Eugène Scribe

Robert le Diable (Robert der Teufel)


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princesse de Sicile

      Alice, paysanne normande

      Héléna, supérieure des nonnes

      Dame d'Honneur d'Isabelle

      Chevaliers et Seigneurs. – Écuyers, Pages et Valets. – Peuple. – Ermites. – Pèlerins. – Nonnes. – Démons. Paysans et Paysannes. – Soldats du roi de Sicile

      En Sicile.

      Acte premier

      La vue du port de Palerme. Plusieurs tentes élégantes sont placées sous l'ombrage des arbres. – Pendant l'introduction on voit arriver, à plusieurs reprises, des barques d'où descendent des étrangers.

      Scène première.

      Robert, Bertram, Le Chapelain de Robert, Chevaliers, Valets et Écuyers.

      Robert et Bertram sont assis près d'une table à gauche; plusieurs valets et écuyers sont occupés à les servir. A droite, une table où plusieurs chevaliers boivent ensemble.

      Introduction.

      LE CHŒUR.

      Versez à tasse pleine,

      Versez ces vins fumeux,

      Et que l'ivresse amène

      L'oubli des soins fâcheux.

      Au seul plaisir fidèles,

      Consacrons-lui nos jours.

      Le vin, le jeu, les belles,

      Voilà nos seuls amours.

      Premier Chevalier, à droite, regardant Robert.

      Quels nombreux écuyers! Quelles armes brillantes!

      DEUXIÈME CHEVALIER.

      Quel est cet étranger, ce seigneur opulent,

      Dont les tentes élégantes

      S'élèvent près de notre camp?

      Qui l'amène en Sicile?

      PREMIER CHEVALIER.

      Il y vient, j'imagine,

      Pour assister, comme nous, aux tournois

      Que donne le duc de Messine.

      Robert, le verre à la main, s'adressant aux chevaliers.

      Illustres chevaliers, c'est à vous que je bois!

      LE CHŒUR.

      Au seul plaisir fidèles,

      Consacrons-lui nos jours.

      Le vin, le jeu, les belles,

      Voilà nos seuls amours.

      Scène II

      Les Mêmes; un Écuyer de Robert, puis Raimbaut.

      L'ÉCUYER, s'adressant à Robert.

      J'amène devant vous un joyeux pèlerin

      Qui, si vous le voulez, pourrait, par un refrain,

      Égayer le repas de votre seigneurie.

      Il arrive de France et de la Normandie.

      ROBERT, vivement.

      Quoi! de la Normandie?

      BERTRAM, à voix basse.

      Votre ingrate patrie!

      Pendant ce temps est entré Raimbaut.

      ROBERT, à Raimbaut.

      Approche!

      Lui donnant une bourse.

      Prends; dis-nous quelques récits

      RAIMBAUT.

      Je vous dirai l'histoire épouvantable

      De notre jeune duc, de ce Robert le Diable ...

      TOUS.

      Robert le Diable!

      RAIMBAUT.

      Ce mauvais garnement à Lucifer promis,

      Et qui pour ses méfaits s'exila du pays.

       Robert tire son poignard.

      BERTRAM, le retenant.

      Y pensez-vous! ...

      Robert se retourne vers Raimbaut, et lui dit froidement.

      Commence.

      TOUS.

      Écoutons, mes amis!

      Ballade.

      RAIMBAUT.

      Premier couplet.

      Jadis régnait en Normandie

      Un prince noble et valeureux.

      Sa fille, Berthe la jolie,

      Dédaignait tous les amoureux,

      Quand vint à la cour de son père

      Un prince au parler séducteur;

      Et Berthe, jusqu'alors si fière,

      Lui donna sa main et son cœur.

      Funeste erreur! Fatal délire!

      Car ce guerrier était, dit-on,

      Un habitant du sombre empire:

      C'était ...oui, c'était un démon!

      LE CHOEUR.

      Ah! le conte est fort bon;

      Comment ne pas en rire?

      Quoi, c'était un démon?

      RAIMBAUT.

      Oui, c'était un démon!

      Deuxième couplet.

      De cet hymen épouvantable

      Vint un fils, l'effroi du canton!

      Robert, Robert, le fils du diable,

      Dont il porte déjà le nom.

      Semant le deuil dans les familles,

      En champ clos il bat les maris,

      Enlève les femmes, les filles,

      Et s'il paraît dans le pays ...

      Fuyez, fuyez, jeune bergère.

      Car c'est Robert; il a, dit-on,

      Les traits et le cœur de