laboratoires dans lesquels les ressources de ces planètes étaient extraites et utilisées in situ pour la fabrication des nouveaux corps. La présence d’hélium-3 était fondamentale : par un système complexe de fusion nucléaire, il garantissait à la structure de tout nouveau Kérien une source d’énergie pratiquement inépuisable. Pour atteindre toutes ces planètes si lointaines, de véritables portails interstellaires furent créés, par lesquels les réceptacles contenant les âmes et les équipements nécessaires étaient envoyés aux laboratoires d’assemblage. La réalisation de chaque corps, l’implantation de son âme et son activation complète exigeaient une procédure très longue, mais le temps n’était désormais plus un problème.
– Nous avons reçu un message étrange de l’installation /\, annonça le Kérien chargé des transmissions.
– Quel message ? demanda son supérieur, qui répondait au nom de Superviseur RTY et dont l’apparence physique rappelait beaucoup une espèce d’arachnide aux pattes très longues et au corps massif.
– Bizarrement, il a été coupé avant la fin. Voilà tout ce que nous avons reçu.
Et il transmit le fragment de communication par sub-lux.
Laboratoire attaqué. Nous renvoyons…
– Nous renvoyons quoi ? Attaqué par qui ?
– Il n’y avait rien d’autre. Les communications avec /\ ont été coupées juste après.
– Essayons de les rétablir au plus vite et de comprendre ce qui s’est passé, ordonna RTY. Il y a plus de dix millions d’âmes en attente de translation dans ce laboratoire.
– Je sais bien, dit le chargé des communications. Mais, pour le moment, la seule chose que je reçoive, c’est le signal du réceptacle (|) qui parcourt le tunnel d’intercommunication.
– C’est peut-être ça qu’ils nous ont renvoyé.
– On va vite le savoir. Il sera là dans trois cent vingt cens.
Tell-el-Mukayyar – L'énergie des pyramides
– Les voilà, elles descendent, dit Pétri en indiquant les trois navettes qui s’approchaient rapidement du camp de fouilles.
– Disposition standard, ordonna Atzakis aux pilotes des engins par son communicateur portable.
En observant les navettes qui achevaient leurs manœuvres d’atterrissage précises et rapides, les deux extraterrestres gardèrent le silence, comme Jack et Élisa.
– Nous devrions activer un champ de forces en dôme pour recréer une atmosphère plus adaptée à notre système respiratoire, suggéra Pétri.
– Je suis d’accord, répondit Atzakis. J’en ai déjà assez de porter ces maudits engins.
Il désignait les deux tubes du respirateur glissés dans ses narines.
– Il y a trop d’oxygène pour nous, ici. Ce serait peut-être mieux d’installer notre structure d’urgence en altitude.
– Mais non. Pas pour le moment, du moins. Le champ de forces sera plus que suffisant en attendant de nous organiser un peu mieux.
– Ok, c’est toi le chef, dit Pétri, emphatisant sa phrase par une espèce de salut militaire qu’il avait vu faire à des soldats terriens.
– Navette deux. Activer le dôme de contention, dit à nouveau Atzakis dans son communicateur.
À partir du sommet de la navette centrale, une sorte de voile presque invisible que seule trahissait une légère vibration de l’air s’étendit rapidement sur un rayon de cent mètres environ, formant une chape en forme de demi-sphère qui s’étendait uniformément du sommet de la pyramide virtuelle de la navette numéro deux pour s’enfoncer jusque dans le sable du désert.
– Voilà un excellent travail, s’exclama Pétri, satisfait.
– Pourquoi se sont-elles disposées comme ça ? demanda Élisa, intriguée.
– Comme ça comment ? répondit Atzakis. Qu’est-ce que tu veux dire ?
– Les navettes. Les pyramides qu’elles ont formées sont en ligne droite, orientées au sud. Celles qui sont aux extrémités sont alignées, en apparence, alors que celle du milieu semble légèrement décalée.
– Tu as un excellent sens de l’observation, commenta Atzakis.
– Le fait est que ça me rappelle autre chose.
– Quoi donc, précisément ? demanda le colonel, s’intéressant subitement à la discussion.
– Tu es déjà allé en Égypte ?
– Il y a très longtemps.
– Et tu as visité le plateau de Gizeh ?
– Évidemment, répondit Jack.
Puis, se tapant fortement le front, il s’exclama :
– Mais bien sûr. Elles sont disposées exactement comme les trois plus grandes pyramides.
– Chéops, Khephren et Mykérinos, précisa le Professeur.
– Je ne vois vraiment pas de quoi vous parlez, dit Atzakis, perplexe.
– Attends, dit alors Élisa, je vais te montrer.
Elle se dirigea à pas rapides vers la tente laboratoire, et en ressortit moins d’une minute plus tard, un gros livre visiblement très consulté à la main. Elle en feuilletait rapidement les pages en revenant vers les autres.
– Voilà. Regarde.
Elle le tendit à l’extraterrestre.
– Intéressant… Qu’est-ce que c’est ?
– Laisse-moi voir, dit alors Pétri, en prenant le livres des grandes mains de son compagnon.
– Ah oui. J’ai déjà vu ce type de constructions. Elles sont pareilles à celle-ci, dit-il en indiquant la Ziggourat, derrière le camp. Mais elles ont dû être construites par un autre peuple, et à une autre époque.
– Bravo Pétri. Tu as parfaitement raison. Depuis qu’ils les ont découvertes, nos chercheurs se sont creusés la tête pour comprendre la raison pour laquelle elles avaient été construites et pourquoi elles avaient été disposées de cette façon.
– Mais c’est tout simple, dit Pétri en affichant un beau sourire. Tu vois ces étoiles, là-haut ?
Il indiquait une constellation au milieu de toutes les autres, à laquelle le soleil, maintenant couché, avait laissé la place.
– Oui, bien sûr. Nous l’appelons constellation d’Orion. Elle prend son nom du demi-dieu grec du même nom, dit Élisa.
Puis, pendant qu’elle en suivait le dessin de son index tendu dans l’air pur du désert, elle ajouta :
– Si on relie les étoiles qui la composent par une ligne virtuelle, on voit la tête, les épaules, le baudrier et les pieds d’un homme. Dans la mythologie grecque, Orion était un géant né avec des qualités surhumaines, un chasseur puissant qui tuait ses proies avec une massue de bronze indestructible. Quand ce héros mourut, il rejoignit les étoiles pour l’éternité.
– Vos histoires sont très suggestives, commenta Pétri, enchanté. Mais ce que les Anciens nous ont appris, à nous, c’est que les constructions de ce type, et il y en a beaucoup disséminées sur la surface de la Terre, nous font toutes référence.
– Vous, extraterrestres ?
– Nous “ Dieux ”, descendus du ciel pour initier la race humaine, précisa Pétri.
– Et allez, il fallait que vous mettiez votre grain de sel ici aussi, éclata Jack. On dirait que nous vous sommes exclusivement redevables de tout ce que nous avons fait jusqu’à aujourd’hui.
– Eh