Блейк Пирс

Le Déguisement Idéal


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pendant un moment.

      – Mme Hunt, puis-je vous donner un conseil ?

      Jessie leva les yeux. L’expression habituellement austère du docteur s’était légèrement adoucie.

      – Bien sûr.

      – Je connais votre métier et je sais donc que vous avez l’habitude d’analyser vos problèmes actuels de manière méthodique et d’avoir au moins un certain degré de contrôle sur votre situation. En tant que docteur, j’aime moi aussi contrôler la situation. Cependant, en vérité, dans cette situation-là, on a très peu de contrôle. Vous pouvez venir, le soutenir, lui montrer que vous l’aimez et que vous êtes là pour lui mais, à ce stade du processus, vous n’avez aucun intérêt à vous inquiéter de ce qui pourrait se passer. Vous n’y pouvez rien. De plus, toute cette inquiétude vous épuiserait et vous auriez du mal à être là pour Ryan de la façon dont il en a besoin.

      – Donc, voici ce que je vous conseille : quand vous êtes avec lui, soyez entièrement dans le moment présent mais, quand vous n’êtes pas avec lui, vivez votre vie. Voyez vos amis. Buvez du vin. Partez en randonnée. Enfin, ne vous sentez pas coupable de le faire. Ces moments de repos vous donneront la force d’être là pour lui quand il aura vraiment besoin de vous. Selon mon expérience, la meilleure façon que vous ayez de prendre soin de lui, c’est de prendre soin de vous-même.

      Il sourit presque chaleureusement.

      – Merci, docteur, dit-elle.

      – Pas de problème. Il faut que j’y aille, mais je vous tiendrai au courant.

      Il quitta la salle d’attente. Jessie y resta et regarda autour d’elle d’un air distrait. Il y avait une demi-douzaine d’autres personnes et elles donnaient toutes la même impression d’être sous le choc qu’elle, comme elle le savait. Elle se demanda brièvement quelle horreur personnelle les avait emmenées là. Est-ce que l’une d’entre elles avait perdu son mentor et presque perdu son âme-sœur dans la même semaine ? Avant qu’elle n’ait pu broyer du noir plus longtemps, son téléphone sonna. C’était le capitaine Decker, qui avait encore été son patron trois jours auparavant. Elle refusa l’appel, se leva et se rendit au parking couvert.

      Alors qu’elle montait dans sa voiture, elle sentit la vibration qui indiquait qu’elle avait un message vocal. Elle fut tentée de le supprimer sans l’écouter mais ne put s’y résoudre. Cela aurait été vraiment impoli et, de plus, une partie d’elle-même avait très envie de savoir ce que le capitaine voulait. Elle écouta le message.

      – Bonjour, Hunt. J’espère que vous allez bien. Je prévois d’aller rendre visite à Hernandez à l’hôpital cet après-midi. J’ai entendu dire qu’il s’était brièvement réveillé la nuit dernière. C’est une bonne chose, mais ce n’est pas la seule raison pour laquelle j’appelle. Je sais que vous nous avez quittés vendredi et je m’excuse de vous demander ça, mais j’ai besoin d’aide. On vient de nous confier une affaire énorme, incroyablement médiatisée. Normalement, j’y aurais assigné Hernandez mais, comme il n’est pas disponible, je vais y assigner Trembley, qui n’a jamais eu d’affaire aussi importante. De plus, la section a beaucoup trop peu de profileurs qualifiés depuis que vous êtes partie et depuis que … vous savez … Moses. Si vous pouviez juste m’aider sur cette affaire-là, même à titre consultatif, je vous en serais éternellement reconnaissant. Tenez-moi au courant.

      Jessie effaça le message, rangea son téléphone et sortit du parking couvert.

      Elle avait de la peine pour Decker, mais il y aurait toujours une autre grande affaire qu’il faudrait résoudre. Jessie voulait préserver sa santé mentale et cela supposait ne plus effectuer ce travail-là.

      En outre, pour l’instant, elle avait une autre tâche à accomplir, une tâche qu’elle redoutait.

      CHAPITRE QUATRE

      Hannah avait décidé qu’elle avait quelque chose d’anormal.

