du plafond.
« Mon dieu, » dit Kate. « Comment est-ce que l’assassin a fait pour l’accrocher là-haut ? »
« La victime s’appelle Béa Faraday. Elle a vingt-huit ans et elle ne pèse pas plus de cinquante-cinq kilos. La police pense que l’assassin l’a traînée jusqu’en haut des escaliers et qu’il l’a jetée par-dessus la balustrade, pour essayer de la pendre de la même manière que Tamara, mais le lustre était sur le chemin. »
« Tu penses que c’est possible ? » demanda Kate.
« Oui. Il y a du sang sur la balustrade qui corrobore cette version. Je pense que c’est là qu’il a d’abord attaché la corde. Mais quand il s’est rendu compte qu’elle était pendue au lustre, il a coupé la corde et a laissé la scène parler d’elle-même. Il l’a apparemment d’abord frappée avec un objet contondant, puis il a pris son temps pour la traîner à l’étage et la jeter par-dessus la balustrade. »
Kate vit l’endroit depuis lequel Faraday avait apparemment été pendue. Le lustre se trouvait à moins de deux mètres de la balustrade. Il était facile d’imaginer qu’un homme costaud puisse lancer une femme menue aussi loin.
« Qui a découvert le corps ? » demanda Kate.
« L’agence immobilière a envoyé une femme de ménage faire un rapide nettoyage deux heures avant une visite. C’est elle qui l’a trouvée et qui a appelé la police. »
« Tu l’as interrogée ? »
« Non. Mais le shérif Armstrong l’a fait. »
Kate hocha la tête et baissa les yeux vers le tapis taché de sang. Elle pensa au plaid et à la bouteille d’eau qu’elles avaient trouvés à la maison sur Hammermill Street et elle se demanda s’il y avait des endroits dans cette maison où un squatteur pourrait facilement se cacher.
« C’est une maison construite récemment ? » demanda Kate.
« Je n’en suis pas sûre. Mais ça fait un bon mois qu’elle est sur le marché. Ils l’ont fait visiter dix-huit fois et il y a eu six personnes intéressées. Seul l’une d’entre elles était du coin. »
Kate et DeMarco traversèrent silencieusement la maison. Le bruit de leurs pas résonnait à travers les pièces désertes. Ça avait un côté un peu mystérieux d’être dans une maison qui renfermait les souvenirs de personnes qu’elles ne rencontreraient jamais. Kate avait toujours été intéressée par tout ce qui touchait aux esprits et elle pensait qu’il était tout à fait possible que chaque maison soit hantée par le souvenir de familles qui y avaient vécu.
Elles jetèrent un coup d’œil dans le vaste espace qui servait de salon, puis dans la cuisine. Vu que la maison était vide, il était assez facile de voir que rien n’avait été volé. Elles montèrent ensuite à l’étage. Kate regarda s’il y avait un accès à une sorte de grenier ou de combles. Mais elle ne vit rien de tel. La maison n’avait apparemment pas de grenier. Elle devait donc sûrement avoir une sorte de cave. Dans ce genre de communautés, les maisons avaient toujours un espace de rangement.
Elles retournèrent au rez-de-chaussée et se dirigèrent vers la première porte dans le couloir principal. Elle s’ouvrait sur une cave aménagée qui était tout aussi vide que le reste de la maison. Au fond, il y avait une double porte qui semblait mener à l’extérieur. Kate s’en approcha, l’ouvrit et se retrouva face à un magnifique jardin. Elle sortit, suivie par DeMarco, dans une cour en forme de demi-lune. Sur leur droite, il y avait une petite construction en briques qui contenait un parterre de fleurs. Sur leur gauche, il y avait un petit espace en-dessous de l’escalier en bois qui menait à la terrasse arrière. L’espace était sûrement destiné à abriter un appentis avec une tondeuse et quelques outils.
Elle s’en approcha et regarda de plus près. Elle s’agenouilla et jeta un coup d’œil au sol tassé, sans vraiment savoir ce qu’elle cherchait. Elle allait se relever quand elle vit quelque chose dans le coin, tout au fond.
