ruban resserrait maintenant sa taille, sa respiration devenait difficile. L’agonie faisait danser des taches dans son champ de vision. Ryker dans une explosion de vitesse esquiva l’attaque ultérieure qu’Aidan avait lancée dans sa direction.
La spirale métallique inutile tomba au sol et déclencha une pluie d’étincelles en atterrissant.
« On mérite mieux, Aidan. Laisse-moi partir.
— Je ne peux pas. Tu as évidemment perdu le contrôle sur tes pouvoirs, ils vampirisent ton comportement, Ryker. Arrête et réfléchis avant d’agir. »
La structure en pierre géante se profilait au loin, distrayant Ryker. À cette distance, il ne distinguait pas les détails. Mais inévitablement, une foule d’étudiants rassemblés sur la pelouse devant l’Académie observaient la scène.
Aucune évidence ne lui permettait de soupçonner un danger menaçant s’il se rendait à l’institution. À d’innombrables reprises au cours de sa vie, sa mère lui avait raconté les évènements pendant la guerre avec les humains et les retombées consécutives.
Le meurtre du Roi et de la reine Fae représentait le pire chapitre de leur histoire. Il avait rendu leur peuple vulnérable. Actuellement, personne ne portait le manteau royal. Ils se sentaient sans défense. Ryker imaginait souvent à quoi ressemblerait la vie sous le règne d’un monarque. Les humains ne rebrousseraient jamais chemin pour s’enfuir, mais il devait croire qu’un roi leur donnerait une couche de protection supplémentaire.
Ses efforts continus alourdissaient ses ailes, mais il refusait d’abandonner maintenant. Le bruit derrière lui obligea Ryker à récupérer chaque once d’énergie en lui pour l’acheminer vers ses ailes.
Il bondit en avant et accéléra son vol sous l’effort. Il vacilla dans les airs comme un aviateur ivre. Des coups de couteau traversèrent soudain ses membres, et accaparèrent toute son attention. Il tourna la tête et remarqua qu’il ne souffrait en réalité d’aucune blessure visible, malgré ses impressions.
Les Fae apprenaient dès leur plus jeune âge à ne pas voler loin parce qu’un bouclier enveloppait l’Edge. Jusque-là, ce simple avertissement ne concernait que les tout-petits. Alors que ses ailes s’engourdissaient et cessaient de fonctionner, Ryker réalisa la douloureuse vérité des pouvoirs qui contrôlaient leur vie.
Aidan et un autre Fae planèrent sur place et regardèrent Ryker tomber à terre dans un enchevêtrement d’ailes. Les bras attachés, il ne trouva aucun moyen de se protéger du danger.
Lorsque Ryker percuta le sol dur, sa vision vira au noir pendant plusieurs secondes. Son flanc heurta le sol avec une force suffisante pour faire éclater une pierre. Une de ses ailes était coincée sous son corps.
L’agonie suivit rapidement le bruit de craquement. Chaque centimètre de son corps lui infligeait une douleur terrible, il ne pourrait sûrement plus jamais utiliser son aile gauche. Heureusement, les ténèbres l’envahirent et l’avalèrent.
Il entendit les officiers se plaindre de la difficulté de gérer les Fae en transition ces temps-ci, puis il perdit connaissance sur cette dernière pensée :
« Parce que nous en avons marre. Nous sommes fatigués de vivre dans l’esclavage des humains. »
CHAPITRE II
L’estomac noué, Maurelle s’attardait dans la salle de bain au cas où le reste du petit déjeuner qu’elle était parvenue à avaler ressurgirait. Elle ouvrit la fenêtre, et elle apprécia la brise d’automne qui traversait la petite pièce. L’air frais la remplissait d’une énergie qu’elle ne saisissait pas pleinement, mais qu’elle aimait néanmoins.
Elle appuya ses mains sur le lavabo, et grimaça devant les cernes sombres sous ses yeux gris et le désordre dans ses cheveux roses, graisseux et emmêlés. Elle ne ressemblait en rien à la Fae vibrante qu’elle était d’habitude. Même les nuances rose et turquoise de ses ailes pâlissaient.
