A. Jacquemart

Momus à la caserne


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un voile épais,

      Peignez les horreurs de la guerre

      Pour nous faire chérir la paix.

      Puisque des méchans en délire

      Pleurent l’objet de tant de maux:

      Anacréon, reprens ta lyre.

      Appelle, reprens tes pinceaux.

      Le sot, l’intrigant, l’hypocrite,

      Se parant d’un masque nouveau,

      Veulent éclipser le mérite:

      Vite un couplet, vite un tableau.

      Armés du fouet de la satire,

      Dispersez tous ces vermisseaux!

      Anacréon, reprens ta lyre.

      Appelle, reprens tes pinceaux.

       Table des matières

      Air: Un homme, pour faire un tableau

      JE cherchais un noble sujet

      Pour rimer une chansonnette,

      Quand je vis près de mon buffet

      Le meuble d’un pauvre poète.

      Puisque l’on chante de nos jours

      Jusqu’à la moindre fanfreluche,

      O Phœbus! viens à mon secours!

      Daigne m’inspirer.... sur la cruche. (bis.)

      De la ridicule Chloris

      On vante partout l’innocence:

      De telles vertus dans Paris

      Se rencontrent en abondance.

      Loin de donner dans le panneau,

      Moi je dis à cette guenuche:

      Quand on va si souvent... à l’eau,

      Comment ne pas casser sa cruche.

      La nuit le pâle Maigrinet,

      Grelottant sous une mansarde,

      Le front penché sur Richelet

      Invoque sa muse bâtarde.

      Ce misérable original,

      En allongeant son cou d’au truche,

      Cherche d’un air sentimental

      L’Hippocrène dans une cruche.

      Qu’un ignare soit opulent,

      Chacun le fête, le revère;

      Quand le mérite, le talent

      Sont oubliés dans leur chaumière.

      La cruche, qui gît sous les toits,

      Souvent dans un salon se huche:

      Que de gens ont ôté de fois

      Leur chapeau devant une cruche.

      Mais qui le croira? parmi nous

      Mainte cruche fut révérée,

      Et l’on vit des sots à genoux

      Autour d’une cruche dorée;

      Leurs esprits étaient si troublés

      Qu’ils brisaient les utiles ruches,

      Et les malheureux aveuglés

      S’occupaient à remplir des cruches!

      Ah! sur la cruche c’en est trop,

      Car près de moi j’entends redire:

      Que je suis bête comme un pot

      Depuis que la cruche m’inspire;

      Je ne puis repousser les traits

      Du rude censeur qui m’épluche,

      Et n’ose espérer le succès

      Qui couronna plus d’une cruche.

       Table des matières

      Air: Patrie, honneur, pour qui j’arme mon bras.

      CONTENT du lot que m’ont donné les dieux,

      Point ne m’échappe une plainte importune.

      Le riche pleure et moi je suis joyeux:

      Et je ferais des vœux pour la fortune,

      Moi qui récus de la divinité (bis.)

      Peu de richesse et beaucoup de gaîté ! (bis.)

      Que l’opulence, en un brillant wiski,

      Fasse traîner son grave personnage;

      Lorsque je tiens le bras d’un bon ami

      Puis-je envier son brillant équipage,

      Moi qui reçus de la divinité

      Peu de richesse et beaucoup de gaité?

      N’ai jamais lu le noir fatras des lois;

      De ce dédale avec soin je m’écarte.

      Point de chagrin, aime, ris, chante et bois,

      Sont les seuls mots qui composent ma charte,

      Moi qui reçus de la divinité

      Peu de richesse et beaucoup de gaîté.

      Mondor, qui croit inspirer de l’amour,

      Doit à ses biens sa vénale maîtresse;

      Qu’un gai tendron vienne à m’aimer un jour,

      Je serai seul l’objet de sa tendresse:

      Car je reçus de la divinité

      Peu de richesse et beaucoup de gaîté.

      Lorsque viendra fille au gentil maintien

      Sous l’humble toit du pauvre et gai trouvère,

      Je lui dirai: Partagez tout mon bien;

      Je n’ai ma foi qu’un cœur, qu’un lit, qu’un verre;

      Mais je reçus de la divinité

      Peu de richesses et beaucoup de gaîté.

      Mon luth se brise et je manque de vin!

      Je suis muet! Adieu, joyeux délire!

      Mais un ami me verse un gai refrain,

      Un autre met une corde à ma lyre;

      Car je reçus de la divinité

      Peu de richesse et beaucoup de gaîté.

      Je dis à Dieu: Mon père pardonnez

      Les gais élans de ma philosophie.

      Je dis aux rois: Soyez plus fortunés,

      Mais plus joyeux; oh! je vous en délie,

      Moi qui reçus de la divinité

      Peu