses mains, il les leva pour couvrir son visage. Incapable d'empêcher son cri de s'échapper, il hurla dans le silence, un hurlement plein de douleur et de rage cachées face à l'injustice de tout cela. Tout ce qu'il voulait, c'était l'aimer, et cela le dévorait lentement.

      Entendant une brindille se casser, Shinbe baissa rapidement ses mains. Son regard d'améthyste analysa la zone et se posa sur les traits choqués de Kyoko. Son esprit semblait ralentir instantanément.

       Non, ce n'est pas possible... pas maintenant, pas ici.

      Les yeux de Kyoko étaient grands ouverts face à son cri, et sa main couvrait sa bouche.

       Non...