Морган Райс

Un Royaume D'ombres


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de Tarnis, n'est-ce pas ?”

      Elle scruta l'horizon de ses yeux brillants puis hocha finalement la tête.

      “Je le suis”, répondit-elle.

      Merk fut stupéfait de l'entendre.

      “Alors, que faisiez-vous ici ?” demanda-t-il.

      Elle soupira.

      “J'ai été cachée ici depuis que j'étais jeune fille.”

      “Mais pourquoi ?” insista-t-il.

      Elle haussa les épaules.

      “Je suppose qu'il était trop dangereux de me garder dans la capitale. Les gens ne devaient pas savoir que j'étais la fille illégitime du Roi. C'était plus sûr ici.”

      “Plus sûr ici ?” demanda-t-il. “Aux confins de la terre ?”

      “On m'a laissé un secret à garder”, expliqua-t-elle. “Un secret encore plus important que le royaume d'Escalon.”

      Son cœur battait la chamade alors qu'il se demandait ce que cela pouvait être.

      “Me le direz-vous ?” demanda-t-il.

      Cependant, Lorna se détourna lentement et tendit le doigt vers l'avant. Merk suivit son regard et là-bas, à l'horizon, il vit le soleil briller sur trois îles arides qui dépassaient de l'océan. La dernière île était un fort en pierre massive. C'était l'endroit le plus désolé et pourtant le plus beau que Merk ait jamais vu, un endroit assez éloigné pour abriter tous les secrets de la magie et du pouvoir.

      “Bienvenue à Knossos”, dit Lorna.

      CHAPITRE NEUF

      Duncan courait tout seul dans les rues d'Andros. Il boitait parce qu'il avait mal aux chevilles et aux poignets mais ne tenait pas compte de sa douleur. Poussé par l’adrénaline, il ne pensait qu'à une  chose : sauver Kyra. Son appel à l'aide lui résonnait dans la tête, dans l'âme, lui faisait oublier ses blessures pendant qu'il courait dans les rues, en sueur, vers le son qu'il avait entendu.

      Duncan serpentait dans les ruelles étroites d'Andros en sachant que Kyra se trouvait juste au-delà de ces épais murs de pierre. Tout autour de lui, les dragons plongeaient, mettaient le feu à rue après rue. La chaleur phénoménale irradiait des murs. Elle était si forte que Duncan la ressentait même de l'autre côté de la pierre. Il espéra et pria pour que les dragons ne s'abattent pas sur sa ruelle, ou alors, il serait perdu.

      Malgré la douleur, Duncan ne s'arrêta pas. Il ne fit pas non plus demi-tour. Il ne le pouvait pas. Poussé par l'instinct d'un père, il ne pouvait physiquement aller que vers le son produit par sa fille. Il lui vint à l'esprit qu'il courait vers sa mort, gâchait toutes les chances d'évasion qu'il avait eues, mais cela ne le ralentit pas. Sa fille était piégée et c'était tout ce qui comptait pour lui maintenant.

      “NON !” entendit-il crier.

      Les cheveux de Duncan se dressèrent sur sa tête. C'était encore lui, son cri, et son cœur reçut un choc en l'entendant. Il courut plus vite, de toutes ses forces, et tourna dans une autre ruelle.

      Finalement, après un autre tournant, il passa soudain sous une arche de pierre basse et le ciel s'ouvrit devant lui.

      Duncan se retrouva dans une cour ouverte et, alors qu'il se tenait sur le bord, il fut stupéfait par ce qu'il vit devant lui. Des flammes remplissaient le côté opposé de la cour, des dragons allaient et venaient en l'air en crachant le feu et, sous une saillie en pierre, à peine protégée de tout ce feu, sa fille était assise.

      Kyra.

      Elle était là, en chair et en os, vivante.

      Ce qui choqua encore plus Duncan que de la voir vivante ici fut de voir le bébé dragon allongé à côté d'elle. Duncan le regarda fixement, désorienté par ce qu'il voyait. D'abord, il supposa que Kyra s'efforçait de tuer un dragon qui était tombé du ciel. Cependant, il vit ensuite que le dragon était bloqué par un rocher. Duncan fut perplexe en voyant Kyra le pousser. Qu'essayait-elle de faire, se demanda-t-il ? De libérer un dragon ? Pourquoi ?

