de l'ukrainien comme seule langue de l'Etat est une exigence nationaliste de base et ne signifie en aucun cas l'interdiction du russe, ni d'ailleurs du polonais, de l'allemand, du tatar ou du yiddish. C'est au contraire l'interdiction de la langue ukrainienne qui s'est le plus souvent produite, y compris de la part des révolutionnaires bolcheviks dans les années dont traite cet article.]
38 Mazlakh et Shakhray, On the Current Situation, pp.115-117.
[NdT : Rakovsky n'était pas un gauchiste, mais une figure majeure et respectée de l'ancienne social-démocratie européenne et du mouvement zimmerwaldien. Son fiasco ukrainien fut complet, mais il s'explique aussi parce que Lénine l'avait choisi précisément parce qu'il n'avait rien d'ukrainien et que, significativement, Lénine expliquait alors qu'en Ukraine, il ne fallait surtout pas d'ukrainiens pour diriger ! S'il est regrettable que les principaux historiens de la mémoire de Rakovsky, incontestablement une grande figure, aient dénié par leur silence ce moment de son parcours (Broué et Fagan, cf. ci-dessus note 114), il est juste de dire que par la suite, à partir de 1923, Rakovsky s'est opposé à Staline et à la bureaucratie, y compris à propos de la question nationale ukrainienne.
39 Tkachenko, Borotba, Vienne, n°° 7-8, avril 1920, p.3.
40 Chervony Prapor 9 mars 1919.
[NdT : La « langue générale du savoir », c'est le russe. Pour le chauvin dominateur, c'est l'opprimé qui est chauvin : lui-même représente la culture universelle et, en l'occurrence, la révolution mondiale ! « Vous ne pouvez pas parler comme un être humain » est resté une formule courante russe à l'encontre de qui parle ukrainien, ou plutôt, d'ailleurs, « petliouriste » (en 1920), « banderiste » ou « nazi » (après 1945).
D'où cette saisissante dénonciation : l'Ukraine de Rakovsky pire que celle de Skoropadski en matière de russification ! Rakovsky n'était pourtant pas du type « tchékiste inflexible », mais plutôt de ceux auxquels on adressait les doléances. Mais la dénonciation est néanmoins probablement vraie : le régime sanglant de l'hetman se présentait comme « ukrainien » et était coupé de la Russie par les lignes allemandes, tandis que le parti communiste sous Rakovsky vit affluer à lui les ci-devants et anciens fonctionnaires russes, Rakovsky lui-même vivant dans une sorte de bulle, parmi ses alter ego russes ou français, stratèges et tacticiens de la révolution mondiale ayant certes compris que l'Ukraine était un maillon décisif pour celle-ci, mais ne sachant pas qu'en Ukraine, il y avait des Ukrainiens ! ]
41 Chervony Prapor 15 février 1919.
42 Adams, 125.
43 Il n'y avait de conseils ouvriers que dans les grandes villes, Kharkiv, Kyiv, Jitomir, Ekaternoslav, Poltava, Chernihiv, et seulement avec les pouvoirs qui leur étaient concédés.
44 Des débats importants sur « l'étatisation » des syndicats opposèrent ses partisans aux Nezalezhnyky dans les congrès des syndicats des industries chimiques, des employés de l'industrie et du commerce, du tabac, de la métallurgie, de l'imprimerie, des mineurs, des raffineries de sucre et de l'union pan-ukrainienne des instituteurs (Bojcun, « Working Class », pp. 446-449).
45 Remington, Thomas. Building Socialism in Bolshevik Russia, Ideology and Industrial Organisation 1917–1921. Pittsburgh: Pittsburgh UP, 1984, p.167.
46 Chervony Prapor 28 février 1919.
47 Mazurenko, Dokumenty trahichnoı¨ isioriı¨ Ukraı¨ny, pp.248-253.
48 Riddell, John, Ed. Founding the Communist International, Proceedings and Documents of the First Congress. New York: Pathfinder, 1987, p. 98.
49 Le troisième congrès du KP(b)U se tint les 1-6 mars 1919 ; Adams, pp. 218-19.
[NdT : on remarquera l'amalgame fait avec les SR de droite et les « socialistes indépendants » par les bolcheviks.]
50 Maistrenko, Borotbism, pp. 124-5.
51 Manifest Vremenogo Raboche Krestianskogo Pravitel'sta Ukrainy, 1° décembre 1918 (cité par Mazlakh et Shakhrai, p. 27).
52 Selon Balabanova, première secrétaire de l'Internationale Communiste et amie de Rakovsky qu'elle assistait à Kyiv, « les bolcheviks avait installé une république indépendante d'Ukraine. En fait cette section du pouvoir des soviets fut entièrement dominé par le régime de Moscou. » Balabanoff, Angelica. My Life as a Rebel. London: Hamish Hamilton, 1938, p. 234.
53 Khrystiuk , Zamitku i materialy, p.130
54 « Les Nezaleznhyky ukrainiens ne reconnaissent pas le gouvernement ; les Nezaleznhyky ukrainiens dressent les ouvriers et les paysans contre le gouvernement ; les Nezaleznhyky ukrainiens font de l'agitation contre l'aide en grain d'Ukraine à la Russie affamée ; les Nezaleznhyky ukrainiens enflamment les haines nationales ; les Nezaleznhyky ukrainiens veulent engager le prolétariat rural dans la construction révolutionnaire en l'opposant au prolétariat. » Chervony Prapor, 9 février 1919
55 Chervony Prapor, 3 avril 1919.
56 Mazurenko, Dokumenty trahichnoı isioriı Ukraıny (1917–1927 rr), pp. 248-53.
57 Chervony Prapor, 3 avril 1919.
58 Ceci était reconnu clairement : Karl Radek avait déclaré le 20 octobre 1918 au congrès du KP(b)U que « notre route pour aider les travailleurs des pays centraux passe précisément par l'Ukraine, par la Roumanie, par la Galicie orientale et par la Hongrie. (Borys, Jurij. The Sovietization of Ukraine 1917–1923. Edmonton: Canadian Institute of Ukrainian Studies, 1980., p. 205).
59 Ses articles critiques sur les désaccords au sein de l'Internationale communiste causèrent la consternatoin en Russie soviétique, et en conséquence un russe et un polonais furent imposés à son équipe éditoriale (Halahan, Z Moïkh spomyniv, p. 455).
60 Mykola Halahan, Z Moïkh spomyniv, 1880 ti 1920ri, Tempora, yiv, 2005, pp. 445-446.
61 Ibidem.
62 Cable du 6 juillet 1919 (Rudof Tokes, Bela Kun and the Hungarian Soviet Republic,