Eugène Scribe

Robert le Diable (Robert der Teufel)


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la main de Robert et sort.

      Scène VI.

      Robert, Bertram.

      BERTRAM.

      Quoi! tous deux les unir! A merveille! courage!

      Ta nouvelle conquête est fort bien avec toi ...

      ROBERT.

      Oui, par reconnaissance.

      BERTRAM.

      Ah! crois donc ce langage;

      C'est le mot de tous les ingrats.

      ROBERT.

      Bertram, tu ne la connais pas!

      Tais-toi, je crains ta funeste influence.

      En moi j'ai deux penchants: l'un qui me porte au bien,

      Naguère encor j'en sentais la puissance;

      L'autre me porte au mal, et tu n'épargnes rien

      Pour l'éveiller en moi.

      BERTRAM.

      Que dis-tu? Quel délire!

      Quoi tu peux te méprendre au motif qui m'inspire?

      Tu doutes de mon cœur?

      ROBERT.

      Non, non, tu me chéris;

      Je le crois.

      BERTRAM.

      Oui, Robert, cent fois plus que moi-même.

      Tu ne sauras jamais à quel excès je t'aime!

      ROBERT.

      Ne me donne donc plus que de sages avis.

      BERTRAM.

      A la bonne heure! Et tiens, pour bannir la tristesse,

      Montrant les chevaliers qui rentrent.

      Mêlons-nous à ces chevaliers.

      Tente le sort du jeu, partage leur ivresse:

      Nous avons besoin d'or, qu'ils soient nos trésoriers!

      ROBERT.

      Oui, le conseil est bon.

      Scène VII.

      Robert, Bertram, Chevaliers.

      Finale.

      BERTRAM, aux chevaliers.

      Le duc de Normandie

      A vos plaisirs veut prendre part.

      ROBERT.

      Aux tournois, chevaliers, nous nous verrons plus tard.

      C'est au jeu que je vous défie.

      LES CHEVALIERS.

      Nous sommes tous flattés de tant de courtoisie;

      Allons, voyons pour qui doit pencher le hasard.

      ROBERT.

      L'or est une chimère,

      Sachons nous en servir:

      Le vrai bien sur la terre

      N'est-il pas le plaisir?

      TOUS.

      Commençons.

      Pendant ce temps on a placé une table au milieu du théâtre, tous les joueurs l'entourent.

       Sicilienne.

      Ensemble.

      ROBERT ET LES CHEVALIERS.

      O fortune! à ton caprice,

      Viens, je livre mon destin,

      A mes désirs sois propice,

      Et viens diriger ma main.

      L'or est une chimère,

      Sachons nous en servir:

      Le vrai bien sur la terre

      N'est-il pas le plaisir?

      BERTRAM.

      Fortune, ou contraire, ou propice,

      Qu'importe ton courroux!

      Je brave ton caprice

      Et je ris de tes coups.

      Pendant cet ensemble, on a commencé à faire rouler les dés.

      ROBERT.

      J'ai perdu; ma revanche! Allons, cent pièces d'or!

      UN CHEVALIER.

      A vous les dés.

      ROBERT.

      Quatorze! ah! cette fois, je pense,

      De mon côté pourra tourner la chance.

      Allons, allons, je perds encor!

      BERTRAM.

      Qu'importe? Va toujours!

      ROBERT.

      Nous mettons deux cents piastres!

      BERTRAM.

      Eh! ce n'est pas assez; cinq cents!

      LES CHEVALIERS, à part.

      Nous les tenons.

      BERTRAM.

      C'est ainsi qu'un joueur répare ses désastres.

      Je suis sûr du succès!

      ROBERT.

      Ah! grand Dieu! Nous perdons.

      BERTRAM.

      Console-toi,

      Fais comme moi,

      Plus de dépit;

      Car tu l'as dit:

      L'or est une chimère,

      Sachons nous en servir:

      Le vrai bien sur la terre

      N'est-il pas le plaisir?

      ROBERT.

      De son injustice cruelle

      Je veux faire rougir le sort;

      Contre vous tous je joue encor

      Mes diamants et ma riche vaisselle.

      LES CHEVALIERS.

      Cela vraiment nous convient fort.

      BERTRAM.

      Il a raison: à quoi bon en voyage

      S'embarrasser