Son pouvoir s’était manifesté un an auparavant. Depuis, elle restait confinée à la maison. La couleur vive de ses ailes ne laissait pas la moindre équivoque. Même si leur illumination était ternie en ce moment, elle ne pouvait pas risquer de s’aventurer hors du minuscule appartement familial. Elle n’avait évidemment pas terminé sa transition. Elle aurait dû accomplir son devoir et se présenter à l’Académie de Bramble’s Edge.
« Tu as bientôt fini là-dedans ? cria sa sœur, Nyx, à travers la porte pendant qu’elle tambourinait contre le bois. Je dois me coiffer pour aller déjeuner avec Alek. »
Maurelle roula des yeux en mesurant l’urgence de sa sœur. Elle regretta aussitôt ce mouvement quand la douleur martela l’arrière de sa tête. Tout représentait une urgence pour ses sœurs cadettes, mais surtout pour Nyx. Elle avait quatre ans de moins que Maurelle. Mais, elle se rappelait de l’importance d’un déjeuner avec un mâle charmant à dix-huit ans.
« J’ai fini, croassa Maurelle en ouvrant la porte.
— Beurk. Ne t’approche pas ! On dirait que la Peridun de la dixième rue t’a jeté un sort. Je ne veux pas contracter ta maladie, l’informa Nyx en sautillant loin, hors d’atteinte.
— Merci, Nyx. Moi aussi, je t’aime », marmonna Maurelle.
Elle descendit le couloir étroit. Pour la centième fois cette année, Maurelle se sentait reconnaissante envers son père d’exercer un métier si prestigieux dans l’Edge.
Techniquement, il travaillait à Furness, la zone humaine à l’extérieur des bidonvilles de l’Edge où vivait la classe moyenne. Même les plus pauvres de Furness menaient une vie bien meilleure que n’importe quel Fae. Ils éprouvaient une complète indifférence du destin réservé aux Fae. L’Edge était séparée par des ronces si épaisses que la plupart des Fae ne pouvaient pas s’y faufiler. Cette barrière naturelle favorisait leur insensibilité.
Elle aimerait tellement qu’une place lui soit offerte pour son talent à Furness, ou même à Dornwich. Malheureusement, jamais son père ne recevrait une boutique dans la section d’élite de Dornwich. Dans l’opulence, les horloges et les humains affectionnaient particulièrement les montres de son père, pourtant jamais ils ne voudraient le voir travailler dans leur voisinage.
Les revenus de son père leur permettaient de vivre à proximité de Furness, où ils profitaient d’une vue parfaite sur la section humaine loin derrière les ronces. Le contraste entre les niveaux de vie lui brisait le cœur. Les hommes vivaient dans des maisons bien entretenues, la majorité vivait même dans des maisons individuelles. Les Fae eux s’entassaient dans des bâtiments en ruine qu’ils ne parvenaient pas à réparer ou à conserver, même avec l’utilisation de leur magie. Ils déployaient tous leurs efforts pour l’Edge. Les humains aimaient leurs espaces de vie soigneusement entretenus, les Fae préféraient garder un côté sauvage. Leurs rues de pierre lisse paraissaient austères et sans attrait pour Maurelle.
Les Fae ne possédaient peut-être pas de biens matériels, mais tous ajoutaient une dose de magie pour tapisser les pierres des rues avec de l’herbe et des fleurs et pour améliorer l’attrait du sol. Les aînés comme sa mère, une Fae de la terre, utilisaient leurs talents pour encourager les vignes à pousser et consolider les murs des pires bâtiments.
Occasionnellement, les humains éliminaient l’herbe et les fleurs et abattaient les vignes. Maurelle pensait qu’ils ne voulaient pas leur permettre de s’installer trop confortablement. Elle s’arrêta près de la porte ouverte de sa chambre et envisagea de s’allonger. Erlina écoutait de la musique sur son lit, alors Maurelle continua vers le salon.
Sa mère leva les yeux et lui sourit.
« Hey chérie ! Comment te sens-tu ?
— Pas terrible, répondit Maurelle. Entre mon ventre et ma tête, je rêve de me rouler en boule