En grimaçant de douleur, elle essaya de s’approcher pour y voir de plus près. Ça ressemblait à de vieux chiffons. Ils étaient empilés l’un sur l’autre. À environ un mètre des chiffons, elle vit des marques au sol.
« Tu as trouvé quelque chose ? » demanda DeMarco.
« Peut-être. Viens jeter un coup d’œil et dis-moi ce que tu en penses… juste pour m’assurer que je ne saute pas trop vite aux conclusions. »
Elles changèrent de place et Kate regarda DeMarco se plier en deux pour s’introduire dans l’espace confiné. Elle regarda autour d’elle avant de se mettre à parler.
« Des chiffons, » dit-elle. « Ça paraît plutôt bizarre à cet endroit, non ? Et… aussi quelques marques au sol. On dirait qu’il y avait quelque chose de lourd posé ici. »
DeMarco ressortit de l’espace. « Les chiffons, » dit-elle. « Tu penses que quelqu’un les a utilisés comme coussin ? »
« Oui, je pense. »
« Un autre squatteur ? Ce serait vraiment une coïncidence. Mais c’est vrai que ces légères marques au sol pourraient avoir été faites par un genou ou par un pied, j’imagine. » Elle regarda à nouveau l’espace et ajouta : « Et récemment. »
« Il se pourrait que ce soit une conclusion hâtive, » dit Kate. « Surtout que ce tas de vieux chiffons peut très bien avoir été laissé là par des ouvriers. »
« Je pense qu’il faut qu’on parle à la femme de ménage, » dit DeMarco.
« C’est une bonne idée. »
« J’appelle l’agence immobilière pour avoir son adresse. Sinon, le shérif Armstrong pourra certainement nous aider. »
DeMarco s’éloigna de Kate pour passer ses appels. Pendant ce temps, Kate regarda à nouveau l’espace confiné. Elle essaya de se plier en deux comme DeMarco l’avait fait, mais elle n’était plus assez souple pour ça. Elle se mit à genoux et rampa pour jeter un dernier coup d’œil. Elle ne remarqua rien de spécial. Mais plus elle regardait la pile de chiffons et les marques au sol, plus elle était certaine que quelqu’un s’était caché là au cours des derniers jours. Elles obtiendraient peut-être des réponses en faisant analyser ces chiffons en laboratoire.
Au moment où elle ressortit du trou, elle vit DeMarco qui remettait son téléphone en poche.
« Tu as son adresse ? » demanda Kate.
« J’ai encore mieux que ça. Le shérif lui a demandé de repasser au commissariat pour répondre à quelques questions. Et elle veut bien que nous assistions à l’interrogatoire. »
« C’est une super nouvelle, » dit Kate, en essayant de dissimuler une grimace de douleur en se redressant.
En suivant DeMarco à travers le jardin, elle ne put s’empêcher de sourire. DeMarco avait vraiment pris le contrôle de cette enquête et ce, malgré le fait que Kate ait été appelée en renfort. Elle sourit et se rendit compte qu’elle était bien trop fière de DeMarco pour se sentir offensée.
***
Quand elles arrivèrent au commissariat, le shérif Armstrong les attendait dans le hall d’entrée. Elle eut l’air soulagée de les voir arriver. Elle ne sourit pas mais elle avait l’air contente. Elle devait avoir la cinquantaine et elle était de corpulence assez forte, mais sans être grosse. Elle avait un visage assez ordinaire, qui devait être assez joli avec un peu de maquillage et les cheveux tirés. Mais ce qui plut le plus à Kate, c’était qu’elle avait un regard profond… c’était le regard d’une femme qui prenait son boulot très au sérieux.
« Je suis contente que vous soyez là, » dit Armstrong. « Mademoiselle Seibert est dans une salle à l’arrière et elle commence à être extrêmement sur la défensive. Je n’ai aucune raison de croire qu’elle a quelque chose à voir avec ces meurtres,