      Elle avait essayé de gagner du temps et elle était restée au lit, où elle avait tenté de penser à autre chose en se demandant comment elle allait passer cette dernière semaine de vacances avant qu’elle ne soit obligée d’aller à l’école d’été pour rattraper tout ce qu’elle avait raté dans son année de première. Il n’y avait pas de bons films à voir. En voiture, la plage était trop loin de l’appartement de Kat, qui était dans le centre-ville. En outre, Hannah n’avait pas de voiture. Tous ses vieux amis, ceux qu’elle avait perdus de vue, habitaient dans la Vallée de San Fernando. Enfin, elle n’avait pas noué de nouvelles amitiés depuis que sa vie s’était transformée en roman d’aventures.

      Cependant, elle avait beau essayer de s’occuper le cerveau, ses pensées revenaient toujours à la conclusion qu’elle avait atteinte. Finalement, elle avait décidé de consulter à nouveau la page web en question. Cette page de la Mayo Clinic était spécifiquement dédiée au trouble de personnalité antisociale, ou sociopathie. Ils le décrivaient comme une maladie mentale « dans le cadre de laquelle une personne montre une indifférence constante pour le bien et le mal et ignore les droits et les sentiments des autres ». La page disait aussi que les sociopathes « ont tendance à se mettre à dos, manipuler ou traiter les autres avec cruauté ou avec une indifférence insensible. Ils ne montrent aucun signe de culpabilité ou de remords pour leur comportement ».

      Ça me rappelle quelqu’un.

      Avant même que la docteure Lemmon n’ait commencé à poser ses questions lors des séances de psychothérapie qui avaient mené à ces interrogations, Hannah s’était demandé pourquoi elle se comportait de certaines manières. Pourquoi avait-elle réagi au meurtre de ses parents adoptifs avec plus de curiosité que d’horreur ? Quand elle avait vu un tueur en série assassiner un homme sous ses yeux et quand le tueur avait tenté de la convaincre de l’imiter, pourquoi n’avait-elle pas été remplie de la révulsion à laquelle elle se serait attendue ? Pourquoi le meurtre de Garland Moses, un vieil homme qui avait toujours été gentil avec elle, ne lui avait-il inspiré aucune réaction forte ? Pourquoi ne faisait-elle que regretter sa présence grincheuse ?

      Alors, la dernière question, celle qui l’obsédait le plus, lui revint en tête. Que ressentirait-elle s’il arrivait quelque chose à Jessie, sa demi-sœur, la personne qui assurait sa tutelle, sa protectrice dévouée ? Elle serait « triste », bien sûr, mais serait-ce à cause de la perte d’un proche ou juste à cause de la perte d’une personne qui rendait sa vie plus simple et plus stable ? Pleurerait-elle la demi-sœur disparue ou serait-elle seulement dérangée parce que cela lui compliquerait la vie ?

      Est-ce que je suis vraiment anormale ?

      Elle décida qu’il fallait qu’elle trouve la réponse. Elle avait suivi assez de cours de sciences pour connaître la règle de base : il faut tester une théorie pour la valider ou la réfuter. Cependant, quelle serait la meilleure façon de s’y prendre ?

      Quelqu’un frappa à la porte et Kat passa la tête par l’ouverture.

      – Tu fais quoi ? demanda-t-elle avec désinvolture.

      – Oh, je vérifiais juste ce qu’il faut que je lise cet été pour ne pas être dépassée quand je commencerai l’école la semaine prochaine, mentit-elle joyeusement.

      – OK, dit Kat, apparemment satisfaite. Il faut que je sorte pour une affaire. Je peux te laisser un peu toute seule ?

      – Aucun problème. Je vais probablement regarder la télé. Ou alors, je chercherai ce qui est inflammable dans ton appartement.

      Kat garda pour elle ce que lui inspirait cette réplique.

      – Bonne idée, préféra-t-elle répondre. À plus tard.

      Kat referma la porte et Hannah se retrouva seule avec ses pensées.

      C’était facile.

      Elle avait menti sans difficulté et sans idée ni objectif.

      Est-ce normal ?

      Elle