un voile épais,
Peignez les horreurs de la guerre
Pour nous faire chérir la paix.
Puisque des méchans en délire
Pleurent l’objet de tant de maux:
Anacréon, reprens ta lyre.
Appelle, reprens tes pinceaux.
Le sot, l’intrigant, l’hypocrite,
Se parant d’un masque nouveau,
Veulent éclipser le mérite:
Vite un couplet, vite un tableau.
Armés du fouet de la satire,
Dispersez tous ces vermisseaux!
Anacréon, reprens ta lyre.
Appelle, reprens tes pinceaux.
LA CRUCHE.
Air: Un homme, pour faire un tableau
JE cherchais un noble sujet
Pour rimer une chansonnette,
Quand je vis près de mon buffet
Le meuble d’un pauvre poète.
Puisque l’on chante de nos jours
Jusqu’à la moindre fanfreluche,
O Phœbus! viens à mon secours!
Daigne m’inspirer.... sur la cruche. (bis.)
De la ridicule Chloris
On vante partout l’innocence:
De telles vertus dans Paris
Se rencontrent en abondance.
Loin de donner dans le panneau,
Moi je dis à cette guenuche:
Quand on va si souvent... à l’eau,
Comment ne pas casser sa cruche.
La nuit le pâle Maigrinet,
Grelottant sous une mansarde,
Le front penché sur Richelet
Invoque sa muse bâtarde.
Ce misérable original,
En allongeant son cou d’au truche,
Cherche d’un air sentimental
L’Hippocrène dans une cruche.
Qu’un ignare soit opulent,
Chacun le fête, le revère;
Quand le mérite, le talent
Sont oubliés dans leur chaumière.
La cruche, qui gît sous les toits,
Souvent dans un salon se huche:
Que de gens ont ôté de fois
Leur chapeau devant une cruche.
Mais qui le croira? parmi nous
Mainte cruche fut révérée,
Et l’on vit des sots à genoux
Autour d’une cruche dorée;
Leurs esprits étaient si troublés
Qu’ils brisaient les utiles ruches,
Et les malheureux aveuglés
S’occupaient à remplir des cruches!
Ah! sur la cruche c’en est trop,
Car près de moi j’entends redire:
Que je suis bête comme un pot
Depuis que la cruche m’inspire;
Je ne puis repousser les traits
Du rude censeur qui m’épluche,
Et n’ose espérer le succès
Qui couronna plus d’une cruche.
LE PAUVRE TROUBADOUR.
Air: Patrie, honneur, pour qui j’arme mon bras.
CONTENT du lot que m’ont donné les dieux,
Point ne m’échappe une plainte importune.
Le riche pleure et moi je suis joyeux:
Et je ferais des vœux pour la fortune,
Moi qui récus de la divinité (bis.)
Peu de richesse et beaucoup de gaîté ! (bis.)
Que l’opulence, en un brillant wiski,
Fasse traîner son grave personnage;
Lorsque je tiens le bras d’un bon ami
Puis-je envier son brillant équipage,
Moi qui reçus de la divinité
Peu de richesse et beaucoup de gaité?
N’ai jamais lu le noir fatras des lois;
De ce dédale avec soin je m’écarte.
Point de chagrin, aime, ris, chante et bois,
Sont les seuls mots qui composent ma charte,
Moi qui reçus de la divinité
Peu de richesse et beaucoup de gaîté.
Mondor, qui croit inspirer de l’amour,
Doit à ses biens sa vénale maîtresse;
Qu’un gai tendron vienne à m’aimer un jour,
Je serai seul l’objet de sa tendresse:
Car je reçus de la divinité
Peu de richesse et beaucoup de gaîté.
Lorsque viendra fille au gentil maintien
Sous l’humble toit du pauvre et gai trouvère,
Je lui dirai: Partagez tout mon bien;
Je n’ai ma foi qu’un cœur, qu’un lit, qu’un verre;
Mais je reçus de la divinité
Peu de richesses et beaucoup de gaîté.
Mon luth se brise et je manque de vin!
Je suis muet! Adieu, joyeux délire!
Mais un ami me verse un gai refrain,
Un autre met une corde à ma lyre;
Car je reçus de la divinité
Peu de richesse et beaucoup de gaîté.
Je dis à Dieu: Mon père pardonnez
Les gais élans de ma philosophie.
Je dis aux rois: Soyez plus fortunés,
Mais plus joyeux; oh! je vous en délie,
Moi qui reçus de la divinité
Peu