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François Villon
Œuvres complètes de François Villon
Suivies d'un choix des poésies de ses disciples
Publié par Good Press, 2020
EAN 4064066089603
Table des matières
CLÉMENT MAROT DE CAHORS Varlet de chambre du Roy
LE PETIT TESTAMENT DE MAISTRE FRANÇOIS VILLON
MISE AU JOUR, AVEC NOTES ET GLOSSAIRE PAR M. PIERRE JANNET
PRÉFACE
On ne sait guère de la vie de François Villon que ce qu'il en dit lui-même, et l'on en sait trop. J'aurais voulu me dispenser de décrire, après tant d'autres1, cette existence peu édifiante, mais je n'ai pas cru pouvoir le faire. Le sujet des poésies de Villon, c'est Villon lui-même, et sa biographie est la clef de ses oeuvres.
Note 1: (retour) Voir notamment la Vie de François Villon, par Guillaume Colletet, en tête des oeuvres de Villon, édition de M.P.L. Jacob, bibliophile (M. Paul Lacroix), Paris, 1854, in-16;—le Mémoire de M. Prompsault, en tête de son édition de Villon, Paris, 1832, in-8;—François Villon, Versuch einer kritischen Darstellung seines Lebens nach seinen Gedichten, von Dr. S. Nagel. Mulheim an der Ruhr, 1856, in-4, le travail le plus complet et le plus judicieux qu'on eût fait jusqu'alors sur ce sujet, et la base de ceux qu'on a faits depuis;—François Villon, sa vie et ses oeuvres, par Antoine Campeaux, Paris, Durand, 1859, in-8, et la notice de M. Anatole de Montaiglon, excellente pour le fond comme pour la forme, dans les Poètes Français, recueil publié sous la direction de M. Eugène Crépet, Paris, 1861-62, 4 vol. gr. in-8, t. I, p. 447-455.
François Villon naquit à Paris en 1431. Sur la foi d'une pièce que Fauchet, dans son traité de l'Origine des chevaliers, imprimé en 1599, dit avoir trouvée dans un manuscrit de sa bibliothèque 2, on a mis en doute le lieu de la naissance et jusqu'au nom du poète. On s'est livré à des conjectures ingénieuses pour concilier les renseignements fournis par lui-même avec les indications de Fauchet, pour expliquer comment il pouvait s'appeler à la fois Corbueil et Villon, être à la fois natif d'Auvers et de Paris. Pour moi, je crois, avec le P. Du Cerceau, Daunou et beaucoup d'autres, qu'on ne doit tenir aucun compte de ce huitain, amplification maladroite de l'épitaphe en quatre vers 3. Ce n'est pas sur une pareille autorité qu'on peut substituer le nom de Corbueil à celui de Villon, que notre poète se donne lui-même en vingt endroits de ses oeuvres 4.
Note 2: (retour) Voici cette pièce, que j'ai cru devoir rejeter des oeuvres de Villon:
Je suis Françoys, dont ce me poise,
Nommé Corbueil en mon surnom,
Natif d'Auvers emprès Pontoise,
Et du commun nommé Villon.
Or, d'une corde d'une toise
Sauroit mon col que mon cul poise,
Se ne fut un joli appel.
Le jeu ne me sembloit point bel.
L'auteur de ce huitain n'a pas compris l'intention comique de ce vers de Villon:
Né de Paris emprès Pontoise;
C'est pourquoi il le fait gravement naître à Auvers, qui est en effet près de Pontoise. Mais une preuve certaine de la composition tardive de cette pièce, c'est qu'on ne trouverait probablement pas dans la seconde moitié du XVe siècle, et certainement pas dans les oeuvres de Villon, un huitain dont les rimes soient distribuées comme dans celui-là. Dans tous les huitains de Villon, sans exception, le premier vers rime avec le troisième, le second avec le quatrième, le cinquième et le septième, et le sixième avec le huitième. Les faussaires ne pensent jamais à tout.
Note 3: (retour) Voy. p. 101.
Note 4: (retour) Voy. le Glossaire-Index, au mot VILLON.
Les parents de Villon étaient pauvres5. Sa mère était illettrée6; son père était vraisemblablement un homme de métier, et peut-être, ainsi que l'a conjecturé M. Campeaux, un ouvrier en cuir, un cordouennier7.
Note 5: (retour) V. p. 31, huitain XXXV.
Note 6: (retour) «Oncques lettre ne leuz.» P. 55, v. 22.
Note 7: (retour) Voyez Notes
Poussé par le désir de s'élever au-dessus de la triste condition de ses parents, ou plutôt par ce besoin de savoir qui tourmente les natures comme la sienne, Villon étudia. Il connut les misères de l'état d'écolier pauvre. On n'a pas de renseignements certains sur le genre d'études auquel il se livra ni sur les progrès qu'il y fit. M. Nagel suppose qu'il obtint le grade de maître ès arts, et se fonde surtout sur le legs qu'il fait plus tard, de sa «nomination qu'il a de l'Université» (p. 15). Mais ce legs pourrait bien n'être qu'une plaisanterie, comme tant d'autres. Ce qu'il y a de certain, c'est qu'il n'obtint pas le grade de maître en théologie, but suprême des études du temps8.
Note 8: (retour) Voy. Grand Testament, huitains XXXVII (p. 32) et LXXII (p. 52.)
En ce temps-là, comme plus tard, les étudiants