      “Kyra !” hurla-t-il.

      Duncan traversa la cour ouverte en courant et en évitant les colonnes de flammes et un coup de griffe du dragon. Il courut jusqu'à finir par se retrouver à côté de sa fille.

      Quand il le fit, Kyra leva les yeux et son visage exprima le choc, puis la joie.

      “Père !” appela-t-elle.

      Elle courut dans ses bras. Duncan la serra contre lui et elle en fit autant. Quand il la tint dans ses bras, il se sentit régénéré, comme si une partie de lui-même était revenue.

      Des larmes de joie coulaient sur ses joues. Il avait peine à croire que Kyra soit vraiment ici, et vivante.

      Elle le serra et il la serra. En la sentant trembler dans ses bras, il eut surtout le soulagement de constater qu'elle était saine et sauve.

      Se souvenant de la créature à côté d'eux, il repoussa sa fille, se tourna vers le dragon, tira son épée et la leva. Il allait décapiter le dragon pour protéger sa fille.

      “Non !” hurla Kyra.

      Elle stupéfia Duncan en se ruant en avant et en lui prenant le poing. Avec une force surprenante dans le poignet, elle retint son coup. Ce n'était pas la fille docile qu'il avait laissée à Volis; maintenant, c'était visiblement une guerrière.

      Duncan la regarda, déconcerté.

      “Ne lui faites aucun mal”, ordonna-t-elle d'une voix confiante, d'une voix de guerrière. “Theon est mon ami.”

      Duncan la regarda avec stupéfaction.

      “Ton ami ?” demanda-t-il. “Un dragon ?”

      “S'il vous plaît, Père,” dit-elle, “il n'y a pas le temps d'expliquer. Aidez-nous. Il est bloqué. Je ne peux pas sortir ce rocher toute seule.”

      Duncan était choqué mais il lui faisait confiance. Il rengaina son épée, se plaça à côté d'elle et poussa le rocher de toutes ses forces. Pourtant, malgré tous ses efforts, le rocher remua à peine.

      “C'est trop lourd”, dit-il. “Je n'y arrive pas. Je suis désolé.”

      Soudain, Duncan entendit un cliquetis d'armures derrière lui, se retourna et fut ravi de voir Aidan, Anvin, Cassandra et Blanc tous se précipiter en avant. Ils étaient revenus le chercher et avaient aussi risqué leur vie une fois de plus.

      Sans hésiter, ils coururent tous jusqu'au rocher et poussèrent.

      Il roula un peu mais ils ne réussirent quand même pas à le dégager.

      On entendit un halètement et, quand Duncan se retourna, il vit Motley qui se dépêchait de rattraper les autres, essoufflé. Il les rejoignit, fit peser son poids contre le rocher qui, cette fois, se mit à rouler vraiment. Motley, l'acteur, le clown obèse, celui qu'ils avaient cru le moins capable d'y arriver, avait fait la différence en libérant le dragon du rocher.

      Avec une dernière poussée, le rocher atterrit avec fracas dans un nuage de poussière et le dragon fut libre.

      Theon se releva d'un bond et hurla, se cambra, sortit les griffes. Furieux, il leva les yeux vers le ciel. Un grand dragon violet les avait repérés et il leur plongeait droit dessus. Sans attendre, Theon bondit en l'air, ouvrit la gueule et s'envola directement. Il se rua sur la tendre jugulaire du dragon qui ne se doutait de rien.

      Theon tint bon de toutes ses forces. L'immense dragon hurlait furieusement, pris par surprise. Visiblement, il ne s'attendait pas à ça de la part du bébé dragon et ils s'écrasèrent tous les deux dans un mur de pierre de l'autre côté de la cour.

      Duncan et les autres se regardèrent, choqués, en voyant Theon se battre contre le grand dragon qui se tortillait, refuser de le lâcher et le plaquer au sol de l'autre côté de la cour. Theon, féroce, se débattait en grognant et il ne lâcha pas l'autre dragon, qui était beaucoup plus grand que lui, avant qu'il finisse par abandonner, mou.

      Ils