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Émile Souvestre
Un philosophe sous les toits
Publié par Good Press, 2020
EAN 4064066082864
Table des matières
DU MÊME AUTEUR
Format grand in-18
AU BORD DU LAC | 1 vol. |
AU COIN DU FEU | 1 — |
CHRONIQUES DE LA MER | 1 — |
CONFESSIONS D'UN OUVRIER | 1 — |
DANS LA PRAIRIE | 1 — |
EN QUARANTAINE | 1 — |
HISTOIRES D'AUTREFOIS | 1 — |
LE FOYER BRETON | 2 — |
LES CLAIRIÈRES | 1 — |
LES DERNIERS BRETONS | 2 — |
LES DERNIERS PAYSANS | 2 — |
CONTES ET NOUVELLES | 1 — |
PENDANT LA MOISSON | 1 — |
SCÈNES DE LA CHOUANNERIE | 1 — |
SCÈNES DE LA VIE INTIME | 1 — |
SOUS LES FILETS | 1 — |
SOUS LA TONNELLE | 1 — |
RÉCITS ET SOUVENIRS | 1 — |
LES SOIRÉES DE MEUDON | 1 — |
SUR LA PELOUSE | 1 — |
LA DERNIÈRE ÉTAPE | 1 — |
SCÈNES ET RÉCITS DES ALPES | 1 — |
Typographie de Morris et Comp., rue Amelot, 64.
A
MME NANINE SOUVESTRE.
AVANT-PROPOS.
Nous connaissons un homme qui, au milieu de la fièvre de changement et d'ambition qui travaille notre société, a continué d'accepter, sans révolte, son humble rôle dans le monde, et a conservé, pour ainsi dire, le goût de la pauvreté. Sans autre fortune qu'une petite place, dont il vit sur ces étroites limites qui séparent l'aisance de la misère, notre philosophe regarde, du haut de sa mansarde, la société comme une mer dont il ne souhaite point les richesses et dont il ne craint pas les naufrages. Tenant trop peu de place pour exciter l'envie de personne, il dort tranquillement enveloppé dans son obscurité.
Non qu'il se soit retiré dans l'égoïsme comme la tortue dans sa cuirasse! C'est l'homme de Térence, qui ne «se croit étranger à rien de ce qui est humain.» Tous les objets et tous les incidents du dehors se réfléchissent en lui ainsi que dans une chambre obscure où ils décalquent leur image. Il «regarde la société en lui-même» avec la patience curieuse des solitaires, et il écrit, pour chaque mois, le journal de ce qu'il a vu ou pensé. C'est le calendrier de ses sensations, ainsi qu'il a coutume de le dire.
Admis à le feuilleter, nous en avons détaché quelques pages, qui pourront faire connaître au lecteur les vulgaires aventures d'un penseur ignoré dans ces douze hôtelleries du temps qu'on appelle des mois.
CHAPITRE PREMIER.
LES ÉTRENNES DE LA MANSARDE.
1er Janvier.—Cette date me vient à la pensée dès que je m'éveille. Encore une année qui s'est détachée de la chaîne des âges pour tomber dans l'abîme du passé! La foule s'empresse de fêter sa jeune sœur. Mais tandis que tous les regards se portent en avant, les miens se retournent en arrière. On sourit à la nouvelle reine, et, malgré moi, je songe à celle que le temps vient d'envelopper dans son linceul.
Celle-ci, du moins, je sais ce qu'elle était et ce qu'elle m'a donné, tandis que l'autre se présente entourée de toutes les menaces de l'inconnu. Que cache-t-elle dans les nuées qui l'enveloppent? Est-ce l'orage ou le soleil?
Provisoirement il pleut, et je sens mon âme embrumée comme l'horizon. J'ai congé aujourd'hui; mais que faire d'une journée de pluie? Je parcours ma mansarde avec humeur, et je me décide à allumer mon feu.
Malheureusement, les allumettes prennent mal, la cheminée fume, le bois s'éteint! Je jette là mon soufflet avec dépit, et je me laisse tomber dans mon vieux fauteuil.
En définitive, pourquoi me réjouirais-je de voir naître une nouvelle année? Tous ceux qui courent déjà les rues,